Tension sociale en France: Les 5 clés pour comprendre le débat autour de la loi travail
Plus de trois mois après le début des contestations, la France n’a toujours pas trouvé d’issue au débat sur sa nouvelle loi du travail, qui, bien que désapprouvée par l’influent syndicat CGT et la majorité parlementaire, a été adoptée de force le 12 mai dernier à l’Assemblée nationale et est examinée par le Sénat depuis lundi.
Voici les 5 clés pour comprendre la situation.
C’est quoi, cette loi travail qui fait grogner les Français?
La nouvelle loi du travail ou «loi El Khomri», du nom de la ministre du Travail française, est une initiative du gouvernement Hollande censée relancer l’emploi et la croissance du pays en donnant plus de pouvoirs aux entreprises, qui auront désormais la latitude nécessaire pour établir les conditions de travail de leurs employés. (Présentement, les conditions de travail sont dictées par des accords de secteurs qui réglementent chaque profession en France, quelle que soit l’entreprise dans laquelle elle est exercée.) Les patrons auraient donc plus de poids que les syndicats pour déterminer le temps de travail, les heures supplémentaires, les congés ou les licenciements économiques, par exemple.
Bien qu’ils ne représentent que de 7 % à 11 % des travailleurs, les syndicats français — notamment la CGT, premier syndicat de France — jouissent d’un large pouvoir politique. Leur capacité de paralyser le pays en bloquant les secteurs stratégiques de l’énergie et des transports en est la preuve.
Vue de l’international, cette évolution du monde du travail dans l’Hexagone n’a rien d’atterrant. Pour l’économiste québécois Mathieu Bédard, elle «cherche à rendre le droit du travail français un tout petit peu plus comme le droit du travail ailleurs en Occident, où les syndicats jouissent d’un peu moins de privilèges». Pour le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, la France ne fait que s’adapter à la réalité des entreprises, comme l’a fait l’Allemagne en 2010 avec la réforme impopulaire mais néanmoins payante du chancelier Gerhard Schröder.
Qui sont les contestataires?
Les opposants à la loi travail sont principalement orientés à gauche de l’échiquier politique: des syndicats — la CGT en tête —, sympathisants et députés socialistes. Ces derniers ne veulent pas renoncer aux droits que leur accorde la loi actuelle, le nombre d’heures de travail hebdomadaire maximal par exemple. Ils acceptent d’autant moins ce virage libéral qu’il émane d’un gouvernement socialiste, fustigeant François Hollande et ses politiques suivant le sens du vent. Il est à noter que certains syndicats réformistes comme la CFDT soutiennent la loi travail.
Les manifestations ont commencé le 31 mars avec les rassemblements du mouvement Nuit Debout sur des places publiques de l’ensemble du pays. Elles se sont intensifiées sous l’impulsion de syndicats appelant les contestataires à descendre dans la rue et à faire la grève dans les secteurs stratégiques de l’économie nationale: centrales nucléaires et raffineries. Les dérapages virulents entre manifestants et forces de police relayés dans les médias ont alimenté l’animosité entre les deux camps.
Pourquoi la loi a-t-elle été adoptée malgré le désaccord de la majorité socialiste à l’Assemblée nationale?
Bien que la loi El Khomri ne fasse pas l’unanimité au sein de sa majorité socialiste, le premier ministre Manuel Valls l’a fait adopter en recourant, le 10 mai, à l’article 49-3 de la Constitution. Cette combine législative autorise un gouvernement exécutif à adopter une loi sans l’approbation majoritaire de son Parlement si la situation est enlisée ou urgente. Ce passage en force a été perçu comme un coup de poignard dans le dos des manifestants, dont la révolte est montée d’un cran.
Quel est le rapport avec la pénurie d’essence?
Le blocage des raffineries par les syndicalistes de la CGT a conduit une partie des stations-services du territoire à la panne sèche. Environ 20 % des stations d’essence seraient concernées, selon le ministre d’État aux Transports français, Alain Vidalies, qui a autorisé, le 25 mai, le recours aux stocks d’essence stratégiques que l’État préserve justement en cas de pénurie depuis la crise pétrolière de 1974. Il faut noter que les réserves faites par les automobilistes craignant de se trouver à court de carburant ont accentué le sentiment d’insuffisance, de même que cette carte alarmante qui signale en fait les stations en pénurie…partielle!
Et maintenant?
L’ampleur du mouvement contestataire est à double tranchant. Si 46 % des Français souhaitent toujours le retrait de la loi travail, 60 % désapprouvent les mesures radicales de la CGT qui, par ses grèves dans les secteurs névralgiques du pays, nuit au quotidien de milliers de travailleurs.
Le syndicat a cependant annoncé que de nouvelles grèves des secteurs électrique, gazier, des transports et du traitement des déchets auront lieu au mois de juin. En date du 6 juin, le gouvernement soutient que l’annulation de la loi travail « n’est pas une option », mais se dit ouvert aux propositions des opposants. Il rappelle qu’il a déjà accepté 800 modifications à ce texte de loi controversé. À quelques jours du coup d’envoi de l’Euro de football et du débarquement du 1,5 million de touristes attendus, la sortie de crise est urgente.
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