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L’époque de l’étudiant militant est révolue. Entre 1960 et 1980, fait remarquer Mamadou Albert Sy dans son ouvrage « Ucad cinquante ans après : les mutations profondes de la communauté universitaire », le mouvement syndical étudiant a été très politique. Cela s’expliquait, selon lui, par le fait que « le pôle de gauche ou la gauche révolutionnaire en général était très influent dans les mouvements étudiants ».
Ce degré très élevé de la politisation des étudiants et l’engagement des responsables aux côtés des leaders de partis ne sont pas sans rapport avec les nombreuses grèves à l’époque. Pour certains, le mouvement étudiant de ces années-là a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de l’actuelle Ucad. En effet, il a produit des leaders politiques charismatiques et des syndicalistes chevronnés. De nombreux universitaires ont été formés dans le cadre du mouvement étudiant. « Donc, jusqu’en 1980, le mouvement étudiant était combatif. Il était assez proche des préoccupations politiques, comme la démocratie, le soutien aux luttes des peuples. C’était l’époque de l’étudiant militant, de l’étudiant nourri aux grandes idéologies du changement », écrit Mamadou Albert Sy.
Mais, à partir de 1980, une rupture va s’opérer. L’essoufflement idéologique du mouvement syndical étudiant est observable avec la disparition de l’Union nationale patriotique des étudiants du Sénégal et de l’Union des étudiants de Dakar.
L’heure des revendications pécuniaires
Le mouvement étudiant n’est plus mobilisable autour des questions de société. Il s’active plus autour du social et devient moins politique, mais plus économique, plus social, plus culturel, plus religieux. Bref, il est moins idéologique. « Tout part du social et tout revient au social ». Conséquence : le mouvement syndical étudiant est désormais porté par les amicales, les coordinations d’étudiants et les bonnes volontés de l’espace social.
Cependant, les amicales, il faut le souligner, avaient toujours cohabité avec les syndicats. Les premières intervenaient sur le plan académique en s’occupant des intérêts matériels et moraux des étudiants, tandis que les seconds avaient la particularité d’être un instrument politique.
Il ne faudra pas attendre longtemps pour que ce mouvement, désormais incarné par les amicales, connaisse une crise. La récurrence de la dimension sociale dans les doléances pousse l’Etat, à en croire M. Sy, à adopter la stratégie du laisser pourrir les grèves et à ne jamais respecter ses engagements. « C’est ce cercle vicieux qui a probablement affaibli l’unité du mouvement étudiant et favorisé le fossé entre les responsables et leur base perdue dans un cycle infernal de grèves ». Deux années blanches en moins de dix ans, le redoublement et la galère sociale dans le campus social se sont conjugués pour saper les bases du mouvement revendicatif étudiant.
Le malaise des amicales
Depuis 2000, coïncidant avec la survenue de l’alternance, les revendications du mouvement étudiant sont devenues purement économiques. A cela s’ajoute le fait que les positionnements des syndicats obéissent désormais à des logiques de groupes tissées dans un même es- pace pédagogique, dans le territoire de la communauté villageoise, de la commune ou de la région.
L’appartenance à la même communauté religieuse, culturelle et linguistique se greffe sur ces liens de camaraderie. « Ce n’est plus l’appartenance à des organisations politiques divergentes par leur projet de société ou par leur démarche syndicale de gestion des problèmes sociaux et académiques qui crée les clivages entre les étudiants ». Aujourd’hui, un malaise s’est installé dans les rangs des amicales. La lutte pour le contrôle des amicales, source de financement et pourvoyeuse de privilèges pour ceux qui les dirigent, a fini de plonger l’Ucad dans un cycle infernal de violence. Reconnues légalement, a priori espace d’expression, les amicales cachent, en réalité, des intérêts inavoués à l’origine de nombreuses batailles rangées, comme celles qui se sont déroulées en 2008 à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines. Faire le bilan du mouvement syndical étudiant est devenu une nécessité vitale pour la survie de l’université.
SENEPLUS