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Avez-vous espoir qu’il puisse y avoir une solution à la crise casamançaise ?
Il y a une solution. Je peux vous le dire. Parce que je suis allé à Kassolol rencontrer les combattants. A Diakaye aussi, j’ai rencontré les combattants. Même après le discours de Macky Sall, je les ai interpellés, ils m’ont dit: «C’est très bien, c’est tout ce que nous attendions et nous sommes prêts à déposer les armes parce qu’on n’avait pas confiance. On nous a brouillés en mettant beaucoup d’argent. Et puis on nous a opposés les uns aux autres. Mais nous voulons parler d’une seule voix parce que nous sommes fatigués. Vous ne pouvez pas imaginer notre fatigue, les difficultés que nous avons. Est-ce que vous imaginez comment on se couche ? Comment on mange ?» Je ne pouvais pas l’imaginer.
Mais j’ai rencontré, au maquis, un jeune garçon de 17 ans qui m’a dit: «Monsieur Sambou, moi je ne suis pas venu pour l’indépendance ; je n’y comprends rien ; je m’en fous. Je suis venu tout simplement pour sauver ma vie. On a tué mon père et mon frère sur dénonciation. Si je reste on va me tuer. J’ai pris le fusil pour ne pas mourir». Et il me dit, «Monsieur Sambou, est-ce que vous ne pensez pas que j’ai le droit de passer ma jeunesse comme les autres ? Mais je ne sais rien faire d’autre que tuer. Qu’est-ce que je vais dire à Dieu quand je vais mourir. Faites vite pour que nous sortions d’ici. Vous voyez, eux ils pensent que c’est nous qui les avons mis là-bas pour ensuite les abandonner. Au moins vous venez nous voir». J’ai leur contact et je peux les appeler quand je veux. Même pendant la campagne ils m’ont dit : «Vous pouvez venir avec Youssou (Ndour).» Je leur ai dit que c’était très dangereux parce qu’avec cette confusion, on peut nous faire tuer et dire après que c’est vous. Ce n’est pas la peine.
Pour le moment, on attend que ça se calme et nous allons y aller avec une procédure acceptée par la Présidence et par le Sénégal. Je le dis encore une fois, il n’y a pas une personne ou un groupe qui puisse dire «je peux régler le problème». C’est tout le Sénégal qui va se lever et régler le problème. Nous au niveau de l’Acad, notre association, nous sommes pour une dynamique inclusive ; nous ne rejetons personne. Tous les Sénégalais y sont conviés. Beaucoup de gens ont travaillé en Casamance. Parmi eux, il y en a qui connaissent mieux la Casamance que certains Casamançais. Ces gens, il faut les utiliser. Et pourquoi pas les autorités administratives ? Parce que, nécessairement, quand on est une autorité administrative, avec les relations qu’on tisse avec les populations, on peut avoir des situations favorables. Avec une organisation bien structurée, une ouverture pour tout le monde, le problème va se régler très facilement.
L’Acad a déjà fait l’essentiel. Moi je suis personne-ressource au niveau de la Cedeao dans le règlement des conflits. J’ai été invité au Ghana avec le Centre de formation Koffi Annan où on m’a demandé de décrire la situation en Casamance. Les gens m’ont demandé pourquoi ça ne se règle pas ? J’ai été aussi au Burkina Faso pour cela, en tant que personne-ressource. Malheureuse ment, avec l’ancien régime c’étaient des problèmes. Wade n’a voulu impliquer personne. L’Acad, elle, va s’impliquer dans le règlement de la crise.
Concrètement, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées?
C’est d’abord l’éparpillement du Mfdc (la rébellion). Nous disons qu’il faut nécessairement les rassembler. Ensuite, il y a des gens qui profitent de cette situation et on a l’impression que cette guerre est maintenue exprès pour manipuler l’opinion nationale et internationale. Parce qu’il y a des voies et moyens pour trouver des solutions. Malheureusement, c’est au niveau de la Présidence qu’on a tout bloqué. Aussi ce que nous avons demandé aux combattants, ils nous l’ont renvoyé en nous disant «il faut que vous, Casamançais, soyez unis. Il y a des divergences parmi les gens qui disent qu’ils peuvent régler la crise». Vous avez vu ce qui s’est passé avec les «Sages» de Diouloulou. Vous avez vu comment ça s’est terminé. C’est un problème d’argent. Et pourtant je les ai convoqués pour leur dire que cet argent risque de leur brûler les doigts. Ils étaient venus en réunion à Ziguinchor.
Quelles doivent être les prochaines étapes pour la sortie de cette crise casamançaise ?
Il faut qu’il y ait Foundioune 2. Parce que nous avons commencé avec Macky Sall quand il était Premier ministre, et c’est sur la base de ce livre-là qu’on est allé faire la réunion à Foundioune. Mais on a l’impression que cette crise est bloquée exprès, parce que le calendrier prévoyait Foun dioune 1, Foundioune 2 et Foundioune 3. On devait parachever tout. Mais malheureusement on a arrêté à Foundioune1. Peut-être que des gens ne voulaient pas la paix, alors qu’on était parti sur de bonnes bases avec Macky Sall. Il n’y a pas eu de suite. Cette fois-ci, il y aura la paix. Parce que Macky sait où il va mettre les pieds. Il est de Fatick, j’étais à Fatick. J’ai fait beaucoup de missions avec les «Sages» de Fatick jusque dans le maquis. Et ces gens sont encore disponibles. Ils pourraient nous aider à y retourner. Je suis convaincu qu’avec la culture, nous pouvons régler cette crise.
LEQUOTIDIEN.SN