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Un tour dans différents endroits où on est censé trouver la ressource (marché, poissonnerie, et quais de pêche), nous a permis d’en savoir plus. 8H00 au débarcadère des pêcheurs de Yoff, dans cet endroit se trouve également le marché de poissons où les Lébous se retrouvent tous les matins, pour acheter ou vendre du poisson frais. A cette heure de la matinée, on est accueilli par le doux souffle d’un vent glacial, accompagné de l'odeur maritime, un peu l’atmosphère de cette belle partie de Dakar où l’implantation d’une belle plage aurait bien sa place. En face de nous, se place un quai de pêche peu propre et digne de son nom : pirogues, caisses à poissons, étals, frigos endommagés campent le décor de ce marché aux poissons.
Dans ce marché, le marchandage bat son plein entre vendeuses et acheteurs. De l’autre côté, se trouve le débarcadère des pêcheurs de Yoff, un endroit qui dégage une odeur nauséabonde des produits maritimes en décomposition. Une situation qui ne dérange nullement les travailleurs de Yoff où l’odeur des ordures d’à côté ne gêne certainement non plus. Dix minutes après notre arrivée, nous assistons à l’arrivée des pêcheurs qui étaient partis depuis l’aube. Les mareyeuses qui n’arrêtaient pas de scruter l’horizon se lèvent pour aller à leur rencontre. Quelques poissons dans le fond de la barque. Apparemment, la pêche n’a pas été bonne.
Interpellé, Thierno Ndoye, un jeune pêcheur explique: «D’habitude, en période de froid, les ressources halieutiques sont abondantes, mais c’est un peu étonnant maintenant. Depuis quelque temps, les poissons sont rares. Cela peut s’expliquer d’une part par l'instabilité du climat, le courant électrique qui provoque une marée haute dont la traversée devient dangereuse, d’autre part l’effet du vent provoque également un trouble qui change l’eau de la mer, ce qui peut faire fuir ou tuer les poissons. Sans compter les filets utilisés par certains qui pratiquent la pêche de façons illégale».
La Sardine, le «Beur », le «Yakh» presque introuvables
Même son de cloche du côté de Makhtar Thiam alias Alain : «La situation est très difficile pour nous. Le poisson est tellement rare qu’on est obligé d'aller en pleine mer pour se procurer de bonnes ressources halieutiques. Et les seules poissons, en ce moment, sont en petite quantité. Ce sont woys, youfoufs, Diaye entre autres poissons». Poursuivant, il souligne: «Pour retrouver le prix du carburant, le carton doit nécessairement se vendre entre 15.000 et 20.000 francs Cfa. Concernant la sardine, presque introuvable, le carton passe de 15 000 à 30.000 fcfa. Et les autres comme le beur, le seude, yakh, n’en parlons plus parce que les prix ont explosé. Si on ne vend pas à 100.000 francs Cfa le carton, on ne s’en sortira pas».
Toujours, selon notre interlocuteur:«Le poisson est rare même en période de chaleur pourtant, on est des soutiens de familles. Les dépenses quotidiennes ne tardent pas à se poser, on dépend de cette profession et la vie devient de plus en plus chère. Nous sommes obligés d'aller en mer à six heures du matin pour revenir l'après-midi vers 16h».
La situation imputée aux Ape
Malgré la baisse du prix du carburant, les pêcheurs ne cessent de se plaindre. Ils imputent cette rareté des ressources halieutiques aux Accords de partenariat économique (Ape) signés entre les Etats africains et l’Union européenne. «Les côtes africaines sont surexploitées pour alimenter l’Europe en produits de mer. Les méthodes de pêche varient selon les origines des pêcheurs», ont indiqué Alain et ses amis qui n'ont pas manqué de déplorer la pêche à l'explosif qui selon eux gâte de plus en plus de l’environnement maritime.
Par ailleurs, si le chiffre d’affaires des pêcheurs baisse, la situation devient pire chez les détaillants qui achètent et qui revendent. D’après Fatou Fall, vendeuse détaillante, «la situation devient de plus en plus pire chez nous qui achetons en détail et qui devrons nécessairement revendre cher pour s’en sortir. Cependant les choses seront compliquées, car nos clients n’accepteront pas qu’on augmente les prix habituels».
Pour cela, elle a indiqué: «Les clients doivent nous comprendre, car les prix du poisson varient en fonction du prix de vente des pêcheurs. Nous achetons le carton de certaines variétés de poissons à 20.000 ou 25.000 francs, donc nous ne pouvons les vendre qu'à 1500 ou 2000 francs le kilo pour tirer un bénéfice». Aussi, a-t-elle ajouté que «la demande dépasse même l’offre, et les mareyeuses restent strictes par rapport aux prix. Donc, on n’a pas le choix, pour se tirer d’affaire en cette période de crise financière, on se cotise ou on fait des prêts pour entretenir une complicité totale avec les mareyeurs afin qu'ils soutiennent notre petit commerce. Cela nous permettra parfois de prendre le produit à crédit pour le payer après écoulement.Une situation qui se complique parfois, car il arrive qu’on se retrouve face au niet des pêcheurs qui sont eux aussi des victimes de la crise économique».
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