Connaissez – vous le premier groupe musical qui s’est produit au Grand Théâtre ? C’est un orchestre familial, le Takeifa. Et ce fut presque devant un public clairsemé voire familial qu’il y joua. Même scénario quelques mois plus tard lors de la fête de la musique. Quand Youssou Ndour, alors ministre de la Culture, décida de renouer avec la scène en vue de créer une chaine de solidarité autour des sinistrés des inondations de l’année 2012 avec quelques ténors de la musique sénégalaise, bien qu’il y eut du monde, on pouvait néanmoins compter quelques sièges vides. Et voilà qu’un beau jour un garnement qui n’avait même pas deux produits sur le marché décida d’y fêter son anniversaire. On ne manqua pas de s’étonner de son culot. Mais c’était ignorer que derrière Wally Seck, puisque c’est de lui qu’il s’agit, il y avait un rouleau compresseur voire une machine bien huilée. Il n’est pas n’importe qui, le gosse. Son père a blanchi sous les harnais et demeure un monument de la musique sénégalaise. Mais ça ne doit pas lui donner l’audace de brûler les étapes. Bon, il ne s’est pas levé un jour pour le faire. Tout a été planifié. Son beau frère, Bougane Danny Guèye, a dû jouer sa partition. Lui aussi n’est pas n’importe qui. Il est le patron de la chaîne Sentv en plus d’être le propriétaire de la radio Zik Fm, d’un quotidien et d’un magazine. Et ce n’est pas tout. C’est aussi un des magnats de la publicité qui règne en maître sur le secteur. Et cerise sur le gâteau, un institut de sondage lui obéit du doigt à l’œil. Une véritable machine de guerre. Et tous ces supports ont été mis en contribution pour booster l’image du jeune premier. Tout au service de Wally. Pour faire donc le plein au Grand Théâtre, ce fut presque un jeu d’enfant. Et le gosse y rayonna. Depuis lors, ce fut le lieu où l’on va pour mesurer sa popularité. Qui y joue et affiche le plein fait partie des stars et peut s’autoriser à toiser les autres nains. Le duettiste Pape et Cheikh réussit son examen de passage. Comme Wally Seck, il bénéficia d’un matraquage publicitaire en plus des réseaux sociaux que le staff des deux musiciens envahit. Coumba Gawlo Seck avec ses plus de 20 ans de scènes remplit sa mission malgré les peaux de bananes. Et vint Viviane Chédid qui sortait d’un divorce avec Bouba Ndour qui l’a toujours portée comme un bébé en la menant au succès. On douta bien sûr de sa capacité à faire le plein de ce joyau. Elle- vécut quelques moments de stress. Elle créa le buzz autour de cet évènement, planifia même une agression. Deux semaines avant son concert, on ne parlait que de Viviane. Elle va se casser la gueule sans le concours de Bouba Ndour, disaient certains, d’autres juraient qu’elle allait réussir. Et ce fut le cas, elle sortit de ce temple, avec le sourire, rayonnant de bonheur d’avoir réussi son examen de passage comme une grande. Elle venait de tuer le mythe qui entoure ce joyau. Le dernier à frapper à la porte du Grand Théâtre fut Salam Diallo. Il n’est pas un nain dans le showbiz. Il joue toujours à guichet fermé dans les boites de nuit où il se produit. Et puis, il a déjà fait le plein à Sorano. Une belle carte de visite pour le Roi du « Tassou » adulé par les femmes. Malgré le soutien de la Rts, Salam n’eut pas la même médiatisation que ses autres collègues. Bien sûr, sa soirée fut une belle réussite, mais pour faire le plein, Salam devra repasser. Et depuis l’échec de ce troubadour de la musique, ses collègues qui nourrissaient le vœu de se produire au Grand Théâtre jouent la prudence. Aida Samb avoue n’être pas encore prête. D’autres, qui attendaient le joker Salam, regardent vers l’Avenue de la République où se trouve Sorano, tel que Abdou Guité Seck pour son prochain événement.
Ce complexe nourri pour jouer au Grand Théâtre constitue une des tares du Sénégalais qui a un attrait démentiel pour tout ce qui est nouveau. On aurait construit une autre structure plus spacieuse ou même plus exigüe que le Grand Théâtre que tous les artistes s y bousculeraient.
Ce temple de la culture restera toujours un lieu si près et si loin pour certains d’entre eux qui nourrissent ce complexe de se produire dans ce joyau qui est avant tout une scène comme toutes les autres scènes. Et pour un musicien, même devant deux pelés et trois tondus, le résultat final c’est de réussir sa sortie artistique. Rien de plus ! Mais ne le dites surtout pas à nos avides de « Pukaré » de musiciens !
Gawlo.net