JUSTICE: Le parquet invité à plus d’humanité "dans la gestion de la liberté"
Vendredi 17 Novembre 2017
Le bâtonnier de l’Ordre national des avocats, Me Mbaye Guèye, a invité jeudi à Dakar les acteurs de la justice, les chefs de parquet en particulier, à "être plus humain et moins mécanique dans la gestion de la liberté".
"Il faut rétablir l’équilibre dans la balance, le Sénégal, pays de droit, ne doit pas se faire rattraper alors que les autres pays travaillent dans le sens d’améliorer les libertés", a-t-il plaidé devant les participants à la conférence annuelle des chefs de parquet, ouverte le même jour.
Il a proposé aux participants de voir si "les pratiques anciennes doivent être maintenues lorsqu’on parle de liberté de la personne", avant de les inviter à "faire attention aux sentiments d’absence de liberté ou d’injustice", au bout d’une longue plaidoirie devant le garde des Sceaux, ministre de la Justice.
Me Mbaye Guèye, dans un rôle d’avocat des justiciables de manière générale, a appelé les "hommes de droit et de justice à rétablir la balance et à être plus regardant sur la liberté du citoyen". "Le peuple vous écoute, j’en suis persuadé", a-t-il dit à l’endroit des procureurs.
Le bâtonnier de l’Ordre national des avocats a par ailleurs évoqué le projet de loi devant garantir la présence de l’avocat dés les premières heures de la garde à vue, regrettant que le Sénégal n’ait pas pris les devants sur cette question par le biais d’une "législation nationale".
Il y a quelques temps, a-t-il expliqué en s’adressant au ministre de la Justice, existait "un projet de loi pour la présence de l’avocat à la garde à vue, mais le parquet a marqué une opposition véhémente que je n’ai pas compris du tout".
Pourtant, "c’est un projet qui devait améliorer les conditions de garde à vue’’, selon Me Mbaye Guèye. ’’Aujourd’hui, l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) a un projet similaire, mais le Sénégal vient de rater l’occasion de prendre les devants pour introduire dans sa législation nationale une telle innovation", a indiqué l’avocat.
L’organisation d’une journée avec les chefs de parquet avait permis d’arriver à un consensus pour matérialiser cette loi mais depuis, "aucune suite", a déploré le bâtonnier.
"Une visite dans un poste de police, une brigade de gendarmerie ou une prison permet de se rendre compte que cela n’est pas évident d’être dans une posture de détenu. On ne peut pas envoyer une personne en prison sans l’entendre ou entendre son avocat, c’est un minimum", a-t-il fait valoir.
Interpellé sur toutes ces questions dont celle portant sur la présence de l’avocat dès les premières à la garde à vue, le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a assuré au bâtonnier qu’ensemble, les acteurs concernés vont "très vite trouver les modalités pour l’application consensuelle et apaisée de cette mesure".
La conférence annuelle des chefs de parquet, réunissant procureurs généraux et procureurs des Tribunaux de grande instance venus de toutes les régions, porte cette année sur le thème "L’action publique et la détention préventive".
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