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USA:Obama exprime des « inquiétudes » sur la présidence de Trump mais veut rassurer


Mardi 15 Novembre 2016

Le démocrate a appelé le républicain élu à « tendre la main » aux Américains après une campagne marquée par des propos sexistes et racistes.

Quelques heures avant son ultime voyage à l’étranger comme président des Etats-Unis, qui le conduira en Allemagne, en Grèce et au Pérou, à l’occasion d’une réunion de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique), Barack Obama est revenu sur le résultat de l’élection présidentielle. Il s’est exprimé à l’occasion d’une conférence de presse organisée à la Maison Blanche pour réaffirmer son engagement en faveur d’une transition apaisée avec son successeur, Donald Trump, en dépit des échanges virulents auxquels avait donné lieu la campagne.
Le président n’a pas masqué sa préoccupation à propos de la direction que pourrait prendre le pays. « Est-ce que j’ai des inquiétudes ? Absolument. Bien sûr que j’ai des inquiétudes. Lui et moi divergeons sur tout un tas de sujets », a rappelé M. Obama. Mais le président s’est félicité que le magnat de l’immobilier ne soit pas, selon lui, un « idéologue ». « Je crois qu’au bout du compte c’est un pragmatique. Et cela peut lui être utile, à partir du moment où il a de bonnes personnes autour de lui et qu’il sait clairement où il va », a-t-il ajouté

Garantir une entente minimum

« Je pense que, ce qui se passera avec le président élu, c’est qu’il y aura certains éléments de son tempérament qui le desserviront s’il ne les identifie pas et s’il ne les corrige pas », a noté le président. Il n’est pas allé plus loin dans la critique. Pour garantir une entente minimum avec Donald Trump, Barack Obama s’est ainsi refusé à s’exprimer sur la nomination du controversé Stephen Bannon, ancien responsable du site radical Breitbart News, comme conseiller stratégique du milliardaire. Ce dernier est considéré par le Southern Poverty Law Center, une organisation spécialisée dans l’étude des courants extrémistes, comme un porte-parole du courant de l’Alternative Right, qu’il considère comme raciste.

Le président, qui a tout à craindre de cette alternance compte tenu des engagements pris par M. Trump de supprimer une bonne partie de son legs politique, s’est voulu optimiste quant à la pérennité de certains accords, comme celui conclu avec l’Iran pour mettre fin à son très controversé programme nucléaire. « Il est plus difficile de défaire quelque chose qui fonctionne », a-t-il assuré, notant que cet accord concernait d’autres pays dont des alliés des Etats-Unis. Il a également espéré que son pays ne sortirait pas de l’accord de Paris pour lutter contre le réchauffement climatique. Un climatosceptique, Myron Ebell, pourrait pourtant occuper des fonctions éminentes liées à l’environnement et à l’énergie dans la prochaine administration.

Le président sortant a par ailleurs assuré que Donald Trump était favorable à une OTAN forte, lors de leur entretien la semaine dernière, alors que le candidat avait déclaré durant sa campagne qu’il pourrait mettre des conditions à l’engagement américain dans l’Alliance atlantique.

Face aux inquiétudes des alliés des Etats-Unis sur l’orientation de la diplomatie américaine sous la prochaine administration, M. Obama a vanté « l’immense continuité » de la politique étrangère américaine « qui fait de nous la nation indispensable quand il s’agit de maintenir l’ordre international et la prospérité mondiale ». Il a assuré que les Etats-Unis devaient rester « un phare de l’espérance » et la « nation indispensable » pour la communauté internationale.

Des critiques adressées à son camp

Après la défaite surprise d’Hillary Clinton, Barack Obama a également appelé lundi les démocrates à « se battre, à se montrer partout » à travers les Etats-Unis, dans une critique à peine voilée envers la candidate, qui a perdu des bastions traditionnels de la gauche le 8 novembre.

« L’une des questions qui doit être claire aux yeux des démocrates, c’est que, compte tenu de la distribution de la population à travers le pays, nous devons nous battre partout, nous devons nous montrer partout, nous devons travailler au niveau de la base. »

Obama reconnaît qu’il a été incapable de « fermer ce satané machin » de Guantanamo
Le président sortant Barack Obama a regretté, lundi 14 novembre, de ne pas avoir été capable de fermer le centre de détention américain de Guantanamo, comme il s’y était engagé, lors de sa réélection à la Maison Blanche en 2012.

« Je n’ai pas été capable de fermer ce satané machin en raison des restrictions qu’on nous a imposées. Mais il est vrai aussi que nous avons grandement réduit la population [carcérale] et il y a désormais moins de 100 personnes » dans cette prison militaire ouverte à Cuba après les attentats du 11 septembre 2001, s’est-il défendu.

Depuis l’ouverture du centre le 11 janvier 2002, près de 780 hommes ont été détenus au total dans le camp de Guantanamo Bay. Aujourd’hui, il reste 60 personnes retenues par le département de la défense américaine, selon les chiffres publiés par le New York Times dans son projet « The Guantanamo Docket », une base de données sur la prison construite sur une compilation de documents officiels et d’articles de la presse internationale sur le sujet

LEMONDE



Abdoul Aziz Diop