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BECAYE CISSE (6 ANS) SOUFFRE LE MARTYRE APRES UNE AMPUTATION
Ses parents dénoncent une bourde médicale
Bécaye Cissé, victime d’une ‘‘fracture fermée’’ en tentant d’éviter une voiture, a été ‘‘plâtré, déplâtré, replâtré, opéré, doublement amputé, et infecté d’un tétanos’’, à l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy), selon ses parents.
“Un jour viendra où le principal avantage d’apprendre la médecine sera de se protéger contre les médecins”, disait le journaliste écrivain canadien Jacques Ferron dans son œuvre ‘‘Le Saint Elias’’. La mésaventure du petit Bécaye Cissé, 6 ans, à l’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy), a tendance à accréditer cet aphorisme. L’histoire est une consternante succession de mésaventures médicales, d’après la version des parents. L’enfant, victime d’une ‘‘fracture fermée au pied’’ après un accident routier, a été mal plâtré, déplâtré, replâtré, opéré, infecté de tétanos, avant d’être amputé de la jambe droite. Une succession d’erreurs médicales que le menu gamin porte sur son frêle corps endolori, alité dans une chambre du service de réanimation à Hoggy. Rien que des enflures sur sa petite personne dont la plus visible reste la langue qui est constamment exposée hors de la cavité buccale, les lèvres boursoufflées. ‘‘Aujourd’hui (mercredi 8 février 2017 Ndlr) vous l’avez trouvé en bonne forme’’, se réjouit sa mère Aby Ndiaye. La dame est peut-être soulagée de voir les premiers signes d’une amélioration depuis bientôt un mois, depuis cette date fatidique du 11 janvier 2017, jour de l’accident, mais le gamin souffre tellement que ce sont de légers couinements qui s’échappent en réaction aux cajoleries maternelles.
Moussa Cissé le papa, qui s’active dans le commerce, vêtu d’un Lacoste blanc, semble plus à même de relater le film des évènements du mercredi 11 janvier qui ont conduit à cette révoltante situation. ‘‘Il revenait de l’école coranique et devait rentrer chez nous à Castors, près du marché. C’est là qu’on m’a appelé pour me dire qu’une voiture l’a touché, aux environs de 13 heures, au Front de terre en face de la gendarmerie. A l’accueil de l’Hoggy, on nous a dit que c’est une fracture. Quand la radiographie l’a confirmée, les médecins ont dit qu’ils devaient plâtrer sa jambe. Aux abords de 18 heures, ils lui ont fait un plâtre. Le supérieur a dit au médecin que c’était mal fait en lui montrant le cliché. Il s’est exécuté à nouveau et son chef lui a fait la même observation. On voyait qu’il était exaspéré par ces remarques. C’est au troisième essai, au crépuscule, qu’ils nous ont libérés pour nous demander de revenir le lendemain. Le jeudi 12, ils ont enlevé tout ce qu’ils avaient fait la veille pour replâtrer la jambe du petit. ‘‘Cette fois, c’est la bonne. Revenez le 31 janvier ’’, nous ont-ils dit.
Un récit placide qui cache bien sa douleur paternelle qui s’exprime dans les quelques jurons qu’il laisse échapper de temps à autre. Poursuivant sa narration, il fait savoir que de retour à la maison, l’enfant s’est mis à pleurer toutes les larmes de son corps. Devant la douleur et un pied qui s’enflait à vue d’œil, il n’a pas attendu le 31 pour se rendre à l’hôpital. ‘‘Dans la matinée du mardi 17 janvier, nous nous sommes rendus à Hoggy de nouveau et avons retrouvé le même groupe de soigneurs du premier jour. Ils ont décidé de déplâtrer encore une fois, et du liquide purulent a giclé de la plaie. Le pied de Bécaye avait complètement noirci. Je les ai entendu dire : ‘‘C’est grave hein !’’ Après des conciliabules à voix basses, ils m’ont dit qu’ils allaient devoir l’hospitaliser. Pendant qu’on cherchait une salle, l’enfant pleurait toujours. On nous a mis dans une espèce de débarras où se trouvait toute sorte de matériel. Il y a passé la nuit alors que son cas devait être diligenté’’, continue Moussa Cissé.
‘‘Ils ont dit ‘‘wagni Thieur’’. Il n’y a pas mille interprétations. Ça signifie amputation !’’
Sur le grand lit où il s’agite faiblement par intermittence, Bécaye a le corps innervé de fils qui servent aux perfusions. Un qui part du nez se perd sous la couverture blanche qui lui cache le bas du corps. Trois électrodes collent à son frêle buste. Les parents du petit Bécaye ne sont pourtant pas au bout de leurs désagréables surprises comme le montre la suite d’un éprouvant récit. ‘‘Le lendemain, mercredi (18 janvier), ils sont venus me dire qu’on doit lui amputer la jambe. ‘‘Mais ça va pas non ? Vous plâtrez, déplâtrez comme ça vous chante et maintenant, c’est l’amputation. Mon gosse ne sera pas amputé !’’ lui ai-je rétorqué. ‘‘Quand je suis sorti dans l’après-midi pour acheter des médicaments, ils l’ont amené au bloc opératoire à mon insu, mais ma femme m’a appelé vers 18 heures pour me le dire. Je suis intervenu à temps en m’agrippant au lit et y opposant un niet catégorique. Ils m’ont dit que je n’avais pas le droit d’entrer dans le bloc. Je leur ai dit que celui qui s’aventurait à amputer le pied de mon fils verrait avec moi. J’en suis même venu aux mains avec l’un des médecins. Quand on nous a séparés, j’ai exigé que mon fils sorte du bloc. Nous avons discuté plus calmement par la suite et je lui ai suggéré une opération avec une pose de fer et de soigner l’infection par la même occasion’’, dit-il.
Moussa Cissé de poursuivre : ‘’Ce n’était qu’une fracture fermée à la base. Quand je suis allé raconter cela aux sapeurs, ils m’ont dit que c’était impossible qu’on en soit arrivé à envisager une amputation. Les médecins sont allés jusqu’à dire à un de mes beaux-parents que c’est moi qui ai dû mal comprendre car ils parlent d’opération et non d’amputation. Mais moi je sais bien ce que j’ai entendu, ils ont dit ‘‘wagni thieur’’. Il n’y a pas mille interprétations. ‘‘Wagni Thieur’’ veut bien dire amputation. Finalement ils l’ont opéré, lui ont posé des fers pour immobiliser l’os. Mais il n’y a pas eu de suivi’’.
Négligence médicale ? Le pater répond par l’affirmative puisque d’après lui, c’est à la suite de cette pose que son fils a contracté le tétanos. Furax, il dit : ‘‘La nuit du mercredi au jeudi, le gosse a été laissé à lui seul, pas un médecin de garde qui soit venu s’enquérir de sa situation alors qu’il saignait abondamment. Le lendemain, le médecin s’est étonné de ce saignement. Le pied du gamin avait complètement noirci. C’est justement après la pose de ces fers qu’il a contracté le tétanos avec des tremblements sur tout le corps. Le soigneur a dit que ce n’était pas un bon signe.’’
‘‘Quand l’urologue a voulu savoir qui a monté la sonde, ils se sont mis à se regarder’’
Pour les parents de Bécaye Cissé, l’affaire est claire. Une prise en charge médicale faite d’approximations plutôt que d’exactitudes a été la cause de cet enchaînement de malheurs. ‘‘C’est le vendredi 20 janvier 2017 qu’ils sont venus nous annoncer que l’amputation était inéluctable. J’ai persisté dans mon refus mais ils ont dit que c’était la seule solution. Ils ont même appelé un conseiller juridique qui m’a dit que je devais accepter cette décision au risque de mettre la vie de mon fils en danger. J’en ai parlé avec les membres de ma famille qui m’ont finalement convaincu du bien-fondé de l’amputation’’, narre Moussa Cissé. La mort dans l’âme, il dût se résoudre à accepter cette éventualité. Mais il était écrit que la boîte à mauvaises surprises pour le rejeton du couple Cissé réservait encore quelques désagréables tours. ‘‘A la première opération, ils avaient sectionné juste en haut de la cheville. On s’est dit que c’est un moindre mal puisqu’on a pensé qu’il fallait juste une prothèse après l’opération. Mais ma surprise a été grande de voir qu’il y a eu une deuxième amputation à la mi-cuisse, qui lui a pratiquement pris toute la jambe. Le gosse souffre atrocement’’, déclare M. Cissé. Conséquences de cette seconde amputation : ‘‘Quand il pisse, c’est un supplice puisqu’en mouillant sa cuisse il empêchait la cautérisation de la plaie. Là aussi, ils ont mal posé une sonde dans son sexe alors que l’urologue était absent. C’était mal fait et ça lui faisait terriblement mal. Quand ce dernier est venu demander qui a monté la sonde, ils se sont tous mis à se regarder. Son urine était finalement extraite avec une piqûre ce qui le faisait souffrir encore plus’’, déplore Moussa Cissé.
Une mésaventure chère payée
Malgré ces erreurs en cascade, le couple Cissé et leur fils doivent aussi livrer bataille sur un autre front. Paradoxe ultime, la victime trinque financièrement après avoir souffert corporellement. La jambe amputée de Bécaye Cissé va revenir à 1 267 636 F CFA à ses parents (Ndlr : à la date du 8 février 2017). Une facture d’hospitalisation très salée qui s’établit comme suit : 600 000 F CFA pour l’hospitalisation, 210 000 francs pour les actes de diagnostic, 292 250 F CFA pour le bloc opératoire et 165 386 francs pour la pharmacie. ‘‘Il n’y a pas de prise en charge et on ne sait toujours pas de quoi souffre notre enfant. Il ne parle plus, il ne fait que pleurer et on tient à nous le faire payer’’, s’offusque le père indigné.
TOM GUEYE (CHARGE DE COMMUNICATION DE HOGGY)
‘‘Nous préférons sauvegarder son intimité et son intégrité ’’
Conscient de la nécessité d’entendre les deux parties pour respecter l’élémentaire principe du contradictoire, une série de questions a été préparée à l’intention de Hoggy pour recouper la version des parents de Bécaye Cissé. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a été diagnostiqué exactement à l’arrivée de Bécaye Cissé le 11 janvier ? Pourquoi avoir plâtré déplâtré et replâtré à plus de deux reprises comme l’a soutenu son père ? Y-a-t-il eu erreur de diagnostic ? Le médecin qui a soigné l’enfant était-il frustré par les remontrances de son supérieur, comme le soutient Moussa Cissé ? Pourquoi la décision de l’amputer ? Pourquoi être revenu sur cette décision pour finalement poser des fers ? L’enfant a-t-il été atteint d’un tétanos nosocomial ? A-t-il été amputé à deux reprises ?… Et bien d’autres questions pour confirmer ou infirmer les faits et tenter de situer les responsabilités des traitants dont nous avons choisi de taire les noms. ‘‘L’enfant est toujours sous observation au service réanimation de l’hôpital. Nous préférons sauvegarder son intimité et son intégrité. Le moment venu, on avisera’’, a déclaré le chargé de com de l’hôpital, Tom Guèye, par téléphone le mardi 14 février dernier dans la soirée. Joint plus tôt, le dimanche 12 février, M. Guèye a convenu d’un rendez-vous (avec le chef du service orthopédie traumatologie d’abord), avant de se porter volontaire lui-même pour répondre à nos questions pour un rendez-vous qui aurait dû se tenir mercredi 15 février, à 11 heures. Avant de se raviser la veille.
avec Enquête
Ses parents dénoncent une bourde médicale
Bécaye Cissé, victime d’une ‘‘fracture fermée’’ en tentant d’éviter une voiture, a été ‘‘plâtré, déplâtré, replâtré, opéré, doublement amputé, et infecté d’un tétanos’’, à l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy), selon ses parents.
“Un jour viendra où le principal avantage d’apprendre la médecine sera de se protéger contre les médecins”, disait le journaliste écrivain canadien Jacques Ferron dans son œuvre ‘‘Le Saint Elias’’. La mésaventure du petit Bécaye Cissé, 6 ans, à l’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy), a tendance à accréditer cet aphorisme. L’histoire est une consternante succession de mésaventures médicales, d’après la version des parents. L’enfant, victime d’une ‘‘fracture fermée au pied’’ après un accident routier, a été mal plâtré, déplâtré, replâtré, opéré, infecté de tétanos, avant d’être amputé de la jambe droite. Une succession d’erreurs médicales que le menu gamin porte sur son frêle corps endolori, alité dans une chambre du service de réanimation à Hoggy. Rien que des enflures sur sa petite personne dont la plus visible reste la langue qui est constamment exposée hors de la cavité buccale, les lèvres boursoufflées. ‘‘Aujourd’hui (mercredi 8 février 2017 Ndlr) vous l’avez trouvé en bonne forme’’, se réjouit sa mère Aby Ndiaye. La dame est peut-être soulagée de voir les premiers signes d’une amélioration depuis bientôt un mois, depuis cette date fatidique du 11 janvier 2017, jour de l’accident, mais le gamin souffre tellement que ce sont de légers couinements qui s’échappent en réaction aux cajoleries maternelles.
Moussa Cissé le papa, qui s’active dans le commerce, vêtu d’un Lacoste blanc, semble plus à même de relater le film des évènements du mercredi 11 janvier qui ont conduit à cette révoltante situation. ‘‘Il revenait de l’école coranique et devait rentrer chez nous à Castors, près du marché. C’est là qu’on m’a appelé pour me dire qu’une voiture l’a touché, aux environs de 13 heures, au Front de terre en face de la gendarmerie. A l’accueil de l’Hoggy, on nous a dit que c’est une fracture. Quand la radiographie l’a confirmée, les médecins ont dit qu’ils devaient plâtrer sa jambe. Aux abords de 18 heures, ils lui ont fait un plâtre. Le supérieur a dit au médecin que c’était mal fait en lui montrant le cliché. Il s’est exécuté à nouveau et son chef lui a fait la même observation. On voyait qu’il était exaspéré par ces remarques. C’est au troisième essai, au crépuscule, qu’ils nous ont libérés pour nous demander de revenir le lendemain. Le jeudi 12, ils ont enlevé tout ce qu’ils avaient fait la veille pour replâtrer la jambe du petit. ‘‘Cette fois, c’est la bonne. Revenez le 31 janvier ’’, nous ont-ils dit.
Un récit placide qui cache bien sa douleur paternelle qui s’exprime dans les quelques jurons qu’il laisse échapper de temps à autre. Poursuivant sa narration, il fait savoir que de retour à la maison, l’enfant s’est mis à pleurer toutes les larmes de son corps. Devant la douleur et un pied qui s’enflait à vue d’œil, il n’a pas attendu le 31 pour se rendre à l’hôpital. ‘‘Dans la matinée du mardi 17 janvier, nous nous sommes rendus à Hoggy de nouveau et avons retrouvé le même groupe de soigneurs du premier jour. Ils ont décidé de déplâtrer encore une fois, et du liquide purulent a giclé de la plaie. Le pied de Bécaye avait complètement noirci. Je les ai entendu dire : ‘‘C’est grave hein !’’ Après des conciliabules à voix basses, ils m’ont dit qu’ils allaient devoir l’hospitaliser. Pendant qu’on cherchait une salle, l’enfant pleurait toujours. On nous a mis dans une espèce de débarras où se trouvait toute sorte de matériel. Il y a passé la nuit alors que son cas devait être diligenté’’, continue Moussa Cissé.
‘‘Ils ont dit ‘‘wagni Thieur’’. Il n’y a pas mille interprétations. Ça signifie amputation !’’
Sur le grand lit où il s’agite faiblement par intermittence, Bécaye a le corps innervé de fils qui servent aux perfusions. Un qui part du nez se perd sous la couverture blanche qui lui cache le bas du corps. Trois électrodes collent à son frêle buste. Les parents du petit Bécaye ne sont pourtant pas au bout de leurs désagréables surprises comme le montre la suite d’un éprouvant récit. ‘‘Le lendemain, mercredi (18 janvier), ils sont venus me dire qu’on doit lui amputer la jambe. ‘‘Mais ça va pas non ? Vous plâtrez, déplâtrez comme ça vous chante et maintenant, c’est l’amputation. Mon gosse ne sera pas amputé !’’ lui ai-je rétorqué. ‘‘Quand je suis sorti dans l’après-midi pour acheter des médicaments, ils l’ont amené au bloc opératoire à mon insu, mais ma femme m’a appelé vers 18 heures pour me le dire. Je suis intervenu à temps en m’agrippant au lit et y opposant un niet catégorique. Ils m’ont dit que je n’avais pas le droit d’entrer dans le bloc. Je leur ai dit que celui qui s’aventurait à amputer le pied de mon fils verrait avec moi. J’en suis même venu aux mains avec l’un des médecins. Quand on nous a séparés, j’ai exigé que mon fils sorte du bloc. Nous avons discuté plus calmement par la suite et je lui ai suggéré une opération avec une pose de fer et de soigner l’infection par la même occasion’’, dit-il.
Moussa Cissé de poursuivre : ‘’Ce n’était qu’une fracture fermée à la base. Quand je suis allé raconter cela aux sapeurs, ils m’ont dit que c’était impossible qu’on en soit arrivé à envisager une amputation. Les médecins sont allés jusqu’à dire à un de mes beaux-parents que c’est moi qui ai dû mal comprendre car ils parlent d’opération et non d’amputation. Mais moi je sais bien ce que j’ai entendu, ils ont dit ‘‘wagni thieur’’. Il n’y a pas mille interprétations. ‘‘Wagni Thieur’’ veut bien dire amputation. Finalement ils l’ont opéré, lui ont posé des fers pour immobiliser l’os. Mais il n’y a pas eu de suivi’’.
Négligence médicale ? Le pater répond par l’affirmative puisque d’après lui, c’est à la suite de cette pose que son fils a contracté le tétanos. Furax, il dit : ‘‘La nuit du mercredi au jeudi, le gosse a été laissé à lui seul, pas un médecin de garde qui soit venu s’enquérir de sa situation alors qu’il saignait abondamment. Le lendemain, le médecin s’est étonné de ce saignement. Le pied du gamin avait complètement noirci. C’est justement après la pose de ces fers qu’il a contracté le tétanos avec des tremblements sur tout le corps. Le soigneur a dit que ce n’était pas un bon signe.’’
‘‘Quand l’urologue a voulu savoir qui a monté la sonde, ils se sont mis à se regarder’’
Pour les parents de Bécaye Cissé, l’affaire est claire. Une prise en charge médicale faite d’approximations plutôt que d’exactitudes a été la cause de cet enchaînement de malheurs. ‘‘C’est le vendredi 20 janvier 2017 qu’ils sont venus nous annoncer que l’amputation était inéluctable. J’ai persisté dans mon refus mais ils ont dit que c’était la seule solution. Ils ont même appelé un conseiller juridique qui m’a dit que je devais accepter cette décision au risque de mettre la vie de mon fils en danger. J’en ai parlé avec les membres de ma famille qui m’ont finalement convaincu du bien-fondé de l’amputation’’, narre Moussa Cissé. La mort dans l’âme, il dût se résoudre à accepter cette éventualité. Mais il était écrit que la boîte à mauvaises surprises pour le rejeton du couple Cissé réservait encore quelques désagréables tours. ‘‘A la première opération, ils avaient sectionné juste en haut de la cheville. On s’est dit que c’est un moindre mal puisqu’on a pensé qu’il fallait juste une prothèse après l’opération. Mais ma surprise a été grande de voir qu’il y a eu une deuxième amputation à la mi-cuisse, qui lui a pratiquement pris toute la jambe. Le gosse souffre atrocement’’, déclare M. Cissé. Conséquences de cette seconde amputation : ‘‘Quand il pisse, c’est un supplice puisqu’en mouillant sa cuisse il empêchait la cautérisation de la plaie. Là aussi, ils ont mal posé une sonde dans son sexe alors que l’urologue était absent. C’était mal fait et ça lui faisait terriblement mal. Quand ce dernier est venu demander qui a monté la sonde, ils se sont tous mis à se regarder. Son urine était finalement extraite avec une piqûre ce qui le faisait souffrir encore plus’’, déplore Moussa Cissé.
Une mésaventure chère payée
Malgré ces erreurs en cascade, le couple Cissé et leur fils doivent aussi livrer bataille sur un autre front. Paradoxe ultime, la victime trinque financièrement après avoir souffert corporellement. La jambe amputée de Bécaye Cissé va revenir à 1 267 636 F CFA à ses parents (Ndlr : à la date du 8 février 2017). Une facture d’hospitalisation très salée qui s’établit comme suit : 600 000 F CFA pour l’hospitalisation, 210 000 francs pour les actes de diagnostic, 292 250 F CFA pour le bloc opératoire et 165 386 francs pour la pharmacie. ‘‘Il n’y a pas de prise en charge et on ne sait toujours pas de quoi souffre notre enfant. Il ne parle plus, il ne fait que pleurer et on tient à nous le faire payer’’, s’offusque le père indigné.
TOM GUEYE (CHARGE DE COMMUNICATION DE HOGGY)
‘‘Nous préférons sauvegarder son intimité et son intégrité ’’
Conscient de la nécessité d’entendre les deux parties pour respecter l’élémentaire principe du contradictoire, une série de questions a été préparée à l’intention de Hoggy pour recouper la version des parents de Bécaye Cissé. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a été diagnostiqué exactement à l’arrivée de Bécaye Cissé le 11 janvier ? Pourquoi avoir plâtré déplâtré et replâtré à plus de deux reprises comme l’a soutenu son père ? Y-a-t-il eu erreur de diagnostic ? Le médecin qui a soigné l’enfant était-il frustré par les remontrances de son supérieur, comme le soutient Moussa Cissé ? Pourquoi la décision de l’amputer ? Pourquoi être revenu sur cette décision pour finalement poser des fers ? L’enfant a-t-il été atteint d’un tétanos nosocomial ? A-t-il été amputé à deux reprises ?… Et bien d’autres questions pour confirmer ou infirmer les faits et tenter de situer les responsabilités des traitants dont nous avons choisi de taire les noms. ‘‘L’enfant est toujours sous observation au service réanimation de l’hôpital. Nous préférons sauvegarder son intimité et son intégrité. Le moment venu, on avisera’’, a déclaré le chargé de com de l’hôpital, Tom Guèye, par téléphone le mardi 14 février dernier dans la soirée. Joint plus tôt, le dimanche 12 février, M. Guèye a convenu d’un rendez-vous (avec le chef du service orthopédie traumatologie d’abord), avant de se porter volontaire lui-même pour répondre à nos questions pour un rendez-vous qui aurait dû se tenir mercredi 15 février, à 11 heures. Avant de se raviser la veille.
avec Enquête