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«Il faut d'abord faire la différence entre la fraude fiscale et l'évasion fiscale. Parce que pour ce qui nous concerne, c'est qu'au Sénégal, nous avons à faire face à plus de fraude fiscale que d'évasion fiscale et cela dépendra quand même de celui qui observe. Parce que l'évasion fiscale cela consiste à éviter ou à réduire l'impôt en notifiant le patrimoine des bénéfices dans des pays différents de celui auquel il devrait être soumis. Cela concerne aussi bien les entreprises que les particuliers», a d'abord expliqué l'économiste.
Relevant que la fraude fiscale est une technique illégale, il ajoute: «La fraude fiscale, c'est ce qui se passe au Sénégal au niveau par exemple du secteur informel où les gens ont tendance à tricher sur le chiffre d'affaires. C'est-à-dire, si on devrait déclarer tant de revenus sur lesquels devront porter l'impôt et vous déclariez une somme inférieure. Ce qui permet de payer moins d'impôts. Ou bien vous trouvez un moyen de masquer votre comptabilité par n'importe quel moyen pour pouvoir bénéficier d'impôt plus faible. Alors que l'évasion fiscale, ce n’est pas illégale, c'est quelque chose que l'on fait sciemment et on essaye de soustraire à la fiscalité des revenus».
En effet, cette situation cause beaucoup de dégâts au niveau des pays africains. «Au niveau des pays africains, cela crée quand même des fuites de capitaux. Et des fuites de capitaux conséquents qui peuvent porter préjudice aux financements économiques en question. L'argent, c'est une question d'offre et de demande. Si la quantité d'argent est faible, les taux d'intérêts peuvent grimper. Même pour un pays qui a une indépendance monétaire, le fait de fuir les capitaux, cela peut créer une dévaluation de la monnaie. Parce que la monnaie locale aura été offerte abondamment au plan international et sa valeur va chuter. Ce qui va créer une dévaluation de la monnaie. Donc, c'est une conséquence catastrophique pour une économie».
«Normalement, dans un pays pauvre, il n'y a pas de place à des opérations comme cela»
«Je pense que les fuites de capitaux créent des problèmes de financements, créent des problèmes d'ajustement monétaire. C'est que normalement, dans un pays pauvre, il n'y a pas de place à des opérations comme cela. Parce que le pays est suffisamment faible pour que le gouvernement trouve tous les moyens pour faire en sorte que chaque somme d'argent paye la taxe», a insisté Mounirou Ndiaye.
De son avis, «aujourd'hui, nous avons des Etats faibles qui dépendent conséquemment de leurs recettes publiques. Le Sénégal à un Plan Sénégal émergent (Pse) qui demande, pour la période 2014-2018, dans le cadre du Plan d'actions prioritaires (Pape), 9 700 milliards de francs Cfa. Et dans ces 9 700 milliards, une grande partie doit provenir de l'Etat et si le gouvernement est victime de ces genres de fuites de capitaux qui échappent à la fiscalité, c'est catastrophique».
L'économiste d’ajouter qu’«au Sénégal, nous avons un ratio dette sur Produit intérieur brut (Pib) qui fait presque 60%. Ce qui fait qu'il n'y a pas de place à de l'évasion fiscale. Il faut qu'aujourd'hui tous ceux qui devraient payer l'impôt payent l'impôt. Pour que le gouvernement puisse être capable, dans un premier temps, de faire face aux déficits publics. Mais dans un deuxième temps, de pouvoir financer ses problèmes de développement».
«L'Etat a plus que jamais besoin d'argent pour financer son émergence»
«Aujourd’hui, nous sommes dans un temps d'émergence au Sénégal, il faut regretter le fait que des capitaux puissent échapper à la fiscalité. L'Etat a plus que jamais besoin d'argent pour financer son émergence. Donc, ça ce sont des choses intolérables qu'il faudrait réprimer. Et aujourd'hui, il faut traquer toute somme d'argent comme cela se fait en Occident», a asséné le Pr Ndiaye.
Et face à un tel fléau, l'enseignant à l'Université de Thiès pense qu'il faudrait une coopération multilatérale. «Il faudrait une coopération entre plusieurs Etats pour que ces problèmes-là soient résolus. Je pense qu'aucun Etat aujourd'hui, ne peut avoir la prétention de pouvoir régler ce problème-là. Il faut une coopération entre les Etats», a-t-il indiqué.
Il a ainsi renseigné: «Les Etats Unis ont créé en 2010 le Facta (Foreign account taxe compliante act) adopté en 2010 et applicable de janvier 2013. Cette disposition oblige chaque institution financière étrangère à soumettre des informations sur l'historique des comptes américains, sous peine de subir une pénalité de 30% sur les paiements effectués au départ des banques participantes. C’est-à-dire que les Américains, aujourd'hui, traquent tous les revenus au plan international».
Pour lui, «maintenant, il faut que ces mécanismes là, soient approfondis de façon beaucoup plus multilatérale et internationalisée qui voit la participation des pays africains pour pouvoir traquer l'argent qui s’évade. Cette question est d’autant plus pertinente que nous sommes aujourd’hui dans une phase où le terrorisme est financé par je ne sais qui. Donc, tout argent doit être traqué aujourd’hui».
«Même, il y a l’endettement des Etats. En 2013, nous sommes à 94% de dettes en France, 91% aux Royaumes Unis, 132% en Italie, 95% en Espagne, 105% aux Usa. Ce sont des chiffres de 2013, mais la situation s'est aggravée depuis pour certains pays comme la France, l'Italie, l'Espagne», conclut-il.
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