Tracasseries transfrontalières : Farréfégné une frontière, mille Maux
Pour éviter de faire 900 Km de route pour rallier Ziguinchor en passant par Tambacounda, les transporteurs et voyageurs préfèrent le détour vers la frontière avec la Gambie, et traverser le fleuve Gambie qui est deux fois moins court. Mais c’est ans savoir le calvaire qui les attend sur cette frontière bornée de tracasseries, de rackets et difficultés qui dépassent quelques fois l’imagination.
C’est une situation du moins déplorable qui fait la particularité de Farrafégné, la frontière entre le Sénégal et la Gambie.
Tous les jours, des centaines de voyageurs, de transporteurs et passagers rencontrent tous les problèmes du monde pour traverser cette frontière et rallier Ziguinchor.
Dans cette frontière, il arrive que des passagers perdent plusieurs heures avant de traverser. Les transporteurs regardent pourrir les produits dans les camions durant les nombreux jours que durent parfois l’attente avant la traversée. Gfm. Sn a fait immersion dans cette fosse de maux pour constater la situation et échanger avec les victimes.
Déniché sous un camion remorque, Algassimou Diallo, un apprenti-chauffeur qui vient à peine de consommer ses 26 ans, a du mal à cacher sa fatigue. Allongé sur une natte qui date d’une autre époque, la mine renfrognée, le jeune homme pousse des étirements en à plus finir. Il sort juste d’un sommeil profond. Pas de douche pendant plusieurs jours.
C’est le premier constat qu’on peut faire sur l’apparence de l’homme qui se présente sous des habits recouvert d’une couche de crasse assez imposante. Interpellé, il déverse la colère qu’il rumine à chaque passage de son camion à la frontière. «Je suis ici depuis 5 jours, mais j’ai comme l’impression que cette longue file d’attente de voitures ne bouge même pas. Et c’est comme ça, on est obligé de supporter pour la bonne et simple raison que nous sommes en territoire gambien et les policiers qui sont en faction au niveau de cette frontière nous dictent leur loi. Ils font exprès de bloquer les voitures ici pendant des jours et ils ont des méthodes spéciales pour cela. De ce fait, les transporteurs qui ne supportent pas l’attente seront obligés de débourser de l’argent et beaucoup même. Parfois c’est quarante mille, d’autres fois ça va au-delà de cette somme. Pour vous donner un exemple, nous avons un camion qui transporte des produits maraîchers, et vous savez mieux que moi qu’il y’a un risque énorme de voir certains produits pourrir si toutefois ils sont mal conservés. Donc imaginez les camions qui transportent des poissons ou des fruits. Ce sont des tonnes de produits et beaucoup d’argent qui partent, qui sont perdus par les transporteurs et les grands commerçant», s’est désolé l’apprenti apparemment.
Autour d’un café, bien chaud accompagné d’un «mburu Ban» (pain cuit au feu de bois) bien garni avec des omelettes, Abdourahmane Mboup prend son mal en patience dans un «maiga» (restaurant de fortune) et attend tranquillement son tour pour traverser la fleuve Gambie.
La quarantaine consommée, notre interlocuteur est du genre de ceux qui ont le verbe facile et savent tenir en haleine ses amis avec des blagues et moqueries de bon goût.
Il est bien connu et apprécié dans cette zone, même par les petits vendeurs. «À chaque passage, on rencontre d’énormes difficultés pour traverser cette frontière. Je ne peux même pas lister tous les problèmes que j’ai rencontrés depuis mon arrivée ici, il y’a trois jours.
Pour commencer, vous êtes témoin des difficultés que nous rencontrons pour trouver une bonne nourriture par ici. On est obligé de ce rabattre sur les Maiga, si on ne veut pas mourir de faim. On dépense énormément d’argent pour consommer une nourriture que l’on pourrait qualifier de saine. Mais nous n’avons pas vraiment le choix. C’est entre autres des problèmes que nous rencontrons au niveau de cette frontière. Des fois, je me demande même si les Gambiens ne le font pas exprès de nous retenir ici pour nous obliger à dépenser notre argent et faire l’affaire du petit commerce qui se développe ici. Et pour vous dire, ma situation est moindre à celle des autres camionneurs qui ont fait 7 ou 8 jours à attendre leur tour de monter sur le bac. Vous pouvez faire le constat par vous-même. Je parie que vous ne parviendrez pas à compter le nombre de véhicules qui compose cette longue file de voitures, si on vous le demandait, tellement elle est longue et s’étend sur une distance de plusieurs kilomètres. Actuellement vous êtes de ce côté, mais attendez de voir la situation de l’autre côté une fois la traversée effectuée. C’est de part et d’autre de la frontière.
Mais c’est devenu une routine pour nous qui empruntons ce parcours depuis bien plusieurs années. Cela fait sept ans maintenant que je fais la navette entre Dakar, Ziguinchor, Guinnée Bissau, etc.», a témoigné le camionneur, plus connu sous le sobriquet de «Abdou Niankar».
Il a également dénoncé des actes de discrimination entre les chauffeurs par les policiers gambiens qui dictent leur loi sur ce territoire. «On ne peut rien faire, mais des chauffeurs restent ici pendant plusieurs jours à attendre leur tour, alors qu’un autre peut venir de suite et on le laisse traverser immédiatement. Il y a une grande discrimination, je dirais même une corruption. Car c’est en échange d’argent que les responsables du bac font cela.
Les conditions de la traversée du bac sont déplorables. En premier lieu, il faut noter l’Etat de vétusté dans lequel se trouvent les Ferrys qui font la navette entre les deux rives du fleuve. Ceci associé à la cherté du prix de la traversée qui selon certaines sources ne cesse d’augmenter. En plus de tout cela, il faut convoquer le système D pour tenir pendant des jours dans cette Zone, où il n’y a pas d’hôtels, ni d’auberges, ni de restaurants dignes de ce nom. La nuit, c’est sous les camions, à la belle étoile, dans les camions, dans les cars que les voyageurs sont obligés de dormir.
Lamine Mané, un jeune étudiant de 24 ans, perché sur ses hautes chaussures de marque Jordan, très stylé, mais très poussiéreuses, raconte sa mésaventure. Il se trouve de l’autre côté de la frontière, ce qui veut dire qu’il a déjà traversé, mais il ne peu pas quitter la frontière.
Du moins sans le car de transport commun qui doit le transporter à Ziguinchor, et toujours bloqué sur la file d’attente. «C’est inadmissible. Perdre autant d’heures dans cette frontière. Je suis là demain 11 et bientôt, 17 heures, mais notre voiture n’a même pas bougé de sa place. J’ai bien peur qu’on passe la nuit ici. Je me demande même pourquoi je suis là alors que si j’avais pris le bateau, je serais déjà à Ziguinchor. Mais Dieu merci, on espère que cela va s’arranger vu qu’un accord a été trouvé entre le Sénégal et la Gambie pour la construction du pont sur le fleuve Gambie. A mon avis, c’est la seule solution pour régler ce problème», a-t-il dit.
GFM
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