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La structure sanitaire souffre également d’une organisation qui l’a transformé en une entreprise à la recherche de profits où les patients sont devenus des clients a fait observer le sociologue.
"L’hôpital est géré comme une entreprise avec une logique de rationnaliser les ressources, d’équilibrer les besoins et d’accroître les recettes avec des objectifs chiffrés à atteindre, reléguant la mission médicale à la périphérie", a analysé Dr. Tine.
Benoit Tine, par ailleurs chef de département de sociologie à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ, sud) intervenait au colloque international sur le Code des obligations civiles et commerciales (COCC) organisé en partenariat avec l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
Axée sur le thème général "Le code des obligations civiles et commerciales : 50 ans après", cette rencontre de trois jours a réuni des universitaires sénégalais et d’autres chercheurs de "renom" venant du Cameroun, du Canada, de la République démocratique du Congo, du Togo, de la France, etc. pour échanger sur les enjeux du COCC.
Introduisant une thématique intitulée "L’entreprise sénégalaise aux urgences : entre patrimonialisme et modernisation", Dr Benoit Tine a partagé avec le public une étude qu’il est en train de mener sur les obstacles à la modernisation de l’hôpital sénégalais.
"Le malade n’est plus un patient. Il devient un client. La mission médicale est devenue secondaire. Le curseur est déplacé d’un cœur de métier qui est la santé à l’administration et les services rattachés. Les hôpitaux sont appelés à faire des recettes en mettant en place des services pour trouver un budget supplémentaire", a-t-il rapporté.
Disant vouloir apporter "une approche de sociologue" devant un parterre de juristes et d’étudiants en droit, Dr Benoit Tine a surtout insisté sur les "tares comportementales" de certains acteurs avec la complicité des populations pour mieux décrire l’environnement hospitalier.
"Il est parfois nécessaire de laisser de côté les termes techniques qui ne parlent pas à la grande masse et d’user un vocable qui touche la réalité quotidienne comme +Wiri-Wiri+ (raccourcis ou bras longs), +Dolli lor+ (En rajouter à la douleur), +Khar matt+ (cumuler les petits boulots), +Raass Raasatou+ (Racler les restes) ou encore +Dialgati+ (Brûler les étapes)", a-t-il avancé.
"Au cours de l’enquête, je vois des médecins qui parlent aux parents d’un patient déjà mort en leur disant qu’il faut acheter tel médicament. C’est ce que j’appelle le +Raass Rasatou+ c’est-à dire racler les restes. Ce médecin aura profité du désarroi des parents qui ont déjà mis la main dans la poche alors que leur patient est déjà décédé", a révélé le sociologue.
Devant un panel composé principalement de juristes et de spécialistes venant de divers horizons, Dr Tine a invité les autorités et les acteurs concernés à "faire le point" de la réforme hospitalière qui "a fini de détruire l’hôpital sénégalais".
"Le mal dans notre pays est qu’on fait dérouler beaucoup de politiques et de programmes, mais on ne s’arrête jamais à un moment pour faire le bilan. Nous faisons souvent un tâtonnement, un pilotage à vue. On ne fait pas dans le suivi-évaluation pour rectifier, réajuster et avancer", a-t-il déploré.
Il a invité à un retour à "l’orthodoxie médicale en respectant le serment d’Hippocrate parce qu’un hôpital qui devient une entreprise où les patients sont traités comme des clients nous éloigne de la normalité des choses".
Partant de l’exemple de l’environnement hospitalier, Dr Tine a fait remarquer que le bien public est "pris en otage" par certaines personnes qui profitent de leur position pour "privatiser" le service public. "Dans un guichet ou un service administratif, des agents publics se comportent comme s’ils sont dans une structure qui leur appartient", s’est il désolé.
Partant d’un principe de démocratiser la connaissance par la production d’études universitaires qui touchent la réalité quotidienne des populations, le chef du département de sociologie de l’UASZ a invité chaque sénégalais à "interroger ses pratiques au quotidien" parce qu’il reste du chemin à faire vers cette ’’émergence tant chantée’’.
"L’hôpital est géré comme une entreprise avec une logique de rationnaliser les ressources, d’équilibrer les besoins et d’accroître les recettes avec des objectifs chiffrés à atteindre, reléguant la mission médicale à la périphérie", a analysé Dr. Tine.
Benoit Tine, par ailleurs chef de département de sociologie à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ, sud) intervenait au colloque international sur le Code des obligations civiles et commerciales (COCC) organisé en partenariat avec l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
Axée sur le thème général "Le code des obligations civiles et commerciales : 50 ans après", cette rencontre de trois jours a réuni des universitaires sénégalais et d’autres chercheurs de "renom" venant du Cameroun, du Canada, de la République démocratique du Congo, du Togo, de la France, etc. pour échanger sur les enjeux du COCC.
Introduisant une thématique intitulée "L’entreprise sénégalaise aux urgences : entre patrimonialisme et modernisation", Dr Benoit Tine a partagé avec le public une étude qu’il est en train de mener sur les obstacles à la modernisation de l’hôpital sénégalais.
"Le malade n’est plus un patient. Il devient un client. La mission médicale est devenue secondaire. Le curseur est déplacé d’un cœur de métier qui est la santé à l’administration et les services rattachés. Les hôpitaux sont appelés à faire des recettes en mettant en place des services pour trouver un budget supplémentaire", a-t-il rapporté.
Disant vouloir apporter "une approche de sociologue" devant un parterre de juristes et d’étudiants en droit, Dr Benoit Tine a surtout insisté sur les "tares comportementales" de certains acteurs avec la complicité des populations pour mieux décrire l’environnement hospitalier.
"Il est parfois nécessaire de laisser de côté les termes techniques qui ne parlent pas à la grande masse et d’user un vocable qui touche la réalité quotidienne comme +Wiri-Wiri+ (raccourcis ou bras longs), +Dolli lor+ (En rajouter à la douleur), +Khar matt+ (cumuler les petits boulots), +Raass Raasatou+ (Racler les restes) ou encore +Dialgati+ (Brûler les étapes)", a-t-il avancé.
"Au cours de l’enquête, je vois des médecins qui parlent aux parents d’un patient déjà mort en leur disant qu’il faut acheter tel médicament. C’est ce que j’appelle le +Raass Rasatou+ c’est-à dire racler les restes. Ce médecin aura profité du désarroi des parents qui ont déjà mis la main dans la poche alors que leur patient est déjà décédé", a révélé le sociologue.
Devant un panel composé principalement de juristes et de spécialistes venant de divers horizons, Dr Tine a invité les autorités et les acteurs concernés à "faire le point" de la réforme hospitalière qui "a fini de détruire l’hôpital sénégalais".
"Le mal dans notre pays est qu’on fait dérouler beaucoup de politiques et de programmes, mais on ne s’arrête jamais à un moment pour faire le bilan. Nous faisons souvent un tâtonnement, un pilotage à vue. On ne fait pas dans le suivi-évaluation pour rectifier, réajuster et avancer", a-t-il déploré.
Il a invité à un retour à "l’orthodoxie médicale en respectant le serment d’Hippocrate parce qu’un hôpital qui devient une entreprise où les patients sont traités comme des clients nous éloigne de la normalité des choses".
Partant de l’exemple de l’environnement hospitalier, Dr Tine a fait remarquer que le bien public est "pris en otage" par certaines personnes qui profitent de leur position pour "privatiser" le service public. "Dans un guichet ou un service administratif, des agents publics se comportent comme s’ils sont dans une structure qui leur appartient", s’est il désolé.
Partant d’un principe de démocratiser la connaissance par la production d’études universitaires qui touchent la réalité quotidienne des populations, le chef du département de sociologie de l’UASZ a invité chaque sénégalais à "interroger ses pratiques au quotidien" parce qu’il reste du chemin à faire vers cette ’’émergence tant chantée’’.