MBACKE: La rumeur Serigne Mbaye
Longue a été la nuit du vendredi au samedi, à Mbacké. Et pour cause, c’est une folle rumeur qui a couru selon laquelle un cortège de deux véhicules était à Mbacké avec le corps de l’homosexuel Serigne Mbaye, retrouvé mort chez lui, aux Maristes, à Dakar mercredi dernier. Une dépouille encombrante dont aucune localité ne voulait dans ses cimetières, surtout Touba où le mouvement Safinatoul Aman était sur le qui-vive dès l’annonce de sa mort pour empêcher toute tentative d’inhumation de cet homo dans la capitale du mouridisme. Mais alors que son inhumation a été annoncée, dans la journée du jeudi, dans un cimetière de Dakar (et certains parlaient même de Yoff), nos capteurs, quant à eux, pensent savoir que Serigne Mbaye a été enterré à Thiès. Mais c’est à Mbacké qu’une folle rumeur a fait sortir toute la population tard nuit du vendredi à samedi.
En effet, vers 2 heures du matin, c'est après le passage d'un cortège composé d'un véhicule 4X4 et d'un taxi «7 Places», avec un cercueil sur le porte-bagage, vu par deux personnes dans la ville que l’alerte a été donnée. Le cortège a été aperçu par la famille «Mboussobé», qui est la gardienne des cimetières de Mbacké, située à l’entrée de la ville. Un appel a été aussitôt lancé via la radio de la mosquée de la ville pour demander à toute la population de sortir pour empêcher une infamie. Et le plus inquiétant, c’est que dans l’appel fait aux populations, les religieux ont expressément demandé de sortir avec des armes. Gourdins, sabres, bâtons, pistolets, couteaux, coupe-coupe… rien n’était de trop. Et comme une traînée de poudre, l’info est passée.
Et c’est des centaines et des centaines de personnes qui ont aussitôt envahi les rues de Mbacké, rapportent nos capteurs, armées jusqu’aux dents, pour une chasse au cercueil. La battue a duré jusqu’au petit matin. Mais rien. Personne n’a pu revoir le cortège en question, encore moins le cercueil supposé être celui du «Goorjigeen» Serigne Mbaye. Mais si la psychose a eu un tel effet, c’est aussi parce qu’à Mbacké, on n’a pas l’habitude d’inhumer les morts la nuit. Cependant, la grande question, celle que bien des Mbackois se posent désormais, c’est de savoir ce qu’il adviendra des homos qui vivent dans le département le jour où ils décéderont si les mentalités ne changent pas ? Car «nak», des «Goorjigeens», il y en a beaucoup à Mbacké. Et ils sont même connus de tout Mbacké. Ils vivent avec la population qui connaît bien leur statut.
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