VIATIQUES: Quelques principes de vie signés Nelson Mandela
Le premier président noir d’Afrique du Sud, Nelson Mandela, icône de la lutte anti-apartheid et apôtre de la réconciliation dans son pays, inhumé dimanche à Qunu, village de son enfance, auprès de sa mère et de trois de ses enfants, a tiré des épreuves qu’il a endurées, des combats menés – gagnés ou perdus – des leçons de vie qui peuvent presque toutes être considérées comme autant de viatiques.
Ces principes, forgés au cours d’une vie de luttes, cimentent et prolongent la vision politique d’un homme épris de liberté, de justice et de respect de la dignité humaine. En voici quelques uns, extraits pour la plupart de son autobiographie :
--‘’J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre’’. Extrait de l’autobiographie ‘’Un long chemin vers la liberté’’ (Fayard, 1995, P. 752)
--‘’J’ai toujours su qu’au plus profond du cœur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. Même aux pires moments de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher mais qu’on ne peut jamais éteindre.’’ (‘’Un long chemin vers la liberté’’, P. 753)
--‘’Dans la vie, tout homme a des obligations doubles – envers sa famille, ses parents, sa femme et ses enfants, et envers son peuple, sa communauté, son pays. Dans une société civile et humaine, chaque homme a la possibilité de remplir ses obligations en accord avec ses goûts et ses capacités’’. (‘’Un long chemin vers la liberté’’, P. 753)
--‘’J’ai parcouru ce long chemin vers la liberté. J’ai essayé de ne pas hésiter ; j’ai fait beaucoup de faux pas. Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose m’attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin’’. (‘’Un long chemin vers la liberté’’, P. 756)
--‘’Un homme qui s’élève au sommet du pouvoir, dans n’importe quel pays, doit être un homme de talent, une personnalité vigoureuse et droite dans sa vie publique’’ (Extrait du manuscrit autobiographique inédit écrit en prison (Conversations avec moi-même, P 167)
--‘’Les idéaux que nous portons dans notre cœur, nos rêves les plus chers et nos plus fervents espoirs ne se réaliseront peut-être pas de notre vivant. Mais là n’est pas la question. Le fait de savoir que durant ta vie tu as fait ton devoir, que tu as été à la hauteur des attentes de tes camarades est en soi une expérience gratifiante et une réussite superbe’’. (Lettre à l’activiste anti-apartheid Sheena Duncan, datée du 1-er avril 1985, citée dans +Conversations avec moi-même+, Edition de la Martinière, 2010)
--‘’Les problèmes qui agitent aujourd’hui l’humanité exigent des esprits formés, et l’homme déficient à cet égard est comme un infirme, parce qu’il ne possède pas l’outillage intellectuel nécessaire pour s’assurer succès et victoire au service du pays et du peuple. Vivre une vie ordonnée et disciplinée, délaisser les plaisirs tapageurs qui attirent les garçons ordinaires, travailler dur et systématiquement à tes études tout au long de l’année, tout cela t’apportera de grandes récompenses, ainsi que le bonheur personnel’’. [Lettre à son fils, Makgatho, datée du 28 juillet 1969, reprise dans +Conversations avec moi-même+ (Edition de la Martinière, PP 190-191)].