Remporter la bataille de Dakar ! C’est ce challenge presque titanesque que la coalition Benno Bokk Yakaar doit relever au soir du 30 juillet prochain. Tout en haut, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, en tant que tête de liste.
Parce que le Chef de l’Etat, Macky Sall ne peut plus supporter les défaites successives dans la capitale sénégalaise. Après les élections municipales de 2014 où, tel un ouragan, Takhawu Ndakarou de Khalifa Sall avait tout balayé sur son passage, le maire de Dakar avait administré une deuxième défaite à la coalition présidentielle lors des élections pour le Haut Conseil des Collectivités Locales (HCCT).
Même s’il faut aussi relever que l’ancien secrétaire chargé de la vie politique au Parti Socialiste n’a pas été suivi par les Dakarois lors du référendum où il avait appelé à voter NON.
Face à cet état de fait, le Président de la République a misé sur… Amadou Bâ pour conduire la liste de Dakar. Un choix verrouillé dont seul Sud Quotidien avait eu la primeur lors d’une folle soirée de dépôt des listes qui a donné lieu à toutes les rumeurs.
Bâ va devoir s’appuyer sur Marie Thérèse Aida Seck, Abdoulaye Diouf Sarr (maire de Yoff, APR), Marie Pierre Faye, Jean Baptiste Diouf (maire de Grand Dakar -PS), Juliette Zinga (PS) et Santi Sène Hagne (Maire de Sicap Liberté, AFP). Mais aussi sur l’entrée en lice depuis vendredi, de la star planétaire, Youssou Ndour.
Vaincre ou périr
Gagner Dakar reviendrait à réaliser les douze travaux d’Hercule tellement l’ancrage de Khalifa Sall est profond. Pis, sa condamnation met davantage de pression sur les épaules des candidats de la liste départementale de BBY que si le maire de Dakar était libre de ses mouvements.
Même si le président de la République croit le contraire. Lors d’une rencontre au Palais, Macky Sall sur un ton menaçant aurait déclaré à l’endroit de ses lieutenants, «qu’il était hors de question de perdre face à une liste menée par quelqu’un (Khalifa Sall, Ndlr) qui n’a pas sa liberté de mouvement».
Pourtant l’emprisonnement du maire de Dakar qualifié par certains, à tort ou à raison, d’abus de pouvoir et de règlement de compte, pourrait créer une certaine empathie pour la tête de liste de la coalition Mankoo Takhawu Senegaal. Qui disait que les Sénégalais adulent des «victimes». N’oublions pas non plus qu’être en prison ne fragilise pas forcément un candidat surtout s’il est de la trempe de Khalifa Sall. De surcroit au 21ème siècle où les moyens de communication ne cessent de se développer.
D’ailleurs au début des indépendances en Afrique, c’est à partir de la prison que Kwame Nkrumah du Ghana avait suivi la campagne électorale. La suite est connue. Il en sortira pour atterrir au palais. On nous dira que le contexte est différent. Mais…
L’unité, la force du BBY
Toutefois, il faut reconnaître que la force de Benno Bokk Yakaar réside dans son unité. Clairement affichée. A moins qu’elle soit une simple hypocrisie connue chez les hommes politiques qui ne disent jamais ce qu’ils font et qui ne font jamais ce qu’ils disent. Toutefois, la fédération de leurs forces pourrait se transformer en un véritable ouragan pour remporter les sept sièges en jeu.
Surtout, avec le mode scrutin sur la départementale. C’est un scrutin majoritaire à un seul tour communément appelé «Raw Gaddu».
Abdoulaye Diouf Sarr et Amadou Bâ semblent l’avoir compris en décidant de travailler la main dans la main. Une union des cœurs qui devrait prévaloir sur la querelle du leadership qui leur a valu des déconvenues lors des précédentes élections. Mais au-delà chaque leader doit remporter la bataille de sa base. La plus difficile sera sans nul doute celle devant opposer Amadou Bâ à Moussa Sy aux Parcelles assainies.
Un duel très attendu surtout pour l’argentier de l’Etat qui, même s’il n’arrête plus d’aligner les bonnes notes selon la Banque Mondiale et le FMI notamment au niveau de la croissance économique du Sénégal et via le Plan Sénégal Emergent (PSE), doit prouver qu’il est aussi bon politiquement.
Pour un «novice», sa méthode n’est pas si mauvaise. Investir les ASC, c’est viser la jeunesse. Son autre cible serait les mosquées. Donc, le troisième âge qui ne rate jamais une opportunité d’accomplir son devoir civique. Ici ou ailleurs.
En cas de victoire…
Une victoire de BBY propulserait Amadou Bâ vers les sommets. La plupart des analystes politiques en sont convaincus. Certains parlent de la station primatoriale, d’autres verraient en lui, le successeur de Macky Sall en cas de second mandat en 2019. Mais, nous n’en sommes pas encore là. Il ne faut surtout pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Surtout qu’une victoire de la coalition de BBY à Dakar ne ferait pas que des heureux dans le camp présidentiel. Le cas échéant, elle serait synonyme de la mort politique de certaines pontes. La victoire de BBY ferait aussi de l’actuel ministre de l’Economie, des Finances et du Plan le «patron» de Dakar. Même s’il faudrait qu’il gagne les Parcelles d’Assainies d’abord. Et que chaque leader gagne dans son fief. Yakham Mbaye à Rebeuss, Diouf Sarr à Yoff, Djibril War à Biscuiterie, Seydou Guèye, Sidy Same et autre Maïmouna Ndoye Seck à la Médina etc.
…Et en cas de défaite
Un tel scénario pourrait aussi être envisagé. S’il se produit, il pourrait signer la mort politique des investis sur la coalition départementale de BBY. D’autant plus que le ministre Amadou Bâ n’occupe pas encore de poste électif. Au contraire de Diouf Sarr (maire de Yoff), Santhi Sène Hagne (maire de Sicap Liberté), Jean Baptiste Diouf (maire de Grand-Dakar).
Des rumeurs les plus loufoques font d’ailleurs état de la volonté occulte du Chef de l’Etat de «liquider» son ministre des Finances qui ne cesse de marquer des points aux yeux des bailleurs et aurait de plus en plus d’ambitions politiques.
Sachant que Dakar est un bastion imprenable, il aurait décidé de l’envoyer à la… guillotine. Il appartient alors à Amadou Bâ de relever ce Kolossal défi. Rendez-vous vous au soir du 30 juillet !