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Cette première séance, qui est la suite de la réunion en huis clos des leaders dimanche, est fermée aux médias, contrairement à la séance suivante, plus cérémonielle, pendant laquelle l’actuel président de l’Union africaine, le Tchadien Idriss Déby passera la main à son successeur. Le nouveau président de l’UA sera sans doute issu de l’Afrique de l’Ouest, règle de rotation régionale oblige. On cite le nom du Guinéen Alpha Condé. C’est seulement dans le courant de l’après-midi que les chefs d’Etat plancheront sur les dossiers brûlants à l’ordre du jour, commençant par les élections tant attendues du chef de la Commission et de son adjoint, suivie de la désignation des huit commissaires chargés des différentes activités de l’Union africaine. A 10, le président, le vice-président et les commissaires constitueront le véritable gouvernement du continent, mais dont l’exercice du pouvoir est étroitement contrôlé par les 54 chefs d’Etat, peut-être 55 si le Maroc réussit à arracher son réintégration pendant ce sommet.
L’élection du successeur de la présidente sortante Madame Nkosazana Dlamini-Zuma est une question qui revient sur le tapis de nouveau, après l’échec des 54 au dernier sommet à Kigali à trouver un président crédible parmi les trois candidats en lice. Cette fois, les candidats sont au nombre de cinq, dont deux survivants de la dernière campagne. Les cinq candidats sont l'Equato-Guinéen Agapito Mba Mokuy et la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi qui étaient déjà sur le starting-block l’année dernière et trois nouveaux candidats: le Sénégalais Abdoulaye Bathily, le Tchadien Moussa Faki Mahamat et la Kényane Amina Mohamed Jibril.
D’intenses marchandages entre Etats et blocs régionaux sont en cours depuis l’ouverture du sommet le 22 janvier. Selon la Constitution, le candidat ou la candidate devrait obtenir deux tiers des voix pour être élu. D’après une source bien renseignée, les chefs d’Etat n’ayant pas réussi à trouver un candidat de compromis, il est fort possible qu’on aille vers une présidence « intérimaire », tout en sachant que la présidente sortante ne pourra guère assurer cet intérim car elle est en campagne dans son pays, en Afrique du Sud, pour l’élection du chef de l’ANC prévue à la fin de l’année en cours. Si elle est élue en décembre à la tête du parti de Nelson Mandela, elle a toutes les chances de devenir en 2018 la présidente de l’Afrique du Sud.
Rivalités Nigeria-Algérie
Si l’élection du nouveau président de la Commission de l’UA a fait couler beaucoup d’encre depuis l’annonce du départ de Mme Zuma en début 2016, le scrutin le plus important concerne sans doute le renouvellement attendu à la tête du commissariat chargé de paix et de sécurité. C'est un département majeur en raison de l’ère de terreur et d’insécurité grandissante que traverse le continent africain depuis quelques années. Ce département chapeaute les questions de la défense du continent et supervise les missions de l’UA pour la prévention des conflits et le soutien à la paix (Somalie, République centrafricaine, le Sahel). La défense a pris une envergure importante au sein de l’UA pendant le mandat de Mme Zuma à cause de l’accent mis sur le leadership africain dans la gestion des crises sur le continent. Ce que certains appellent, « solutions africaines aux problèmes africains ».
Traditionnellement tenu par l’Algérie, le pays dont est issu l’actuel chef du commissariat, Ismaël Chergui, le poste stratégique du commissaire de paix et de sécurité est très convoité, notamment par les puissances majeures du continent telles que l’Afrique du Sud et le Nigeria. Il se trouve que les grandes nations africaines sont aussi celles qui contribuent le plus au budget de l’organisation panafricaine. Cette année, si l’Algérien Chergui est candidat à sa propre succession, il n’est plus le seul candidat. Cinq autres candidats sont en lice : la Mauritanienne Ba Diye Ba, les Malawis Chizumila Rose Tujilane et Geoffrey Mvula, la Burundaise Epiphanie Ntamwana-Kabushemeye, et surtout la Nigériane Fatima Kyari Mohammed.
La candidate nigériane serait la plus sérieuse. Le gouvernement Buhari a fait une campagne intensive pour la faire connaître. Pas moins de cinq comités de haut niveau ont été constitués depuis octobre pour porter la bonne parole chez les alliés régionaux, mais aussi plus loin. « Nous ne disons pas que l’Algérie a mal dirigé le département », explique la postulante nigériane. Forte de l’expérience de collaboration avec les instances de la Cédéao chargées de la sécurité régionale, Fatima Kyari Mohammed propose d’enrichir les projets de défense de l’UA d’un volet prévention. « Le Nigeria peut se targuer d’avoir un bilan plutôt positif en matière de défense et de sécurité à l’intérieur, avec des succès notables, notamment dans sa lutte contre Boko Haram. Et il voudrait partager cette expérience avec les autres pays », ajoute-t-elle.
En face, le candidat algérien fait valoir sa longue expérience de la gestion par l’UA des problèmes sécuritaires à travers le continent. Sa réélection, a-t-il estimé sur les antennes de RFI, permettra d’assurer la continuité en matière de paix et sécurité, alors que la Commission qui va changer de tête verra peut-être de nouvelles priorités venir s’ajouter à son agenda. Selon Liesl Louw-Vaudran, journaliste sud-africaine et chercheur à l’Institut d’Etudes de sécurité (ISS), cette rivalité entre le Nigeria et l’Algérie n’est pas nouvelle, car le Nigeria avait déjà postulé pour ce poste dans le passé afin de mettre fin au monopole algérien dans les domaines de la défense et sécurité, mais sans grand succès jusqu’ici.
Rebondissements dans le dossier marocain
La demande d’adhésion du Maroc à l’UA est aussi à l’ordre du jour de l’Assemblée des chefs d’Etat de ce 30 janvier. Alors que ces derniers jours, le retour du Maroc au sein de l’institution panafricaine semblait acquis, les observateurs ont assisté au surgissement de nouvelles interrogations sur le dossier.
Tel Quel.ma, un site marocain d’information, a évoqué la saisine de la Commission par un groupe de pays, l’appelant à vérifier la légalité de la demande d’adhésion marocaine. Si la Commission accède à cette demande, le retour du Maroc serait retardé d’au moins de six mois, faisant perdre la face au souverain chérifien Mohammed VI, présent sur le sol éthiopien pour fêter la réintégration. Tout au long de dimanche, les couloirs ont bruit de rumeurs sur le dossier marocain. Un dossier brûlant qui a le potentiel de perturber les travaux du 28e sommet de l’Union africaine.