Encore un malaise à l’hôtel King Fahd Palace. Et ce n’est nullement exagéré de dire que la situation sent le pourri chez Mamadou Racine Sy. Toute puissante, la Direction de l’hôtel croise le fer avec un délégué du personnel qui a été muté sans son aval. Le principal concerné parle d’abus de pouvoir. Et, depuis plusieurs semaines, ce cas installe un profond à King Fahd Palace. Une turbulence qui n’est pas une première dans cet établissement. Loin de là. Et pour cause ! Après avoir échoué à licencier la responsable du collège des délégués, Véronique Ndour, il y a un an, la Direction de l’hôtel a décidé de muter un délégué du personnel. Ce, contre la volonté du concerné. Cheikh Diogal Thiaw, employé comme comptable fournisseur au département Finances de l’hôtel King Fahd Palace, paie pour n’avoir pas voulu d’une «promotion» qui viole le contrat le liant à son employeur. Crime de lèse-direction pour lequel, on lui tord le bras. Difficilement !
Et ce mal pourrit le fruit de l’ex-hôtel Méridien Président depuis le renouvellement du collège des délégués. Cheikh Diogal Thiaw que ses amis décrivent comme un dur à cuire en matière de lutte syndicale, gagne un siège au sein dudit collège. Une victoire du personnel lue comme une menace par la Direction de l’hôtel King Fahd Palace. «Le concerné sait beaucoup de choses dans cette boîte. Il a été à un poste stratégique 4 ans durant», souffle un travailleur de l’hôtel. Une opération est vite enclenchée pour mettre au pas le nouveau représentant du personnel. Alors, la Direction sort de sa réserve pour faire le job. Une belle feinte est sortie des placards pour régler la situation. On crée en catimini, un tout nouveau poste, «Chargé de l’analyse et de l’optimisation des achats nourriture et boissons», à la tête duquel, on nomme Cheikh Diogal Thiaw, le 11 mars 2016. Sans consultation. Quid de son statut de délégué du personnel ? Une nomination que la Direction qualifie de promotion. Le concerné y voit un déboulonnage maquillé, le qualifie d’injustice et décline le poste, par lettre datée du 15 mars 2016 et adressée au Président-directeur général de l’hôtel, Mamadou Racine Sy. «Etant comptable de formation, mon profil et mes compétences ne me permettent pas d’occuper ce poste nouvellement créé, car je ne suis ni acheteur ni analyste pour optimiser les achats en nourriture et boissons. Il y a des services compétents que sont : le Cost control et le Superviseur des achats, pour accomplir ces tâches», avait écrit le délégué du personnel.
Insubordination, crie l’Administration du King Fahd Palace qui sert une demande d’explication à Cheikh Diogal Thiaw, le 21 mars 2016. Y répondant, le 23 mars 2016, le délégué du personnel apprend : «Les missions qui m’ont nouvellement été confiées n’ont rien à voir ni avec ma formation professionnelle, ni avec les missions qui m’étaient assignées lors de mon recrutement.» Il poursuit : «L’article L67 du Code du travail dit que toute modification substantielle du contrat de travail doit, au préalable, faire l’objet d’une notification écrite et être subordonnée à l’accord préalable du travailleur. Même en cas d’accord, la modification ne peut intervenir qu’à l’issue de la période de préavis qui est de 3 mois.» «Qu’il ne peut être muté contre son gré, vu sa qualité de délégué du personnel», ponctue-t-il sa réponse. Campant sur sa position et sur ses anciennes fonctions, il se rendra compte que la Direction de l’hôtel n’avait que faire de sa conscience professionnelle. Elle l’illustre de fort belle manière.
Une plainte est déposée contre Cheikh Diogal Thiaw et la brigade de gendarmerie de Ngor le convoque. Mais c’est à la brigade de Thionk que doit aller répondre M. Thiaw. Les enquêteurs lui intiment l’ordre de quitter son bureau. Le délégué exige une notification et reste ferme sur son refus du nouveau poste. Déterminée à lui faire mordre la poussière, la Direction du King Fahd Palace sollicite de l’Inspection régionale du travail l’autorisation du licenciement de Cheikh Diogal Thiaw. Dans la lettre, elle rappelle que l’acte de nomination, émanant de Mamadou Racine Sy, ne constituait ni une offre ni une demande, mais qu’il s’agissait d’une directive claire et sans équivoque. Ainsi, le torchon brûle au King Fahd Palace. Même si tout y fleure la norme.
La Direction de l’hôtel opte pour l’omerta
Depuis près de 10 jours, le quotidien «L’Observateur» dispose de cette information et suit l’évolution de cette affaire pas à pas. Depuis la convocation du délégué du personnel à la brigade de gendarmerie de Thiong, les responsables de l’hôtel King Fahd Palace sont interpelés. Mais, ni Eli Manel Diop, Directeur administratif et financier ni Fassar Ndour, Directeur des ressources humaines, n’ont voulu parler de cette affaire. Optant pour l’omerta, ils ne veulent pas de cette affaire, encore moins l’exposer dans la presse. Ne voulant piper mot, le Directeur financier eut, tout de même la courtoisie de consentir, la semaine dernière, à un rendez-vous dans un hôtel de la place. Sans suite. Le Directeur des ressources humaines n’a répondu ni à nos appels ni à nos messages. Malgré notre insistance.
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