CONSEQUENCE DE LA CONJONCTURE OU EFFET DE MODE: LES FILLES DÉFILENT CHEZ LES TANGANAS
Jadis exclusivement réservés aux noctambules et aux Sénégalais lamda, les tanganas sont aujourd’hui fréquentés par de nouveaux types de clients. Les filles ne se gênent plus à user un peu de charme et des coudes pour déguster ces délices culinaires assez particulières des chefs cuisiniers innovants communément appelés les «Maïgas».
L’effet «tanguisch» est en marche. Et les défilés de jeunes filles dans ces lieux en disent long. Elles n’hésitent plus à soulever les rideaux des «Maïgas» pour goûter au tangana. Aux ææHlm Grand-Yoff, à quelques encablures de la mairie de ladite localité, une trentaine de personnes attendent, groupées, qu’un client termine de manger pour que l’une d’entre elles puisse prendre sa place.
Parmi ces dernières, plus d’une quinzaine de filles essayent de se frayer un chemin pour entrer à l’intérieur du tangana. «Ma commande est-elle prête ? », lance l’une d’elle qui commence à s’impatienter. Elle se fraye un chemin et interpelle une nouvelle fois l’un des faiseurs de ces plats à base d’omelettes, de spaghetti, de pommes de terre, de frites accompagnés de brochettes de viande selon la gourmandise du client.
«Je suis là depuis un bon moment et des gens qui viennent d’arriver sont servis avant moi. Prépares ma commande sinon je ne bouge pas», menace la demoiselle. Sourire aux lèvres, le «Maïga» écrase avec la manière 2 œufs pour en faire des omelettes. Un jeune homme qui a fini de manger cède sa place à la fille. Elle s’appelle Mariama, elle fré- quente les tanganas depuis 3 mois. «Je viens souvent ici. Il y a un an, je ne pensais pas entrer dans un tangana.
Maintenant, je suis devenue accro de ces mets qui sont simples à faire mais qui ont un goût assez spécial», a-t - elle expliqué, la mine joyeuse. Des cadres d’entreprises chez «tanguisch» Mariama est une jeune cadre dans une entreprise de la place. Tous les jours, à 22 heures, elle quitte son domicile en voiture pour venir déguster ces plats. Elle avoue:
«Au delà de l’aspect culinaire, c’est aussi l’ambiance qui règne dans ce lieu qui m’attire. Ici, les gens sont parfois d’une approche facile et on ne sent pas la différence du niveau de vie social. Qu’on soit riche ou pauvre, on est traité de la même façon. Les gens vous parlent sans détours comme si vous vous connaissiez depuis longtemps. Tu peux crier pour faire ta commande comme je viens de la faire ça ne dérange personne».
Avec agilité, elle attrape le plat que le «Maïga» vient de lui servir, réajuste ses cheveux naturels et invite tout le monde à manger en ces termes : «kaaye lééne niou xeewelou». De l’autre coté, des adolescents discutent de l’issue du combat entre Balla Gaye 2 et Eumeu Séne en attendant d’être servis. Quatre d’entre eux sont des filles.
Aicha qui visiblement semble être la plus âgée explique leur présence dans les lieux. «On vient ici presque tous les jours parce que le coût de la restauration est beaucoup plus abordable. Là, on mange des dé- lices en qualité et en quantité et à des prix imbattables. Par exemple, ce soir, avec 2000 fcfa, mes amis et moi, nous allons manger à notre faim», argueelle.
Assis à côte d’elle, Moussa, l’un des garçons, soutient son argumentaire: «On ne se plaint pas parce que dans les tangana avec 700 fcfa, tu peux manger avec ta copine». Avant d’ajouter: «Je n’ai plus besoin d’économiser toute une semaine durant pour inviter ma copine au restaurant le samedi».
Chez «Mathiou», un tangana, sis aux Parcelles assainies, un groupe de filles aux habillements très sexy, attire l’attention. Elles s’apprêtaient à prendre un taxi pour une soirée mais elles n’ont pas su résister à l’odeur épicée et piquante qui s’échappe des rideaux noircis par la fumée des poêles de cuisson.
L’endroit est étroit et malgré la chaleur exécrable et étouffante, ces filles se sont entassées aux cotés des hommes pour faire leurs commandes. L’air taquin, un jeune garçon propose de payer la commande de Khoudia qui accepte. La discussion est lancée ouvrant ainsi la voie aux autres qui essayent de draguer le reste de la bande de Khoudia.
Les débats font rage. On parle de tout et de rien. Les éclats des rires fusent de partout et étouffent le craquement des œufs que Mathiou écrase. D’un coup de maître, il bat le blanc et le jaune des œufs qu’il mélange avec une poignée de main d’oignons tranchés et du poivre avant de verser le tout dans de l’huile chauffé pour en faire des omelettes.
Le reste, c’est un jeu d’enfant pour ce jeune cuisinier. Qui, en quelques minutes sert ses clientes. Ces dernières y ajoutent de la moutarde, du poivre, du ketchup et du piment à volonté. Avec deux fourchettes Khoudia mélange le contenu de son plat et le met dans la bouche. Une première bouffée, elle s’exclame :«Humm, c’est bon !». Sans complexe, ces filles mangent chacune à sa manière. «Maintenant, on peut aller danser et après la soirée, on va revenir prendre une autre dose avant de se coucher», disent-elles, en chœur.
Cette entrée inopinée de ces belles créatures importune les habitués de ces lieux comme ce vieux taximan âgé d’une cinquantaine d’années. «Elles commencent à nous envahir », se plaint-il.
Les cheveux blancs, Seydina Fall pense que depuis que l’un des «Maïga» a joué un rôle dans une série télévisée, les filles coquettes ont pris d’assaut les tanganas. Ils sont parfois obligés d’attendre qu’elles partent pour pouvoir savourer les plats comme avant, a-t-il fait savoir, sous le rire moqueur de ces belles filles. Comme pour dire le temps passe les habitudes demeurent.
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