TAHIBOU NDIAYE, EX-DIRECTEUR DU CADASTRE ACCUSE: «TOUS LES ANCIENS DG DU CADASTRE SONT DEVENUS DES MILLIARDAIRES»
«Tous les anciens directeurs généraux du Cadastre sont devenus des milliardaires». Telle est la révélation de taille faite par l’ex-directeur du Cadastre, Tahibou Ndiaye, poursuivi par la Crei pour enrichissement illicite. Devant la barre du tribunal hier, mardi 2 juin, pour le deuxième jour de l’audience, M. Ndiaye a indiqué qu’en dehors de leur salaire, les directeurs généraux de ladite boîte recevaient des indemnités trimestrielles de 25 millions de Fcfa, ainsi que des indemnités d’environ 600.000 Fcfa.
Le Cadastre serait une boîte qui «fabrique» des milliardaires. C’est en tout cas la révélation faite par Tahibou Ndiaye, ex-directeur général du Cadastre, poursuivi par la Crei pour enrichissement illicite pour un montant estimé par le Parquet spécial à 7 milliards 934 millions 327 mille 617 francs Cfa. En effet, devant la barre de la Crei hier, mardi 2 juin, pour son deuxième jour d’audition, Tahibou Ndiaye a déclaré sans ambages que «tous les anciens directeurs généraux du Cadastre sont devenus des milliardaires». Donnant les explications d’une telle affirmation aux avocats de la partie civile, qui l’ont interpellé là-dessus, M. Ndiaye a expliqué «qu’en dehors de mon salaire, je recevais des indemnités de 25 millions par trimestre». Mieux, l’ex-directeur du Cadastre a fait savoir qu’il «recevait également des primes d’indemnité au recouvrement qui étaient plafonnés à 600.000 francs». Cela, non sans préciser qu’il a été directeur général du Cadastre de 2002 à 2012. Ce qui aurait expliqué, selon lui l’origine licite de la fortune dont il dispose, sans compter les dons qu’il a bénéficié.
Hadjibou Soumaré et Diop Sy mouillés par la femme de Tahibou
Par ailleurs, Ndèye Aby Ndiongue, femme de Tahibou Ndiaye a été appelée à la barre pour une première fois, hier. Poursuivie pour aide et assistance à son mari, la dame a déclaré à la barre qu’elle a été surprise d’être attraite à la barre, dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis. A l’en croire, elle a démarré ses activités économiques avec 500 milles Fcfa, issu d’une ‘’Tontine’’ (cotisation). Pour elle, c’est avec ce fonds que les portes de la Chine, de Dubaï, de la Turquie, etc, lui sont ouvertes pour faire du commerce. En outre, Ndèye Aby Ndiongue a expliqué l’acquisition de ses terrains par des dons d’anciens dignitaires du régime libéral, membre de la Commission de contrôle des opérations domaniales (Ccod). A l’en croire, le lot qui se trouve à Mermoz, lui a été offert par Hadjibou Soumaré, ancien premier ministre de Wade, de 2007 à 2009. Le terrain se trouvant au Batrain de 200m², lui a été remis par Demba Diop Sy (dit Diop Sy), selon ses dires. Pour ce qui est du terrain d’Almadies (500m²), la dame a fait savoir qu’il lui a été octroyé par son oncle, Fallou Gueye. Cependant, Tahibou Ndiaye a expliqué au juge, Henry Grégoire Diop, qu’en dehors du terrain que Diop Sy a offert à sa femme, c’est lui même qui orientait sur le choix des lieux pour l’acquisition des lots.
La Crei «entretient» la famille de Tahibou
En outre, à la question de savoir de quoi vit la famille dans la mesure où le compte trouvé au nom de la femme de Tahibou était à zéro franc, la dame a répondu que c’est la Crei qui leur donnait chaque mois 1,5 millions. A l’en croire, cet argent provient du compte séquestré, dans la mesure où tous les avoirs de Tahibou et de sa famille sont saisis.
Par ailleurs, Mme Ndiaye a fait savoir qu’elle a ouvert des comptes au nom de ses filles, pour leur permettre d’avoir des visas. Une information confirmée par sa fille adoptive, Mame Fatou Thiam, attrait aussi à la barre pour complicité avec son oncle, Tahibou Ndiaye. De son côté, Mame Fatou Thiam a aussi exprimé son étonnement d’être associer à cette affaire. Pour elle, la maison à son nom, à Sotrac Mermoz (R+2) appartient à toute la famille. Poursuivant, la supposée complice de Tahibou, a expliqué que c’était elle qui gérait la location de la maison familiale sise aux Almadies.
Selon ses affirmations, l’argent du loyer a permis de financer la construction de la maison familiale à son nom. Cela, sans pour autant être à mesure de donner à la cour le montant de la construction de la villa, entièrement gérée par son oncle. Toutefois, elle a informé qu’elle a acquis un terrain par l’aide de son «papa» Tahibou, sur sa simple demande. A noter, par ailleurs, que l’audience d’hier a été suspendue jusqu’aujourd’hui à 10h, à cause d’un malaise qu’à ressenti le prévenu Tahibou Ndiaye. Après une brève suspension de 10mn, M. Ndiaye a indiqué à Henry Grégoire qu’il serait préférable que l’audience soit suspendue. Le procès se poursuit aujourd’hui, avec l’audition des témoins.
SUD QUOTIDIEN