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Le produit intérieur brut du Sénégal vient de faire un bond de 29,4%. Une augmentation record qui tient à un changement dans la méthode de calcul de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).
C’est la magie des statistiques. Par la grâce d’un changement de méthode comptable, le produit intérieur brut (PIB) du Sénégal, qui mesure les richesses produites dans le pays, a fait un bond de 29,4% du jour au lendemain. Cette réévaluation du PIB est en fait une conséquence de la modification par l’ANSD de l’année de base utilisée pour le calcul des comptes nationaux : la nouvelle année de base est 2014, là où les précédents chiffres reposaient sur l’année 1999, précise l’institution dans sa note explicative publiée le 14 mai.
L’objectif est de mieux rendre compte de la réalité de l’économie sénégalaise, en intégrant dans l’estimation du PIB des secteurs économiques qui n’existaient pas en 1999 et en mettant le système statistique du pays en cohérence avec les normes internationales établies par les Nations unies.
Critères de convergence Uemoa
Conséquence immédiate : tous les agrégats ont connu des révisions à la hausse. Pour l’année 2016, le PIB « rebasé » atteint ainsi 17,1 milliards d’euros, contre 14,9 milliards précédemment.
Dans le détail, « la consommation finale et l’investissement en valeur ont augmenté respectivement de 22 % et 18,1 % par rapport à la base 1999 » et « le poids du tertiaire a enregistré une augmentation passant de 52 % à 54 % ». En revanche, « le poids des activités du primaire et du secondaire sont restés quasiment stable ».
Autre aspect positif de ce changement statistique : mécaniquement, le poids de la dette dans le PIB global est revu à la baisse. « Le relèvement du PIB améliore le classement du Sénégal sur les critères de convergence de l’Uemoa concernant le déficit budgétaire fixé à 3 % du PIB », souligne l’ANSD.
Mais le PIB « rebasé » a aussi des incidences négatives, notamment en ce qu’il « dégrade les performances [du Sénégal] selon l’indice sur la pression fiscale ». Le poids des taxes s’est en effet replié, s’établissant à 10,8 % du PIB contre 12,8 % dans l’ancienne base.
S’adapter aux évolutions structurelles
Justifiant ce changement d’année de base, l’ANSD explique que « les comptes nationaux sont établis, à partir d’une année de base, qui constitue en général l’année de référence des structures et des agrégats macroéconomiques ». Cependant, « au fur et à mesure que cette année de base vieillit, la qualité des comptes nationaux se dégrade », avance l’ANSD, qui insiste : il devient alors « impératif de la renouveler pour mieux appréhender les changements affectant les structures de l’économie ».
Modifier l’année de base des comptes nationaux permet notamment de mieux adapter les statistiques à « l’évolution structurelle de l’activité économique, due à l’apparition de nouvelles activités et de nouveaux produits ou à la disparition d’autres, au changement dans les habitudes de consommation, de production et de commercialisation et à la modification sensible de la qualité des produits ».
Parmi les « activités émergentes qui n’étaient pas couverte ou insuffisamment prises en compte » auparavant, l’ANSD liste notamment « l’amélioration de la couverture des activités de l’hydraulique rurale et du portage d’eau en milieu rural », « l’intégration des activités de production de l’aquaculture et de la pêche continentale » et même « la prise en compte des activité illégales en particulier celle des travailleuses du sexe ».
In fine, pour la statistique sénégalaise, « le changement d’année de base permettra d’avoir une bonne référence pour l’évaluation des politiques économiques mises en œuvre par le gouvernement » en améliorant la qualité des données disponibles sur le pays, assure l’institution.