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PROFIL: Cheikh Sarr, coach à problèmes

Jeudi 11 Septembre 2014

La participation du Sénégal au Mondial de basket, en Espagne, avait tout pour être une belle fête. Mais, les remous notés lors de la campagne ont fait ressurgir les démons de la division au sein de la Tanière. Une fracture semble de plus en plus évidente entre le sélectionneur, Cheikh Sarr et ses joueurs. Zoom sur un conflit latent qui ne date pas d’aujourd’hui.

Si les yeux sont la fenêtre de l’âme, alors on dira sans ambages que Cheikh Sarr est un ange. L’homme a un regard de velours qui semble dire qu’il n’est même pas capable de faire du mal à une mouche. Son calme olympien sur le banc de touche fait sa marque de fabrique, même s’il s’agite quelques rares fois, mais, un caractère belliqueux somnole en lui. Et se réveille souvent dans les vestiaires. Le Cheikh est un va-t-en-guerre, qui n’hésite pas à enfiler son manteau de diable pour forcer le respect à ses administrés. Sa brouille contre Djibril Thiam qu’il a écarté de son groupe lors du Championnat du monde de basket 2014 en Espagne ne serait qu’une petite partie visible de l’iceberg. Pour la petite histoire, Djibril Thiam qui a ciré le banc lors des trois premières rencontres de l’équipe a interpellé Cheikh Sarr dans les vestiaires pour lui demander pourquoi il ne le fait pas jouer et ne lui donne aucune explication. La réponse de Cheikh Sarr fut sèche. «Ne te fous pas de moi…» Et Thiam de monter sur ses grands chevaux. «Je suis venu pour jouer, pas pour du tourisme et encaisser des primes que vous pouvez d’ailleurs prendre. Je ne vais pas vous insulter pour jouer, comme certains joueurs l’ont fait. Votre comportement envers moi est lâche.» La conséquence ne tarde pas à tomber. Thiam est écarté du groupe pour le reste d’une compétition qu’il n’avait d’ailleurs jamais entamée (c’est le seul joueur du Sénégal qui ne compte aucune minute de temps de jeu).

Clashes avec Gorgui Dieng, Thierno Niang, Xane d’Almeida

Djibril Thiam n’est pourtant pas le seul qui s’est rebellé contre son entraîneur. Les couloirs de la «Tanière» ne bruissent que des brouilles entre Cheikh Sarr et ses joueurs. «Il est allé en clash avec pas mal de joueurs qui ne s’empêchent pas de l’invectiver. Lui-même a eu à insulter des joueurs», renseigne, sous le couvert de l’anonymat, un joueur qui a fait partie de l’aventure espagnole. «A la mi-temps du match contre la République Dominicaine, il y avait une petite explication entre Gorgui Sy Dieng et Thierno Ibrahima Niang. Quand Cheikh Sarr est tombé sur la scène, il a attaqué les deux. Il a même dit à Gorgui Sy Dieng que s’il n’est pas content, il peut prendre ses bagages et partir.» Auparavant, le technicien a eu deux altercations avec Gorgui Sy Dieng durant la préparation d’abord à Malaga, puis à Guadalajara. Quand il a osé dire à Gorgui que ce dernier lui doit sa réussite, ce dernier l’a insulté. Quant à Thierno Ibrahima Niang, le coach lui a dit qu’il lui doit respect après qu’il l’a récupéré et sorti du trou. «Voilà comment tu me récompenses. Toi que j’ai récupéré» (Niang n’avait pas de club au moment de sa sélection pour le Mondial). Autre joueur, autre clash : «Cheikh Sarr a également eu une altercation avec Xane d’Almeida», raconte notre interlocuteur. Puis, il y a eu l’épisode avec le préparateur physique, Carlos Martinez, rapporté par la presse (Le Populaire). Ce dernier avait fini par plier bagages et quitter le regroupement, à cause de remarques désobligeantes du coach, ce qui eut le don d’énerver fortement le Manager général de l’équipe, Boniface Ndong, à deux doigts de rendre le tablier. A une heure du match perdu contre les Philippines, les joueurs n’étaient pas concentrés, à cause de l’affaire Djibril Thiam. «Tout le monde a essayé de faire revenir le coach sur sa décision d’écarter Thiam, il a refusé», raconte une source selon qui «le coach a un problème d’autorité. «Il exige le respect alors dans ce genre de situation, le respect ne s’exige pas, mais ça s’acquiert.»

Le malaise entre locaux

D’autres exemples font légion. Tout a débuté en août 2012 alors que Cheikh Sarr venait d’être porté à la tête de l’équipe comme entraîneur titulaire. C’est le tournoi de la zone 2 de août 2012 à Praia où le Sénégal est allé chercher son ticket pour l’Afrobasket 2013, qui a ouvert la boîte de pandore. «A Praia, Cheikh Sarr avait un clash avec Mouhamet Faye, jurant qu’il n’allait plus le convoquer tant qu’il serait coach», raconte une autre source qui avait fait le voyage au Cap-Vert. A Abidjan, lors de l’Afrobasket en septembre 2013, le très bon parcours des Lions (3e place) a été parsemé de petites et grosses querelles entre le patron de la Tanière et des Lions peu dociles. Là bas, c’est Pape Malick Gadiaga qui endossa le costume de Djibril Thiam. Cantonné sur le banc sans explication ni aucune forme de procès, il avait pourtant stoïquement accepté son sort. Entre deux rencontres, Cheikh Sarr le secoua fortement devant ses coéquipiers lors d’une séance d’entraînement. Le joueur du Duc, alors meilleur joueur du championnat local, craque et reproche, à demi-mots à son entraîneur de l’écarter parce qu’il joue dans le club rival (Cheikh Sarr est coach d’Ugb, rival du Duc). Il est consolé par ses coéquipiers qui comprennent son malheur. L’entraîneur adjoint de Cheikh Sarr, Parfait Adjuvon, coach du Duc, ne réagit pas, comme pour ne pas donner l’impression de prendre partie. Il en de même pour Vieux Ndoye et Mouhamet Diop, sociétaires de l’Ugb. Le malaise est palpable et l’ambiance est viciée par ce fait divers. Mais, la pire situation concernera Saër Sène.

«Même si Macky Sall m’appelle !»

Le pivot des Lions a failli quitter le regroupement en plein Afrobasket, lors d’un entraînement précédent la demi-finale face au Nigeria. Ignoré depuis le début du tournoi par l’entraîneur, qui lui reproche une certaine nonchalance, Saër Sène s’est longtemps retenu, jusqu’à ce jour. Une passe de Malèye Ndoye mal interceptée par le pivot et le coach, de hurler à Malèye de ne compter que sur lui-même. Vexé par ce manque de considération d’un entraîneur qui ne lui adresse pas la parole et parle de lui par procuration, Saër se rebelle, lui crie dessus, et lui déverse tout ce qu’il avait dans le cœur. Il manque de lui faire sa fête, retenu de justesse par ses coéquipiers et quelques membres du staff. Les deux parties se cramponnent. Cheikh Sarr expulse le joueur séance tenante. «Même si Macky Sall m’appelle, je ne le réintégrerait pas !» s’emporta-t-il. Face à la médiation entamée de toutes parts, il finira par céder. Réintégré, Saër Sène fera, dans l’après-midi, son meilleur match du tournoi, en marchant sur le Nigeria, pourtant favori. Efficace, la méthode Sarr ? Allez savoir !

Des concessions à certains ?

Même s’il n’était pas en Espagne aux côtés de l’équipe, un technicien local confirme avoir été informé par certains joueurs de l’atmosphère délétère de la «Tanière». Il révèle : «J’ai pleins d’échos sur des choses qui se sont passées dans les vestiaires des «Lions», mais qui restent à vérifier. J’ai entendu parler de la rigueur de Cheikh Sarr, des comportements d’indiscipline. Et ça ne date pas d’aujourd’hui. Si le gosse (Djibril Thiam) a osé parler ainsi à son coach, c’est qu’il n’est pas le seul à faire des critiques à l’entraîneur. C’est dans l’habitude des joueurs sénégalais de critiquer dans leur dos de leur entraîneur. Mais une fois en face de lui, ils font comme si de rien n’était. J’ai eu écho que deux ou trois joueurs ont eu des comportements inadmissibles par rapport au coach, mais ils n’ont jamais été sanctionnés. Maintenant, s’il y a quelqu’un d’autre qui demande poliment pourquoi il ne joue pas et qui se fait sanctionner, il y a problème. Il y a des comportements qui étaient beaucoup plus insolents que celui de Djibril Thiam, mais qui n’ont pas été sanctionnés. Quand un gosse demande des explications, il faut lui donner des explications devant tout le groupe. Et c’est comme ça que le groupe accepte en tant que coach qui a la rigueur. Il ne faut jamais mépriser un joueur qui demande des explications.» Pour trouver une solution de sortie de crise, ce technicien suggère «que les délégués fédéraux qui accompagnent l’équipe fassent des rapports pour trouver la racine du mal.»

Pour sa part, Ousmane Diallo, entraîneur du Sibac, préfère attaquer ce problème à visage découvert : «Si on ne les règle pas maintenant, ces problèmes vont continuer. On n’en a jamais eu dans la gestion de l’équipe nationale de basket. Si ça commence à prendre cette ampleur, il faut prendre des décisions. S’il y a des joueurs qui perturbent, il faut les sanctionner. Si ce sont les entraîneurs qui ne sont pas à la hauteur, il faut trouver la solution. On m’a fait savoir qu’à Praia, il y a eu un joueur qui a fait monter une fille dans le bus de l’équipe. On m’a aussi fait comprendre qu’en préparation en France, il y a eu un joueur qui a raté deux fois le bus parce qu’il avait découché.» Pour coach Diallo également, il faut des rapports de la part des responsables. «Il faut que les gens fassent leurs rapports pour qu’on sache où se trouve le véritable problème. L’entraîneur doit donner des explications. Les joueurs aussi doivent s’exprimer. S’il y a des joueurs qu’on doit exclure de l’équipe parce que ce sont des cas réels d’indiscipline, il faut le faire. Si ce sont des manquements au niveau de l’encadrement technique, il faut aussi prendre ses responsabilités. Dans une équipe, il n’y a qu’un seul patron, c’est l’entraîneur. Je ne peux pas donner raison aux joueurs parce que le joueur dira toujours ce qui l’arrange. Les joueurs doivent savoir que c’est Cheikh Sarr le patron de l’équipe.» Un patron qui a visiblement beaucoup de mal à asseoir son autorité dans un groupe qui semble l’avoir échappé depuis belle lurette

GFM


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