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Le Sénégal a enfin réussi à atteindre les quarts après plusieurs échecs consécutifs, êtes-vous soulagés d’y être parvenu ?
« Oui c’est un soulagement car cela fait quand même un bon bout de temps que le Sénégal n’avait pas atteint ce cap-là. La dernière fois c’était en 2006. Les générations se sont suivies mais cela a été compliqué effectivement. Notre objectif N.1, c’était de sortir de cette poule. Les garçons l’ont fait ».
Première équipe qualifiée au second tour, meilleure nation africaine au classement Fifa: vous êtes considérés maintenant comme le grand favori. Comment vivez-vous cela ?
« C’est un statut qu’on nous a donné déjà avant (la compétition). Le Sénégal vient de sortir de pratiquement 10 ans sans qualifications au 2ème tour. Comment peut-on être favori d’une compétition où il y a la Côte d’Ivoire, tenant du titre, le Ghana, dernier finaliste, le Maroc, qui a une très belle équipe, sans compter la RD Congo qui a le potentiel pour faire de très belles choses ? Maintenant, nous allons aborder ce troisième match contre l’Algérie (lundi, 20h00). Et après, aborder sereinement ces quarts de finale. Mais il y a seize équipes dans cette compétition et je pense que ces seize équipes sont favorites ».
Quels sont les ingrédients de la réussite actuelle ? Qu’est-ce qu’a changé la méthode Aliou Cissé ?
« Un journaliste m’a dit récemment que les joueurs disaient que +l’état d’esprit avaient changé, c’est pour cela que les choses marchent+. Je me suis empressé de lui répondre que donc nos joueurs avouent que l’état d’esprit n’étaient pas bon au début. C’est vrai qu’il y a une façon de travailler, un comportement que j’exige et aussi la connaissance que nous avons du football africain qui nous aide. De savoir tout simplement qu’être un bon joueur ne suffira pas à un moment donné pour exister en Afrique. Il faut d’autres valeurs, que cela soient le courage, l’abnégation, l’humilité, la générosité, la combativité, la solidarité. Et ce sont tous ces ingrédients là qu’on essaye de réunir pour que l’équipe puisse aller de l’avant».
En quoi est-ce important qu’un ancien international et capitaine comme vous reprenne le flambeau en tant que sélectionneur?
« Pour les anciens internationaux, il y a deux choix: il y a le choix de mourir avec sa connaissance. Ou le choix de venir transmettre à ses petits frères ce que nous nous avons vécu. J’ai choisi ça. Le Sénégal m’en a donné l’opportunité. Je suis heureux de le faire. Un proverbe dit chez nous que +Seul un fils du pays peut construire son propre pays+. Et ça je le crois. Je crois qu’un fils d’un autre pays ne viendra jamais construire le pays d’un autre. Nous faisons parti des fils de ce pays. Nous aimons notre pays et si nous voulons à un moment donné, contribuer à aider ce pays à se développer, je ne peux pas le faire dans d’autres secteurs, je ne peux le faire que dans ce domaine que je connais: le football. Et je n’ai pas hésité une seule fois pour ça. »
Quel est le souvenir qu’il vous reste de la finale perdue lors de la CAN-2002 ?
« Un gout inachevé. Une impression de travail pas fini, pas accompli. C’est vrai que chaque jour, on s’adresse aux joueurs pour leur dire: +Ne faites pas l’erreur que nous nous avons faite. Quand vous avez la possibilité d’écrire l’histoire, c’est maintenant, ce n’est pas demain. En 2002, on avait tous 25, 26 ans et on se disait: +il n’y a pas de problèmes, en 2004 on va la gagner. A l’arrivée, on ne l’a toujours pas gagnée. C’est un regret. »
Que pensez-vous de Sadio Mané, auteur déjà de deux buts ? Jusqu’où peut-il aller ?
« Ce n’est pas un produit fini. J’aime bien ce mot. C’est un garçon brut. Il ne faut pas oublier qu’il est encore jeune (24 ans). Je vois que d’année en année, il progresse. Le fait d’être à Liverpool va (faire) encore augmenter marge de progression. Je pense que tout cela peut être bénéfique pour nous pour notre sélection. Mais aujourd’hui, je pense qu’il est encore un peu fragile, un peu tendre pour porter l’équipe nationale comme tout le monde le dit».