Palais de Justice: TOUTE LA VÉRITÉ DANS LE DISQUE DUR DE L’ORDINATEUR D’ABOU A. DIA
L’ on en sait un peu plus sur les conditions dans lesquelles la présumée taupe de Karim Wade, terrée au Palais de justice de Dakar, est tombée. Pour y arriver, les enquêteurs ont fait preuve d'une rare perspicacité puisque le suspect Abou Dia (et non les initiales (AS) a tout fait pour leur rendre la tâche difficile. Mais ce qu'il ignorait, c'est que son ordinateur allait s'avérer être la mine d'informations inespérée pour l'enfoncer dans les abîmes des ennuis judiciaires.
En effet, durant les trois jours de sa garde-à-vue, Abou Dia, l’électrotechnicien du tribunal de Dakar, s'est arc-bouté autour de dénégations selon lesquelles il ne sait absolument rien des soupçons de collaboration illégale et de fuites d'informations classifiées qui pèsent contre lui. Des dénégations qui ont eu le mérite de pousser les enquêteurs à aller chercher ailleurs, au domicile même d’Abdou Dia.
Au cours de la perquisition qui s'en est suivie, les enquêteurs sont tombés sur son ordinateur personnel, entre autres matériels fouillés sur place. Et comme la technologie n'est pas que l'apanage de M. Dia, une recherche minutieuse a permis de découvrir plusieurs fichiers supprimés et écrasés dans le disque dur de ce support de travail de l’électrotechnicien.
Pour cela, les enquêteurs ont fait usage d'utilitaires de récupérations et de reconstitution de données qui n'ont pas mis du temps à dévoiler pourquoi il s'est donné autant de peine à les écraser. Il faut dire que les trouvailles des enquêteurs révèlent beaucoup de secrets car, il y avait pêle-mêle des fichiers écrits tout comme des enregistrements audio en relation directe avec le sort qui se dessine pour Karim Wade.
Fait marquant de la découverte, les enquêteurs ont réussi à identifier certains fichiers qui ont été transmis, en temps réel, à un avocat qui défend Karim Wade, Me Seydou Diagne. Mais ce dernier persiste et signe dans ses dénégations selon lesquelles il n'a nullement tiré profit des activités de la taupe du tribunal qui espionnait pour Karim Wade.
A nos confrères du journal L'AS, Me Seydou Diagne déclare : “Je n'ai jamais rencontré Adolphe Dia en dehors de la salle d'audience où se tenait le procès de Karim Wade. Et, depuis le 14 janvier, date à laquelle nous avons quitté l'audience, je ne l'ai pas vu. Pour qu'il me remette des enregistrements, il faut que je le voie, il ne connaît même pas où se trouve mon cabinet.”
Mais une autre partie de ses dénégations paraît très intéressante. L'avocat, sans le dire de façon explicite, n’entend pas se laisser griller seul au moment où les carottes seraient cuites : “De toutes les personnes qu'il a appelées dans la famille judiciaire, dont les avocats de l'Etat et d'autres personnes, pourquoi on ne parle que de moi ? Il a passé des appels avec un autre avocat”, déclare Me Seydou Diagne à L’AS.
Pour rappel, Abou Dia tenait le fils d'Abdoulaye Wade et ses avocats au courant de toutes les péripéties de la procédure en cours contre l'ancien “ministre du ciel et de la terre” dans la traque des biens mal acquis.
Le réseau d'informateurs bénéficie aussi de la complicité de taupes de la prison et d'autres voies contournées dont celle découverte chez Abou Dia. C'est pourquoi une chasse à la taupe a été engagée pour démasquer tous les visages cachés qui à un moment ou un autre ont fait de “l'espionnage” au profit de Karim Wade
RETOUR DE PARQUET
Notons aussi qu’Abou Dia a fait l’objet d’un second retour de parquet. Le technicien électricien déployé à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) pour la gestion de la sonorisation, n’a pu faire son face-à-face avec le procureur ou du moins comme le soutiennent certaines sources judiciaires, le juge d’instruction.
Le sieur Dia a été arrêté par la Division des investigations criminelles (DIC) pour “violation du secret des délibérations et traitement déloyal des données à caractère privé”. Il lui est reproché d’avoir donné à Me Seydou Diagne, l’information selon laquelle, le président Henri Grégoire Diop et ses quatre assesseurs ont prévu d’infliger une peine de sept ans à Karim Wade.
Des accusations que l’avocat et le mis en cause ont niées. Seulement, l’électrotechnicien ignorait que ses communications étaient sur écoute. Nos sources renseignent qu’il était traqué depuis un moment. Et que la perte de son téléphone portable lors du sit-in interdit du Parti démocratique sénégalais (Pds) ne serait pas fortuite.
Si tant est-il que Abou Adolphe Dia a été perdu par ses communications téléphoniques, il faut rappeler qu’il n’est pas le seul à tomber dans ce piège. Un greffier a été relevé de ses fonctions à la CREI car accusé de fournir des informations à la presse. D’autres “taupes” seraient en train d’être recherchées.
ENQUETE