Les férues de mode
Elles s’appellent Madina Camara Seydi, Mame Diarra Faye et Erika. Elles ont défilées sur la plupart des podiums du continent, portées les créations des plus grands stylistes africains. A l’heure de la reconversion, elles ont été assez lucides pour ne pas se cantonner dans le rôle d’une simple poupée. Ambitieuses et souvent amies avec les couturiers et autres promoteurs, ces beautés ont réussi à investir le milieu des affaires en ouvrant des boutiques de prêt-à-porter ou des instituts de beauté.
La première, Madina Camara Seydi, ne vous dit peut-être pas grand-chose. Pourtant, elle a été élue reine de beauté en 1990. Elle avait alors 20 ans et son visage racé, fruit d’un mélange entre une peulh et un mandingue, avait un temps sublimé les défilés de mode et autres panneaux publicitaires. Avant que la belle ne choisisse de tronquer ses hauts talons contre les baskets d’une universitaire à Boston (États-Unis) où elle est partie rejoindre son époux. Elle se raconte : «J’ai passé une Licence en Esthétique et je travaillais en free-lance un peu partout. Par la suite, j’ai obtenu un diplôme de Décoratrice d’intérieur. Ensuite, mon mari a été affecté, pendant 4 ans, à Douala. Là-bas, j’ai ouvert un institut de beauté.» Depuis, la belle est retournée avec toute sa famille au pays de l’Oncle Sam et coule des jours heureux entre ses 3 enfants et l’institut de beauté qu’elle a ouvert à Washington.
Bon sang ne saurait mentir. Erika, modèle indémodable des années 90, est la nièce de Moïse Ambroise Gomis. La Anna Wintour masculin du Sénégal, reconnu pour avoir déniché les plus talentueux mannequins et donné ses lettres de noblesse à la mode. Il a notamment participé à faire d’Erika, le mannequin le plus emblématique auprès des stylistes, des publicitaires et surtout du public. C’est donc sans grande surprise qu’à l’heure de la retraire, elle met son sens inné de l'élégance et son énergie créatrice au service des «victimes de la mode». Mariée et mère de trois enfants, celle qui est devenue madame Bâ a d’abord ouvert un salon de coiffure en hommage à sa mère, avant de se laisser tenter par les sirènes du prêt-à-porter.
C'est le mannequin qui s’est le plus fait discret. Ni spot publicitaire, ni apparition télévisuelle ne viennent rappeler son éphémère vie sur les planches. A peine la voit-on accrochée aux mains de son Dj de mari lors de la cérémonie de clôture de la deuxième saison d’«Un café avec…». Liane d’ébène au sourire extra-large et à l’élégance discrète, Mame Diarra, la femme de Boubacar Diallo alias Dj Boub’s partage sa vie entre son foyer et sa boutique de mode. Avec discrétion.
Haro sur le petit écran…
Leur meilleur atout ? Leur beauté et leur bonne présentation. La mode pour elles est moins une passion dévorante qu’un business lucratif qu’elles perpétuent à la télévision. Leurs noms sont devenus un gage d’audiences pour des téléspectateurs plus friands de forme que de fond.
De ses années de mannequinat, Khadija Sy conserve prestance télégénique et un corps bien fait, malgré les grossesses. Des arguments fatals pour vendre au public son émission «Miss Labado». Un peu comme la célèbre dame au chapeau, l’ex de «Boum-boum» façonne les premiers pas de jeunes filles attirées par les lumières des podiums. L’émission qui a trouvé son public a donné une reconversion réussie à celle qui était empêtrée dans des problèmes de divorce. Depuis, le top model s’est lancé un autre défi en posant ses valises dans une télévision concurrente pour une nouvelle émission mode.
De vraies mensurations de mannequin. Ndèye Ndack Touré, considérée comme la plus douée de sa génération, n’a pas attendu la retraite pour se diversifier. Quand elle ne hante pas les podiums avec sa mémorable coupe à la garçon, elle vend ses talents d’animatrice à la Tfm. Dès ses débuts, Ndèye Ndack comprend qu’il faut se servir de ses atouts de «modeuse» pour sublimer ses émissions. Depuis, elle est devenue le visage de plusieurs émissions comme «Dakar ne dort pas» ou «Sen p’tit Gallé» où, en redoutable femme d’affaires, elle arrondit ses fins de mois de mannequin par intermittence.
Pionnières de la reconversion télévisuelle, ces mannequins ont inspiré une génération émergente comme Adja Diallo ou Samira Nicki Diop. Qui, armées de leurs battements de cils, n’hésitent plus à toquer aux portes des chaînes de télévision. Le plan de carrière ? Rester sur le devant de la scène et faire fructifier le plus longtemps possible leur atout, la beauté.
… Et le grand écran
Pour elles, le mannequinat s'envisage comme un tremplin vers la célébrité en général. Séduire sur les podiums n’est qu’un galop d'essai vers un destin plus flamboyant. Souvent instinctives, elles n'ont pas de plan de carrière et se sont donc laissées happer par les sirènes du septième art. Lorsqu’il s’est présenté à elles.
Ce sont Katy Chimère Diaw et Mame Diarra Thiam, Lissa au cinéma. L’une a été élue Miss Sénégal avant de présenter les créations des stylistes, tandis que l’autre, liane interminable, a séduit les planches de la mode. Pari difficile donc de se lancer du jour au lendemain dans la peau d’une épouse trompée et d’une briseuse de ménage dans la célèbre série «Un café avec…» L’une et l’autre ont su se départir de leur image de cover-girl décorative pour entrer dans leurs personnages, au grand bonheur des férues de la série.
Pin-up
Elles s’accrochent. Désespérément. Même si la branche sur laquelle elles sont assises ploie sous leur poids. Celles des années éloignent d’elles toutes caractéristiques de top model. Mannequins, elles l’ont sans doute moins été que vidéo-girl. La visibilité jusqu’à l’overdose.
Thioro Balbaki a raccroché très tôt les escarpins. A 19 ans, la sœur d’une ex-Miss Dakar prend sa retraite, mais ne quitte pas pour autant le devant de la scène. De Thione Seck à son fils Waly Ballago Seck, en passant par son frère, Assane Ndiaye, elle squatte les clips des chanteurs. Vidéo-girl, elle essaie tant bien que mal de mener sa barque de mannequin reconvertie jusqu’à ce qu’une affaire de virée salace vienne couler toute crédibilité. Echaudée, la vidéo-girl, après une histoire improbable d’adultère avec le mari d’une de ses consœurs, décide de se racheter une virginité auprès de Dieu. «La revoilà en train de lire le Coran», écrit le site d’information en ligne Léral.
Collé Ardo Sow, Mame Faguèye Bâ et autres créateurs l’ont habillée, mais de Dalanda Diallo, l’on ne garde que l’image trash. Celle dont le nom est ressortie dans une sulfureuse histoire de virée marocaine. La vidéo-girl qui a fait une apparition dans le clip «Lonkontina» de Pape et Cheikh, a un temps défrayé la chronique, non pas pour ses talents d’ancien mannequin mais, pour de supposées frasques.
Celles qui s’effacent dans le mariage…
Leur beauté, leur grâce et leur prestance, a fait tache d’huile dans le monde des planches. Aujourd’hui, la plupart d’entre d’elles se sont payé le luxe d’une deuxième vie, aux côtés de leurs maris, stars ou puissant hommes d’affaires.
Ndèye Sophia Thiam, sœur de Lissa, a hanté les podiums pendant un petit moment. Elle a été première dauphine de Miss Cedeao en 2008. Lucide, sa beauté et sa jeunesse n’ont pas été un frein à sa reconversion dans les bras d’Ahmada Mbacké. Le fils de Serigne Modou Kara qui a préféré gardé son trésor caché dans le domicile conjugal.
Même jeunesse, même destin. Sokhna Aïdara, la beauté éclatante de Pikine, a mis sa beauté et ses mensurations de jeune première au service des plus grands créateurs sénégalais. Aperçue dans plusieurs clips, celle qui prenait le virage de vidéo-girl a été happée par le fils de Thione Seck qui en a fait sa femme. Depuis, la belle Chérif, mère de deux enfants, s’attelle à sa nouvelle vie de femme au foyer.
Si ces deux jeunes femmes laissent encore quelques réminiscences de leur passage dans le milieu du mannequinat, il en va autrement pour Aminata Diallo et Aïda Ndong. Elue Miss Cedeao 2007 à 19 ans, la première nommée a préféré se détourner de son gagne-pain pour lier son destin à Meissa Ngom, le magnat des entreprises Chaka Computers, Money express et Call me. Un mariage royal pour une princesse dorée encagée depuis dans une belle tour d’ivoire par son chéri. Dernière sortie en date, lors de l’accession du Président Macky Sall au pouvoir.
Aïda Ndong a, quant à elle, déserté les planches pour les postes de police. Du moins durant une période houleuse où l’ancien mannequin a partagé son mari, Demba Dia, avec une certaine Khadija Sy. Aujourd’hui seule aux côtés de son mari, Aïda Ndong se perd dans l’ambition de son mari.
… Et la foi
Jamais reconversion n’aura été aussi désarmante que celle de Sira Cissokho. Abonnée aux photos sexy et aux poses suggestives, l’ancien mannequin, installé en Florence en Italie, a décidé de mettre le voile. Une conversion radicale qui ne l’empêche pas de faire l’objet de convoitises des agences de modes. Une information qui reste au stade de rumeurs.
GFM