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La victime Jean Michel Smith était à deux doigts de trépasser. Ses blessures étaient profondes, ses viscères s’étant déversés. L’ouverture sur le côté gauche du thorax laissait apparaître le cœur, ainsi que plusieurs autres organes internes. C’est à se demander par quel miracle il a pu survivre de ses blessures occasionnées par cinq coups de couteau. Smith, par ailleurs, initiateur du festival «Métissons», est revenu de très loin, après un coma de plusieurs jours.
Présent hier à la barre de la chambre criminelle de Saint-Louis, il a relaté dans les détails, la scène qui s’est déroulée le 10 novembre 2013, qui mettait en scène un propriétaire de bar et son vigile. Deux hommes qui ont passé 13 années ensemble, jusqu’à cette fameuse nuit où personne d’autre que les antagonistes ne peut dire ce qui s’est passé, à l’arrière-cour du bar «Spoutnik».
Le vigile Papa Ciré Diagne, estime qu’il s’agit juste d’une cabale montée par son patron, Jean Michel Smith, le propriétaire du «Spoutnik» et des proches. «Ils ont effacé les traces de sang pour maquiller la scène du crime et fait disparaître les recettes, pour tout me mettre sur le dos. «Je lui ai demandé, ce soir-là, de me verser mes arriérés de paiement de salaire et un mois de congé qui s’élevaient à un peu plus 400 000 francs Cfa», a indiqué Papa Ciré Diagne qui souligne que son patron était en état d’ébriété avancée. Ce qui, d’après lui, pourrait expliquer sa tentative de suicide. «Après notre discussion, il s’est retiré à l’arrière-cour et subitement, j’ai entendu des cris, puis je l’ai vu se donner des coups de couteau». Il interpella son employeur sur son geste qui lui a déclaré qu’il était responsable de ce lui arrivait, ajoute l’accusé. Poursuivant, il a soutenu avoir réussi à saisir ses bras, avant de retirer le couteau qu’il a jeté instinctivement derrière lui. Puis, il s’est rendu au commissariat de police pour aviser les limiers. «Je n’ai jamais tenté de le tuer», lâche-t-il. Et c’est la même déclaration qu’il a servie durant toute la procédure, depuis l’enquête préliminaire. Smith, non plus, n’a pas varié dans ses propos. La victime qui est de nationalité française, a précisé n’avoir jamais discuté d’arriérés de paiement de salaire cette nuit, avec son employé. Celui-ci l’a invité à l’arrière-cour, après le départ des serveuses, pour ensuite fermer brusquement la porte, avant de commencer à le poignarder. «Le premier coup encaissé m’a affaibli. Je me suis mis à genou et j’ai tenté de m’agripper au couteau qui m’a même tranché la main gauche. J’ai essayé de me relever, je n’ai pas pu. J’ai rampé jusqu’à la porte du bar pour avoir de l’aide», a-t-il expliqué, soulignant qu’il n’avait pas pris d’alcool ce soir-là. Ce qui peut paraître étonnant, c’est que le plaignant de même que les témoins, ont peint un tableau d’éloges à l’endroit de l’accusé. Ils ont décrit ce père de trois enfants comme quelqu’un de calme, pacifique.
Le parquet a écarté d’emblée la thèse du suicide. Pour le représentant du ministère public, il y a bien commencement d’exécution. Le fait de s’armer d’un couteau et d’amener sa victime potentielle dans un endroit isolé, pour lui administrer 5 coups, visant des parties vitales du corps, démontre l’intention de tuer. Et puisque la version de la victime lui semble la plus rationnelle, le Parquet a requis 20 ans de travaux forcés pour tentative de meurtre. Une peine jugée sévère par Mes Bamba Cissé et Alioune Abatalib Guèye. Mes Guèye et Cissé estiment qu’il y a une part d’incertitude qui ne milite pas en faveur de la peine prononcée. Ils ont ainsi plaidé le doute, à titre principal, et ont subsidiaire sollicité de la chambre qu’elle retienne les faits de coups et blessures volontaires.
La Chambre criminelle a finalement condamné l’accusé à 8 ans de travaux forcés. Il devra en sus alloué la somme de 6 millions d’intérêts civils à la partie civile
LOBS