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Echos du tribunal

Reprise ce 1er Décembre du procès Karim Wade : l'attendu baptême de feu de Cheikh Tidiane Mara


Lundi 1 Décembre 2014

Suspendu depuis quelques jours pour les besoins de l'organisation du sommet de la Francophonie à Dakar, le "feuilleton judiciaire Karim Wade" reprend ce lundi 1 er Décembre 2014. La salle 4 du prétoire de Dakar, aura ainsi à renouer avec les séquences de ce que Karim Wade surnomme une "parodie de justice".
Pour rappel, le fils de l'ancien chef de l'Etat Me Abdoulaye Wade a été placé, le lundi 15 avril à Dakar, en garde à vue par les gendarmes de la Section Recherches sise à Colobane, lesquels avaient été instruits d'enquêter sur l'origine de sa fortune présumée.
Karim Wade, 44 ans, avait été mis en demeure le 15 mars, après une audition par la Cour de répression de l'enrichissement illicite sénégalaise, de justifier dans un délai d'un mois des avoirs évalués par cette cour spéciale à 694 milliards FCFA (1,058 milliard d'euros). Une somme qui sera revue à la baisse (il est poursuivi en fin de compte pour 117 milliard cfa). Ce qui fera douter de nombreux observateurs quant à la rigueur des faits qui lui sont reprochés, nonobstant la légitimité de la Crei.



Baptême de feu pour le successeur du contesté ex Procureur Spécial

A l'issue de la dernière suspension, on en était au défilé des témoins et supposés prête-noms de Karim Wade.
Après l’audition de l’ex maire de Dakar, Pape Diop, de "l'ami" de Karim Wade, en l'occurrence Cheikh Diallo, Me Mamadou Diop entre autres, place a été faite à l’expert-comptable, Mansour Gaye, patron de la Compagnie international de conseil et d’expertise (Cice). Ce dernier a clairement indiqué à la Cour que Karim Wade n’a jamais payé les salaires des travailleurs de la chaîne de télévision Canal Info. A en croire Mansour Gaye, c’est Vieux Aïdara et Cheikh Tidiane N'diaye qui ont toujours payé les salaires des employés travaillant dans la société An Media.
Revenant sur la connaissance avec ces deux personnes, Mansour Gaye a fait savoir que c’est Karim Wade qui l’a appelé au téléphone pour le mettre en rapport avec deux jeunes sénégalais qui avaient l’idée de mettre sur pied un groupe de presse. « C’est après qu’ils (Vieux Aïdara et Cheikh Tidiane N'diaye) sont venus me voir. Ils m’ont expliqué leur projet et ce qu’ils voulaient faire. Je leur ai indiqué la meilleure manière d’arriver à leurs objectifs », a expliqué le témoin qui renseigne qu’il percevait des honoraires de 125 000 francs CFA à la fin de chaque mois. Le témoin a également reconnu avoir participé à une réunion de conseil d’administration de la société An Media, mais précise-t-il : « c’était sur la volonté des parties et mon rôle c’était de surveiller la conformité et la qualité des délibérations ». Aussi, Mansour Gaye a battu en brèche les déclarations de Cheikh Tidiane N'diaye qui a soutenu que ce dernier serait à l’origine de sa démission à la tête d’An Media. En ce qui concerne l’achat du matériel de la société, Mansour Gaye déclare qu’il n’en sait rien. Car, dit-il « ce n’est pas notre rôle. Nous ne sommes jamais intervenus dans l’achat du matériel. En revanche, le fournisseur nous a remis des factures en nous disant que c’est Vieux Aïdara qui a acheté le matériel. Pour nous comptable, c’est une attestation, ce n’est pas une pièce comptable. Or nous, on gère des pièces comptables. On ne gère pas de l’argent pour un client », a renseigné le témoin qui a indiqué sur la même lancée que la société An media était une société déficitaire et ne faisait pas de bénéfice. « Pendant six ans et deux mois, la société a fait un chiffre d’affaire de 1,096 milliards de francs CFA et a engrangé en termes de dépenses plus de 3,390 milliards de francs CFA. C’est donc un déficit, une perte cumulée de 2,249 milliards de francs », a expliqué l’expert-comptable non sans dire que la société a mangé son capital 279 fois en moyenne. Avant de faire savoir qu’un financement gratuit a été mis à la disposition de la société An Media. Car renseigne-t-il « elle n’a jamais payé le fisc. C’est une société qui ne payait que les dépenses urgentes. Le reste, elle tournait en rond avec les autres fournisseurs ».


Suspendue, l’audience reprendra le lendemain à 10 heures et c’est toujours Mansour Gaye qui était encore à la barre. Mais, coup de théâtre : alors que le procès, qui dure depuis 3 mois, reprenait le 11 novembre 2014, le procureur spécial Alioune N'dao, qui portait l'accusation depuis deux ans, a été brutalement remplacé sur décision du président Macky Sall. Sans la moindre explication.


Donc après avoir consulté son téléphone portable, le président Henri Grégoire Diop a suspendu l'audience une dizaine de minutes avant l'horaire habituel de la pause déjeuner : "Nous avons une urgence", a-t-il sobrement déclaré. Une heure plus tard, la presse sénégalaise recevait par courriel un communiqué officiel du ministère de la Justice confirmant "la décision du président [de la République] de mettre fin aux fonctions du procureur Alioune Ndao et son remplacement par Cheikh Tidiane Mara", un magistrat ayant officié pendant 17 ans au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avant de revenir au Sénégal en 2013, où il occupait depuis lors la fonction de Directeur des services judiciaires au ministère de la Justice.
Comme l'avait révélé Dakaractu, les raisons de son éviction ne tiendraient pas au procès Karim Wade, mais à sa façon d'envisager d'autres poursuites engagées par la Crei contre des officiels sénégalais.

Réputé "pugnace", N'dao a voulu convoquer et embastiller des dignitaires tels Adja Ndella Wade (épouse de Mbaye Ndiaye ex Dg des ADS), Abdoulaye Baldé, Lamine Faye (neveu et ancien garde du corps du Président Wade), l'ancien ministre des finances Abdoulaye Diop etc...
Cela dit, la reprise du procès sera des plus suivies et pour cause. Le successeur du contesté Procureur Spécial, sera aux manettes à compter de ce lundi. En clair, le magistrat Cheikh Tidiane Mara, fera son baptême de feu en tant que Procureur Spécial. D'où l'attention qu'il polarisera aussi bien de la part de la défense, de la partie civile, que de celle de l'opinion publique nationale comme internationale.

La question est de savoir si le remplacement du maître des poursuites, c'est à dire le Procureur Spécial impactera sur le bon déroulement de ce "feuilleton judiciaire"?





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