SONG KI JEONG, REPRESENTANT-RESIDENT DE KOICA: 'LA CORÉE VEUT FAIRE DU SÉNÉGAL UN DES PAYS PRIORITAIRES DE SON AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT'
Le représentant-résident de l’Agence de coopération internationale (Koica) coréenne au Sénégal, Song Ki Jeong, affiche sa volonté de faire de notre pays l’un des destinataires de l’aide publique au développement de Séoul. Il évoque, entres autres aspects, la fin du programme des Omd au Sénégal et l’implantation en cours d’une imprimerie à Dakar.
Quel est l’état des lieux des interventions de l’Agence de coopération coréenne (Koica) au Sénégal ?
Koica s’est installée au Sénégal il y a six ans. Et depuis cette date, elle n’a cessé d’augmenter ces projets dans votre pays, notamment ceux liés aux secteurs de base (éducation, santé, hydraulique rurale). Il y a aussi le pro- gramme des volontaires coréens au Sénégal. Koica n’est pas la plus grande agence de coopération bilatérale, mais elle fait son petit bonhomme de chemin.
Nous envisageons même d’augmenter, dans les années à venir, l’enveloppe destinée à l’aide publique au développement. Dans ce cas, nous aurons besoin d’avoir des projets très intéressants qui pourront être proposés par le gouvernement sénégalais. Nous sommes en train de réaliser des projets dans beaucoup de domaines.
Par exemple, il y en a un sur l’amélioration de la productivité du riz. Il va durer de 2015 à 2018. L’autre programme est relatif à la réhabilitation du centre d’initiation horticole de Saint-Louis. L’exécution de ces deux projets a presque commencé, car les études ont été déjà faites avec des experts qui ont effectué plusieurs voyages pour cette question.
L’autre initiative en cours de réalisation, c’est la création de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel de Diamniadio qui vise à donner du métier à ceux qui ont le niveau baccalauréat.
Ils feront une formation de deux ans, ce qui leur permettra d’avoir une qualification. Non sans oublier le projet de développement local agricole de Podor et celui sur les espaces numériques ouverts. Il concerne le projet de l’Université virtuelle.
En termes de données, comment évaluez- vous les échanges de coopération entre les deux pays ?
En 2014, la Koica a accordé, en moyenne, 3,7 millions de dollars au Sénégal sous forme d’investissements dans les projets. Il s’agit de subventions non remboursables. En perspective, nous décidons d’encourager les partenariats public-privé (Ppp).
Pour le moment, nous ne nous intéressons qu’au secteur public, comme les ministères. Nous cherchons à voir comment travailler avec les acteurs du privé local pour développer des Ppp.
Il y a l’initiative des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) qui est représentée par un bureau sous-régional des villages du millénaire avec lequel nous sommes en train de travailler sur des projets pour réaliser des Ppp.
L’année 2015 marque la fin des Omd. Quelle lecture vous faites de cette initiative en termes de bilan ?
Le Sénégal a atteint un certain nombre d’objectifs liés à ce programme, notamment dans le domaine de l’hydraulique rurale dans lequel nous intervenons en construisant des forages dans les zones rurales. Cela peut contribuer à atteindre les Omd.
Le Sénégal, en ce sens, a fait de très grands pas. La Koica intervient aussi dans l’éducation, l’agriculture, la sécurité alimentaire. Ainsi, tous ces projets peuvent contribuer à réaliser ces objectifs pour le développement dans ces secteurs.
Le Sénégal a élaboré un nouveau référentiel de politique économique et sociale en l’occurrence le Pse. Comment la Koica compte-t-elle s’impliquer pour la réussite de ce programme ?
Nous avons un vœu qui nous tient à cœur, c’est de faire du Sénégal un des pays prioritaires parmi les 27 choisis pour l’aide publique au développement (Apd) de la Corée. L’avantage est que si ce pays est sélectionné, il va bénéficier de plus de projets.
Avec le travail que nous sommes en train d’accomplir, nous espérons que ce souhait pourrait être réalisé. 70 % de notre aide publique au développement sont consacrés aux pays prioritaires.
Vous êtes également en train d’implanter une imprimerie à Dakar, précisément à l’école des Manguiers, sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Pourquoi ce projet et quel est l’objectif visé ?
C’est un projet qui va coûter 4,9 millions de dollars, soit près 2,5 milliards de FCfa. Il s’agit d’une imprimerie qui va confectionner des manuels scolaires. C’est une grande unité avec tous les accessoires nécessaires qui va faire la production du début à la fin. Il y a aussi un transfert de technologie des experts coréens au profit des techniciens sénégalais dont certains sont déjà envoyés en Corée pour suivre des formations.
Avec cette imprimerie, nous envisageons, en deux ans, de produire 3,7 millions de manuels scolaires en mathématiques et en français qui seront distribués gratuitement aux élèves. L’usine va démarrer sa production d’ici à janvier 2015. L’exploitation sera assurée par Koica et le Sénégal, mais au bout de deux ans, l’imprimerie sera restituée à l’Etat qui se chargera de pérenniser le projet.
Cette unité a été entièrement financée par la Koica. Une étude de faisabilité réalisée en 2011 par l’Unesco montrait que beaucoup d’élèves en classe primaire avaient des problèmes parce qu’ils ne disposaient pas de manuels scolaires. Ce projet va donc les aider à avoir plus de chances de réussir l’école primaire.
Où en êtes-vous avec les programmes de formation de votre pays pour les Sénégalais ?
Dans le domaine de la formation, la Koica a envoyé le premier stagiaire sénégalais en Corée du Sud en 1991. Depuis lors, elle offre, chaque année, à des fonctionnaires sénégalais, des bourses de stage dans plusieurs domaines de compétence, d’une durée qui varie entre deux semaines et trois mois.
Il existe également des programmes de Master sur une durée de treize mois destinés à cette même cible, dans trois universités coréennes : Seoul national university, Hankuk university of foreign studies et Yonsi university.
A leur retour de stage, ces agents fonctionnaires deviennent des membres à part entière de l’Amicale des anciens stagiaires sénégalais en Corée du Sud (Alasco) qui compte aujourd’hui 405 membres.
Cette structure a pour mission de contribuer au renforcement de l’amitié et de la coopération entre la Corée et le Sénégal ; œuvrer au raffermissement des relations entre l’Afrique et la Corée ; promouvoir et soutenir toutes les initiatives aptes à favoriser le partenariat et la réalisation des projets de développements économique, social et culturel.
LESOLEIL