Seydou Nourou Mbengue : «La méditation transcendantale, un remède contre la criminalité»

Mardi 31 Janvier 2017

Seul professeur de méditation transcendantale au Sénégal, Seydou Nourou Mbengue veut faire revenir cette branche du Yoga, qui avait fait ses fruits dans des prisons Sénégalaises vers la fin des années 80, pour le bien-être de la société Sénégalaise. Une société, en proie au stress, aux agressions et autres meurtres, que cette pratique peut guérir. Entretien.


C’est quoi la méditation transcendantale?
C’est une technique mentale dérivée du Yoga. C’est la partie du Yoga qui s’arrête au mental. C’est une technique qui se pratique matin et soir, assis les yeux fermés. Elle consiste à utiliser un son pour interférer avec le processus de la pensée. Cela permet d’apporter à l’organisme un niveau de repos particulièrement profond qui est au moins deux fois plus profond que le sommeil de la nuit. La méditation transcendantale permet d’enlever la fatigue qui est dans le système nerveux, d’enlever le stress, les traumatismes, les fatigues que l’organisme emmagasinées tout au long de la vie. C’est une technique qui permet d’augmenter l’intelligence, la mémoire, la créativité, la santé physique, la santé mentale. Quand elle est pratiquée à large échelle, elle génère de la cohérence dans la société. La criminalité, les agressions dans les rues, les admissions dans les hôpitaux, les accidents de la circulation, les faillites des entreprises, les divorces (bref tout ce qui est négatif) diminuent.
D'où vient cette pratique ?
C’est une technique très ancienne qui date de la nuit des temps comme on le dit. Elle est tirée du Véda, les écritures hindou et elle a été modernisée par une personne que l’on appelle Sw?m? Brahm?nanda Saraswat? dans les années 50. Mais, elle a été rendue populaire grâce à une personne qui s’appelle Maharishi Mahesh Yogi. Ce dernier est un hindou docteur en physique moderne. Cette technique est devenue célèbre dans le monde.
Dites-nous comment pratique-t-on cette méditation?
La formation se déroule sur 5 jours en raison d’une heure par jour. Le premier jour, on vous indique théoriquement comment ça fonctionne, sa provenance. Le second jour, c’est l’instruction proprement dite. On vous donne la technique, la manière de l’utiliser et l’outil qui vous permettra de la pratiquer. Maintenant, il y a trois jours consécutif de vérification s. Ça dure une heure par jour et un suivi durant toute votre vie. Que vous soyez en France où ailleurs, partout il y a un centre de méditation transcendantale. Vous avez droit à un suivi gratuit. Après la formation, la personne continue la pratique chez elle matin et soir pendant 20 minutes. Elle s’assoit sur une chaise, un fauteuil peu importe.
Quel est l’outil utilisé lors de la méditation?
Il s'appelle mentra. C’est une sorte de véhicule mental qu’on vous donne et qui est adapté à chaque personne. C’est ce que vous utilisez quand vous fermez les yeux pour accéder à source de la pensée.
A quoi ressemble cet outil ?
C’est un son. Vous savez, en physique, tous les sons produisent des vibrations. Maintenant si on étudie la personne qui est en face de nous, on peut savoir quelle catégorie de personne elle est et quel son lui convient. On lui apprend à s’en servir et quand il l’utilise, ça sert un peu comme un ascenseur qui emmène l’attention du niveau conscient vers des milieux de plus en plus subtils jusqu’à atteindre la conscience transcendantale.
Cette pratique est pourtant méconnue des Sénégalais ?
La méditation transcendantale a été introduite au Sénégal dans les années 86-87 par le président Abdou Diouf. Il avait permis à des chercheurs d’universités d’implanter cette technique dans les prisons. A l’époque, on l’avait appris à toute l’administration pénitentiaire. On l’avait appris à 12.000 détenus, à 1.000 gardiens de prisons dans 31 des 37 prisons de notre pays. Les résultats étaient spectaculaires en ce sens que l’atmosphère des prisons avait changé, surtout le taux de récidive qui avait diminué. Cette technique était utilisée comme technique de réhabilitation. Ce qui fait que le détenu qui la pratiquait en prison était réhabilité. Quand il sortait, il s’empressait de fonder une famille, de chercher un emploi et ne revenait plus en prison.
Cette technique a eu tellement d’impacts qu’on a dû fermer des prisons à l’époque. Les aspects sur la communauté ont été spectaculaires. Parce que le grand nombre de détenus (12.000) pratiquaient ensemble. Cela a généré tellement de cohérence dans la nature que cette année-là, le Sénégal n’a jamais produit autant d’arachide. Parce que cette technique stimule la nature. Toute la nature fonctionne. La pluie tombe à temps et en quantité. Le Sénégal n’a jamais eu autant de pluie et la production arachidière a battu tous les records. Même le quotidien «Le Soleil» en avait parlé. Donc le Sénégal a connu cette technique pendant très longtemps. Pendant trois à quatre ans, jusqu’à ce que ce programme s’arrête en 1990 pour des problèmes de budget. Il était prévu à l’époque de former des gardiens de prisons à l’école de police et dans l’armée, mais cela n’a finalement pas eu lieu.
Où est-ce que vous l’avez enseigné ?
C’est l’administration de justice qui m’a orienté vers le Camp pénal où je l’ai enseigné pendant quelques mois jusqu’à ce qu’on change le directeur de l’administration pénitentiaire. Alors quand le nouveau est venu, il avait suspendu les autorisations et m'a accordé une autre autorisation qui était limitée dans le temps. Depuis le mois d’août passée, je n'y suis plus allé. J’ai eu le temps de l’enseigner à 100 détenus de liberté 6 avec des résultats appréciables. Le stress a diminué et le potentiel mental a augmenté.
Tout a été organisé pour que l’administration pénitentiaire ait gratuitement la formation.Le programme s’est arrêté provisoirement et j’espère qu’il va continuer et qu’il va être recommencé. 
Vous espérez donc avoir une autre autorisation pour pouvoir vulgariser cette technique dans toutes les prisons ?
Je l’espère bien. Vous savez, la première fois que le programme a été introduit au Sénégal, ce sont les autorités pénitentiaires elles-mêmes qui avaient commencé à l'apprendre. Je me rappelle que l’ancien directeur de l’administration pénitentiaire a voulu lui-même apprendre avec toute sa famille avant même les détenus
Qu'est-ce qui vous a motivé à faire revenir cette technique abandonnée depuis 27 ans?
J’ai appris cette technique auprès d’un Sénégalais qui avait ouvert son centre de méditation au point E. Après j’ai eu l’idée d’approfondir ma connaissance sur cette technique et j’ai été au centre de formation qui est à Thaïlande. Je suis revenu de formation en Thaïlande en 2011 et j’ai ouvert un centre de formation. Depuis lors j’enseigne dans toute la sous-région. Je suis le seul professeur de cette discipline dans toute l’Afrique de l’ouest.
Depuis la recrudescence de la criminalité et des atrocités notées çà et là, j’ai pris mon bâton de pèlerin pour proposer cette solution pour lutter contre ces fléaux. Comme on le sait, la pratique à grande échelle de cette technique pacifie la conscience collective. Vous savez, il y a la conscience individuelle et la conscience collective. Quand le stress des individus s’agglutine dans l’atmosphère, toute la société est stressée. Ça donne naissance aux comportements qu’on voit. Les gens sont tendus, sont stressés et comme ils utilisent une portion réduite de leur potentiel mental, des gens sont incapables de gagner leur vie honnêtement. Ils prennent les chemins les plus directs, l’agression, le vol, etc. Ce qui donne le résultat qu'on connait.
En parlant de résultat, à quoi peut-on s’attendre à la fin des exercices?
Il a été unanimement démontré que les gens utilisent 10 à 15% de leur potentiel mental. Alors, si une technique comme celle-là peut augmenter le potentiel mental, le résultat est qu’il y aura plus de cohérence dans la société. Il y aura moins d’agressions, moins d’admission dans les hôpitaux, moins d’accidents de la route, de divorces, de faillites d’entreprises, moins de chômage parce que les gens deviennent plus créatifs, plus dynamiques. A mon avis, c’est la seule alternative pour lutter contre la criminalité parce qu’il n’est pas possible que l’Etat mette un gendarme derrière chaque Sénégalais. Mais il est possible de réveiller le gendarme qui est quelque part dans l’esprit de chaque Sénégalais. Ce qui fait que la personne devient son propre gendarme.
Nous demandons aux populations de venir apprendre en masse. C’est une technique dont tout le monde a besoin. Chaque personne qui a un système nerveux à besoin d’une technique qui lui permet de relâcher le stress. Chaque personne a besoin d’augmenter sa santé physique, sa santé mentale. Le fait que cette technique se prolifère a des retentissements sur la société dans son ensemble. On a remarqué que dans les pays qui pratiquent cette technique, il y a plus de paix. Vous savez, il y a des pays dont on parle rarement dans le journal télévisé. Dans ces pays, comme la Norvège, la Finlande, le Danemark, il y a beaucoup de personnes qui pratiquent cette technique, il y a beaucoup de centres de méditation transcendantale. Le résultat est qu'il y a beaucoup de paix dans ces pays. J’encourage les gens à venir apprendre cette technique. Les autorités ont également là un outil qui leur permet de mettre fin définitivement à la vague de criminalité qui sévit dans notre pays. Il suffit d'introduire la technique dans les écoles, dans l’armée pour que les problèmes du Sénégal soient résolus.
ABDOUL KADER Ba