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Trump vs Clinton : comment le monde arabe perçoit la présidentielle américaine


Samedi 5 Novembre 2016

Selon un sondage de l'Arab Center de Washington (ACW), le monde arabe plébiscite largement la candidate démocrate Hillary Clinton mais se dit réservé sur les avancées qu'elle pourrait permettre en matière de politique étrangère. En revanche, selon l'étude, la victoire de Trump aurait un impact considérable sur l'augmentation de l'anti-américanisme dans la région.


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À quelques jours du scrutin présidentiel aux États-Unis, cette enquête d’opinion réalisée par l’Arab Center, institut de recherche basé à Washington (ACW) et le Centre arabe de recherches et d’études politiques, basé à Doha, s’est intéressée au regard que portent neuf pays du monde arabe (Algérie, Égypte, Tunisie, Irak, Jordanie, Koweït, Maroc, Arabie Saoudite et Territoires palestiniens) sur les deux candidats à la fonction suprême.
Réalisé par téléphone entre le 21 et le 31 octobre selon la méthode des quotas auprès de 3 600 personnes, le sondage nous apprend d’abord que la présidentielle américaine intéresse aussi bien les Tunisiens et les Algériens que les Irakiens, puisque environ 60% des ressortissants de ces pays disent suivre la campagne « occasionnellement » ou « régulièrement », soit via internet (30%) ou via la télévision câblée (59%).
Toutefois, en dépit de cet engouement, les sondés sont partagés sur la possibilité que le scrutin outre-atlantique ait un impact sur la politique étrangère américaine, en particulier dans le monde arabe. Ainsi, 26% d’entre eux estiment que ce scrutin ne changera pas la politique étrangère contre 18% jugeant qu’il pourra apporter de réelles évolutions. Quant à la politique menée par Washington dans le monde arabe, ils sont 30% à dire qu’il n’y aura aucun changement après le vote, et 18% à penser le contraire.
Hillary Clinton plébiscitée, mais…
Bien que les sondés ne s’attendent pas nécessairement à un grand changement en matière de politique étrangère, ils indiquent clairement une préférence pour la candidate démocrate. Alors que 56% d’entre eux ont « une image positive » de Clinton, Trump ne recueille que 20% d’opinions favorables. C’est en Tunisie que Clinton suscite le plus de sympathies (65%), et dans les territoires palestiniens qu’elle est la moins appréciée (54% tout de même). À noter que c’est au Koweït que Trump a l’image la plus négative (69% des sondés), et en Irak qu’il jouit de la réputation la moins détestable, avec 34% des personnes interrogées disant avoir « une bonne image » de lui.
Si 11% des sondés disent n’avoir « aucune préférence », 11% se disant même « sans opinion », ils sont 66% à dire qu’ils préféreraient que Clinton soit le prochain président des États-Unis, contre 11% pour Donald Trump. Au Maghreb, la démocrate est très largement plébiscitée (Maroc 78% et Tunisie 76%). C’est en Irak que Donald Trump recueillerait le plus de soutiens avec néanmoins seulement 20% des sondés, contre 4% au Maroc ou 6% en Arabie saoudite, par exemple.
 
Question : Lequel des deux candidats préféreriez-vous voir devenir le prochain président des États-Unis ?  
À l’issue des élections, l’étude indique cependant que 43% des sondés jugent que la victoire de Clinton pourrait permettre d’augmenter « quelque peu » le processus de transition démocratique dans le monde arabe », contre 14% qui pensent qu’elle apportera une contribution « considérable ». À noter que 26% répondent que la Démocrate, si elle est élue, n’apportera « absolument pas » d’avancée sur ce dossier, et 12% « légèrement ».
Trump, une « catastrophe » pour le monde arabe 
Si l’étude laisse entendre que l’action de Clinton serait très relative, elle indique toutefois que 70% des personnes interrogées estiment qu’ « entre Clinton et Trump », c’est la Démocrate qui aura « l’impact le plus positif sur la politique étrangère américaine » (contre 13% pour le candidat républicain). Clinton reste en tête des opinions (66%) en matière de politique dans les pays arabes, contre  14% qui estiment que « la politique menée par Trump dans les pays arabes serait positive ».
Ainsi, 48% des interrogés pensent que la présidence de Trump ne permettrait pas d’avancées en matière de « transition démocratique ». Ils sont également nombreux à craindre le développement du ressentiment du monde arabe en cas de victoire du Républicain : 35% des sondés disent que celle-ci pourrait contribuer à augmenter, de façon considérable, le sentiment anti-américain, et 40% estiment que cela augmenterait « le racisme contre le monde arabe et l’islamophobie ».
Question : Dans quelle mesure la victoire de Hillary Clinton ou celle de Donald Trump pourrait-elle conduire à : une transition démocratique dans les pays arabes ; de la sécurité et de la stabilité dans la région ; un sentiment anti-américain ; un racisme anti-arabes et de l’islamophobie. Bien qu’un faible pourcentage (15%) estime que Clinton pourrait contribuer « de façon considérable » ou « légèrement » à améliorer la sécurité et la stabilité dans la région, les sondés sont catégoriques quant à l’action de Trump : 48% disent qu’il n’y contribuerait « pas du tout ».
Le monde arabe plaide pour le « non-interventionnisme » de Washington
Enfin, en ce qui concerne les dossiers prioritaires auxquels le nouveau locataire de la Maison Blanche devra s’atteler, 28% des personnes interrogées estiment que le nouveau président ne « devrait pas intervenir dans les affaires des pays arabes ». En outre, 23% jugent que combattre l’organisation État islamique constitue la priorité numéro un contre 20% pour la question palestinienne.
Les deux priorités auxquelles le futur président des États-Unis devra se consacrer dans le monde arabe, selon les sondés : En fonction des pays, les priorités sont différentes : ainsi 45% des ressortissants irakiens disent que le combat contre Daech est une priorité, alors que les Palestiniens (46%), les Jordaniens (30%) et les Algériens (23%) mettent en avant le dossier palestinien.

ABDOUL KADER Ba