Economie

Trafic International de drogue, blanchiment d'argent : Pourquoi le Sénégal est devenu la plaque tournante


Mercredi 10 Aout 2011

SENXIBAR - Si l'on se fie au récent rapport du Groupe International d'Action contre le Blanchiment d'Argent en Afrique de l'Ouest (GIABA), notre pays reste le sanctuaire des réseaux de trafiquants de drogue dure. Aussi, ces derniers éparpillés dans les quatre coins du globe, ont-ils choisi le Sénégal, réputé "terre de téranga", mais également parce que -comme a-t-on coutume de dire- "c'est la porte de l'Afrique" en vue de blanchir leurs sales revenus.


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Suite à une récente exploration non exhaustive du terrain, somme toute sinueux de la drogue, la GIABA a conclu, via un rapport que "beaucoup d'étrangers utilisent le territoire sénégalais comme plaque tournante pour exporter de la drogue de tout genre vers l' Europe et plusieurs destinations". Ce qui confirme que Dakar reste, aux yeux des narcotrafiquants, une aubaine en ce sens que notre capitale n'en demeure pas moins "la porte d'entrée", sinon "la zone de transit", renseigne cet élément qui a été membre de l'Ocrtis (démembrement de la police qui lutte contre le trafic de drogue). Aussi, notre interlocuteur, muté dans un autre secteur somme toute névralgique de la police, renseigne qu'en dépit de la traque quotidienne et des lourdes sentences infligées à ceux qui sont "tombés" dans leurs filets, les trafiquants continuent de jeter leur dévolu sur le Sénégal. Selon notre source, "il en sera toujours ainsi". Et pour cause. Pour lui, la police est loin d'être dépourvu de ressources humaines encore moins d'expertise. Seulement, nos limiers évoluent les mains liées eu égard aux moyens logistiques "qui font défaut au Sénégal et qui ont évolué avec le temps". Et notre source de pointer à titre illustratif, les moyens techniques dont disposent les aéroports Européens. "Il n' y a pas photo et il faut que les moyens suivent au fil du temps. Il nous faut également des stages entre autres formations de renforcement de capacité" conclut-il. Non sans préconiser aux classes dirigeantes d'être plus vigilants sur les modalités d'entrée et de séjour au Sénégal. Car, nous apprend-il, "cela incite les trafiquants à choisir le Senegal où, quoi qu'on dise, il fait bon vivre, si et seulement si, on est liquide".
                    Secteurs ciblés pour le blanchiment d'argent
Toutefois, selon la GIABA, les secteurs les plus utilisés pour ce trafic sont les sociétés immobiliers, les systèmes informels de transfert d'argent, les sociétés de vente de voitures d'occasion importées et les sociétés de transport d'espèces, d'or et de pierres précieuses. De cet état de fait, nous avons interpellé une source au parfum du milieu. Lequel, nous informe que bien des sociétés immobilières jouent un rôle prépondérant dans le blanchissement d'argents. "Partout des sociétés proposent des villas et essaient de rouler les gens en faisant des emprunts pour camoufler les fonds reçues. Après avoir blanchi, ils payent les taxes pour transférer leurs bénéfices en Europe. Une fois les taxes payées ils peuvent transférer leurs bénéf en disant j'ai une grandre société qui contruit des appartements. Souvent ces sociétés ont un personnel qui ne dépasse pas 10 personnes et tout est sous-traité ainsi ni vu ni connu. La GIABA doit fouiner dans ces entreprises qui vendent des maisons." nous informe notre interlocuteur avant de poursuivre qu'une pléthore sociétés a vu le jour sous nos cieux avec des objectifs sournois. En d'autres termes, il fait allusion à ces entreprises écrans réputées "solvables" et qui mènent en dessous des activités répréhensibles comme le trafic international de drogue. "Et ces sociétés bénéficient souvent de soutiens à des niveaux insoupçonnés" renchérit-il. Pour ainsi dire qu'ils voguent au gré de l'impunité. Ayant certainement découvert cela, la GIABA n'a pas manqué "d'exhorter le gouvernement du Sénégal à travailler pour réaliser la transparence dans les secteurs financiers et immobiliers et continuer à encourager les populations à utiliser les systèmes bancaire formel". Faudrait-il rappeler les 1200 kg de cocaïne saisi à Mbour par la gendarmerie sur un Vénézuélien, un Equato Guinéen entre autres Sénégalais. A Ndaguane où ils étaient établis, ils avaient créé une société fictive de pisciculture qui était en réalité une façade. Et plus tard, ils ont déclaré la société en faillite pour ensuite acheter un cabanon à Fimela tout en continuant leurs activités. Cette situation a poussé les enquêteurs à plus de vigilance. De fil en aiguille, ils concluent à un blanchiment d’argent et pensent avoir affaire à des trafiquants de drogue dure. Jugés, ils purgent une lourde sentence dans les lugubres dédales du Camp Pénal de Liberté 6.

La Rédaction