Economie

Thiemoko Koné, Gouverneur de la Bceao, répond aux détracteurs du franc CFA


Mardi 22 Novembre 2016

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Le débat sur la nécessité ou non de changer le FCFA continue d’alimenter la polémique. Entretenu par des économistes qui plaident en faveur d’un changement de devise, ce débat a poussé le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) à sortir de son mutisme. Thiemoko Meyliet Koné a déploré les propos tenus entre autres, par les sieurs Kako Nubukpo et Martial Ze Belinga, des économistes qui parlent de « servitudes volontaires ».
Selon lui, les économies de la zone n’en seraient pas là sans la monnaie commune. Battant en brèche les critiques, il a défendu les avantages du FCFA utilisé dans 10 pays d’Afrique subsaharienne ainsi que le partenariat avec la France.
«La vision des pères fondateurs était de créer une union fondée sur la solidarité. En partageant la même monnaie, les réserves de change sont mises en commun dans un pool  et accessibles à tous les pays sans référence à leur contribution initiale. Cette monnaie commune devait être convertible et assurer la stabilité nécessaire au développement économique.
C’est ce qui constitue le fondement des accords monétaires avec la France. La solidarité et la stabilité qui en ont résulté ont permis aux économies de résister aux diverses crises. La Côte d’Ivoire par exemple, après plus d’une décennie de troubles, a renoué avec une croissance forte entre 8 et 9% du Pib. Tous les autres pays de la zone affichent un essor moyen de 6,5% en 2015 avec une prévision de 7% pour 2016. Par conséquent, le franc CFA a servi et il peut continuer à servir. Il faut, pour ce faire, des politiques orientées vers l’assainissement du cadre macroéconomique et  la transformation des économies. La consolidation des acquis a besoin de stabilité et de cette solidarité si rare aujourd’hui dans le monde», dira M. Koné.
Les critiques sont devenues une sorte de fonds de commerce
Répondant aux détracteurs du FCFA qui dénoncent un système « obsolète », il dégage en touche leurs arguments.  «J’entends dire que rien n’a changé depuis 1962 alors qu’il y a eu, dans l’Uemoa, plusieurs réformes importantes entre 1975 et 2008 : les mécanismes et les instruments de la politique monétaire ainsi que la gestion du franc CFA ont évolué pour s’adapter aux besoins des Etats. Les critiques du franc CFA sont devenues une sorte de fonds de commerce pour certains. Ceux qui s’intéressent réellement au sujet savent que, dans l’Uemoa, c’est évidemment la Bceao et le Comité monétaire qui décident des actions appropriées en fonction du contexte», a indiqué M. Koné, dans les colonnes du magazine des économies, bimestriel économique « Afrique Méditerranée Business », dans son dernier numéro paru du novembre – décembre 2016 et janvier 2017. A l’en croire, «les tenants de cette idée sont restés dans une logique du passé et considèrent encore la France comme une puissance coloniale. Une grande partie du débat sur le CFA traduit un problème d’identité.
Aujourd’hui, au XXI e siècle, les rapports entre pays souverains s’inscrivent dans une logique  de partenariat et non dans un registre de domination. Prenons l’exemple de réserves déposées par les Etats auprès du Trésor français qui font l’objet de critiques. Certains disent que nous pouvons arrêter de confier ces fonds à une puissance étrangère. Sauf que ces avoirs rémunérés sont la contrepartie d’une garantie assurée par la France : celle de la convertibilité illimitée du CFA. Exactement comme si un banquier exigeait un gage avant de se porter garant d’une opération. Il n’y a, là, aucun rapport de soumission. Il faut considérer la France comme un partenaire et pas comme autre chose», dit-il. Les arguments avancés sur les inconvénients du CFA ne sont pas plus convaincants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient à l’époque, a-t-il précisé. En guise de conclusion, il a défié les détracteurs de lui donner des preuves de leurs arguments. Il estime d'ailleurs que «les critiques formulées jusqu’ici ne s’appuient d’ailleurs sur aucune étude scientifique démontrant les méfaits  du franc CFA».
 
Youssoupha MINE

ABDOUL KADER Ba