Trafic international de drogue : La partition des mariages mixtes
Des confidences faites par des agents de l’Office central pour la répression de l’enrichissement illicite (Ocrtis) révèlent que les trafiquants de drogue, traqués de toutes parts, changent de stratégie. Leur nouvelle trouvaille consiste à profiter de la naïveté des jeunes filles, voire leur incompressible envie d'aller explorer les vertes prairies européennes, pour les embarquer, via les mariages mixtes, dans des réseaux inextricables.
Les mariages mixtes sont nombreux de nos jours. Beaucoup de filles ne rêvent que de convoler en noces avec un blanc. Qu'importe ce qu'il fait dans la vie. L'essentiel est qu'il soit capable de les emmener en Europe pour qu'elles sortent de la galère sahélienne.
Une aubaine pour les «marchands de la mort» (comprenez les trafiquants). Ils s’engouffrent dans la brèche, casquent des sommes colossales, et acceptent même de se convertir à l’Islam, si telle est une exigence de la belle famille.
Mais très souvent, ces sommes dépensées ne sont qu’un investissement. Le prix à payer pour passer entre les mailles des forces de sécurité, sans éveiller le moindre soupçon. Un visa pour valser entre Dakar et l’Europe avec un alibi de taille : «ma femme est Sénégalaise, je viens pour la voir». Une manière d’éviter le «ciblage», une technique assez efficace pratiquée par les policiers de l’Ocrtis basés à l’aéroport.
Malheureusement pour les jeunes Sénégalaises qui s’engouffrent dans ces «mariages idylliques», trop souvent, ce sont ces «messies», qui étaient censés les sortir de la dèche, qui les plongent dans la galère.
Ils ouvrent des comptes au nom de leurs «femmes» et y font migrer toutes les sommes provenant de leurs activités délictuelles. Si la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) intercepte ces transferts douteux, ce sont les femmes qui trinquent, elles qui sont régulièrement domiciliées au Sénégal.
S’ils envoient des colis ou des containers, c’est toujours avec le nom de leurs «femmes». Résultat : les Sénégalaises qui purgent des peines dans des prisons sont nombreuses.
Dans les prisons pour femmes de Liberté VI à Dakar et de Rufisque, on dénombre de nombreuses détenues incarcérées pour avoir eu des activités liées aux stupéfiants. Une Sénégalaise purge une peine à São Paulo pour avoir été prise avec une valise contenant 18 kg de cocaïne que son «mari» lui avait demandé de convoyer sans qu’elle ne sache le contenu.
Toujours au Brésil, une autre Sénégalaise a été arrêtée avec 5,6 kg de cette drogue, dans les mêmes conditions. Des compatriotes de sexe féminin, en possession de cocaïne, ont aussi été arrêtées à l'aéroport de Casablanca, alors qu'elles étaient en transit pour l'Europe. Une concitoyenne, dont le mari est Roumain, est activement recherchée par les éléments de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) pour une histoire de cocaïne. Une autre Sénégalaise avait été impliquée dans l’affaire des 8 tonnes de haschich, planquées dans un container découvert au Port autonome de Dakar. Un colis provenant de la Malaisie et que la Sénégalaise devait, dit-on, réceptionner pour le compte de son mari, un Français.
Au moment où ces innocentes et naïves femmes trinquent parce qu’attirées par l’appât du gain facile, leurs maris de dealers vaquent tranquillement à leurs occupations et nouent d’autres relations dans d’autres pays pour parvenir aux mêmes fins.
Le réveil est toujours douloureux et les larmes versées ne feront qu’accroître le sentiment de culpabilité.
SENEWEB