Décompte des victimes : Pourquoi il est difficile d’avoir le bilan officiel des Sénégalais morts à La Mecque
Pour beaucoup, le défaut de bilan officiel des Sénégal morts à La Mecque est à mettre sous la responsabilité du Commissariat général au pèlerinage. Mais, la réalité du terrain prouve le contraire. Ou presque. L’Observateur décrypte, dans sa livraison du jour, la situation cahoteuse de ces événements.
Le reproche est national, les attaques acerbes. Face au drame de Mouna qui émeut au-delà de la Oummah Islamique, avec ses 769 morts, le dernier décompte des autorités saoudiennes, plusieurs voix se sont élevées, officiellement ou officieusement, pour dénoncer l’incapacité présumée du Commissariat général au pèlerinage à La Mecque à donner les vrais chiffres de la tragédie, côté sénégalais, bien sûr. A tempérer un tant soit peu l’inquiétude des familles des pèlerins qui ne dorment plus depuis jeudi dernier, après la terrible annonce de la bousculade de Mouna. Et, même si un bilan provisoire a été dressé (5 morts, 37 disparus), beaucoup continuent de réclamer la tête du Général Amadou Tidiane Dia, chef de la délégation sénégalaise. Mais peu, ou presque, savent pourquoi le Commissariat général au pèlerinage à la Mecque peine à livrer aux Sénégalais des chiffres officiels et définitifs. Si la majorité des gens qui interviennent dans la presse depuis lors pointent, sans raison garder, une incompétence avérée de ceux qui sont censés assister les pèlerins sénégalais, la réalité du terrain les dédouanes. Plus ou moins.
Le Sénégal pas seul dans le noir
Le premier écueil sur lequel butent les autorités sénégalaises est celui de l’identification des victimes. Depuis que le drame est survenu, jeudi dernier, les hôpitaux de La Mecque sont débordés. Beaucoup de victimes et blessés n’ont toujours pas été identifiés, en particulier les patients en soins intensifs ou placés sous respiration artificielle. Les pays du monde entier sont mobilisés pour tenter de dresser une liste de leurs ressortissants décédés dans la bousculade meurtrière de jeudi. Des agents consulaires sont envoyés à Mouna pour tenter d’identifier les victimes. Tous les moyens sont utilisés. Les empreintes digitales ont même été fournies aux autorités saoudiennes. De son côté, le ministère saoudien de la Santé a mis une ligne téléphonique spéciale à la disposition du public, mais des proches et amis des personnes disparues disent qu’elle est inutile. Des interprètes en six langues ont désignés pour aider le personnel hospitalier, car la communication est souvent difficile avec les patients dont la plupart est aujourd’hui dans l’impossibilité de prononcer une seule phrase, de dire s’ils sont Sénégalais, Français ou Indonésiens. Et ce serait hasardeux et irresponsable de tenter de les identifier par rapport à la couleur de leur peau d’autant que beaucoup ont perdu leur badge.
L’autre grand problème auquel fait face le Commissariat général, c’est celui de l’accès aux morgues. Pour des raisons administratives, beaucoup de délégations n’ont pas encore vu leurs morts. L’Arabie Saoudite, qui a ouvert une enquête pour élucider les circonstances du drame, a peur qu’en facilitant l’accès aux corps, les familles des victimes et certaines connaissances envahissent les lieux où sont gardées les dépouilles des pèlerins tombés à Mouna. A cela, s’ajoutent les difficultés de s’enquérir du sort des portés disparus et la crainte d’annoncer des décès qui n’en sont pas comme le cas d’Aïda Ndiaye Bada Lô, annoncée pour morte sans aucune preuve.
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