SEYDINA SALIOU THIOUNE, FILS DE CHEIKH BETHIO THIOUNE « Le fait que Serigne Saliou ait élevé mon père au rang de Cheikh n’a pas plu à certains Mbacké-Mbacké»

Seydina Saliou Thioune, fils de Cheikh Béthio Thioune, est très proche du guide des «Thiantacones». Celui qui accompagne toujours son père lors de ses périples à travers le monde crie sur tous les toits que Cheikh Béthio Thioune est un prisonnier politique. Le guide des «Thiantacones» ne serait mêlé ni de près ni de loin au double meurtre de Bara Sow et de Pape Ababacar Diagne à Médinatoul Salam. 

Cheikh Béthio est dans les liens de la prévention. Comment vivez-vous cela en tant que fils ? 

Avant d’être notre père, Cheikh Béthio est avant tout notre marabout. Nous ne pouvons avoir que le cœur meurtri par rapport à sa détention. Cheikh Béthio est un haut dignitaire dans cette Nation. Il a toujours conduit ses disciples dans le droit chemin. Il a mis dans le droit chemin beaucoup de gens qui étaient sur une mauvaise pente. Nous qui sommes proches de Cheikh Béthio Thioune, nous savons qu’il n’est mêlé ni de près ni de loin au double meurtre de Médinatoul Salam. 

Les faits se sont déroulés chez lui ? 

La maison du Cheikh à Médinatoul Salam s’étend sur des hectares. Beaucoup de choses peuvent s’y passer sans qu’il ne soit au courant. Certains témoins ont affirmé que la bagarre s’est déroulée en dehors de la maison. 

Est-ce que ce n’est pas parce qu’il a raté l’éducation des «Thiantacones», qu’il en est arrivé à ne plus les contrôler ? 

Je ne pense pas. Cheikh Béthio a plus de 12 millions de talibés. C’est vrai qu’il est difficile de contrôler ce beau monde. Toutefois, il ne cesse de demander à ses disciples d’être dans le droit chemin pour travailler pour Serigne Saliou et Serigne Touba. Il faut dire que les «Thiantacones» sont infiltrés. Beaucoup de gens se déclarent du mouvement, mais ils n’en font pas partie. Cheikh Béthio Thioune nous a toujours exhortés à suivre le droit chemin, à travailler et à adorer nos parents. Il contrôlait même les notes des élèves pour les inciter à bien travailler à l’école. 

Comment avez-vous fait pour estimer les disciples de Cheikh Béthio à 12 millions ? 

Quand Serigne Saliou a fait de mon père un «Cheikh», il lui avait demandé d’inscrire dans un registre tout disciple qui lui faisait acte d’allégeance. A chaque fois que le registre était plein, on en faisait un double qu’on envoyait à Serigne Saliou. Ces registres nous ont permis d’évaluer le nombre de «Thiantacones» dans le monde. Les registres sont là et ne mentent pas. 

Pourquoi les «Thiantacones» se plaignent-ils par rapport à la délivrance des permis de communiquer avec le Cheikh emprisonné à Thiès ? 

Des milliers d’individus veulent visiter Cheikh Béthio Thioune. Pour les autres détenus, ils ont deux jours de visite. Et pour Cheikh Béthio Thioune, un seul jour de visite. Une justice à deux vitesses, pour vous dire que ce dossier a des soubassements politiques. Si Cheikh Béthio est un citoyen ordinaire, qu’on lui accorde deux jours de visite comme les autres prisonniers. Le seul jour du jeudi ne suffit pas. Les «Thiantacones» viennent d’un peu partout dans le monde pour rendre visite à Cheikh Béthio. Quatre disciples du Cheikh vivant aux Etats-Unis sont déjà en route expressément pour voir Cheikh Béthio. Ces épouses et ses enfants n’ont pas de problème pour lui rendre visite. C’est surtout les disciples qui rencontrent d’énormes difficultés. Le Tribunal est envahi par des milliers de «Thiantacones» et le juge ne délivre pas beaucoup de permis. 

Pourquoi vous dites que l’arrestation de Cheikh Béthio a des soubassements politiques ? 

Serigne Saliou lui avait demandé de soutenir Me Abdoulaye Wade. Il a donné cette consigne à ses talibés. Après le 25 mars, un nouveau régime est arrivé et a profité d’une situation pour incarcérer Cheikh Béthio Thioune. Cheikh Béthio Thioune est un prisonnier politique. Il a clamé son innocence. Il n’a ni tué ni donné l’ordre de tuer, encore moins convoyer des cadavres pour les enterrer. Et pourtant, contrairement à Cheikh Béthio, Barthélemy Dias a avoué dans une chaîne de télévision qu’il détenait deux armes à feu par devers lui, qu’il avait tiré sur des gens et que, si la police veut identifier les victimes, elle n’a qu’à se rendre dans les hôpitaux. Il a eu l’outrecuidance de présenter même ses condoléances, si toutefois les blessés par balle étaient morts. Aujourd’hui, il bénéficie d’une liberté provisoire. Barthélemy Dias a été investi sur les listes à la députation bien avant qu’il ne soit libéré. Pour dire que sa libération a été savamment programmée. On ne cessera jamais de dénoncer cette justice à deux vitesses au Sénégal. A mon avis, si le magistrat instructeur auditionne Cheikh Béthio Thioune, il doit pour autant bénéficier d’une liberté provisoire. Personne n’a plus de garantie que Cheikh Béthio au Sénégal. Il dispose de plusieurs maisons, de multiples biens et de plus de 12 millions de talibés dans le monde. 

Comment expliquez-vous l’absence des Mbacké Mbacké au chevet de Cheikh Béthio Thioune ? 

Serigne Saliou Mbacké a élevé Cheikh Béthio Thioune à un très haut rang. Il a donné un pouvoir spirituel extraordinaire à Cheikh Béthio. Ce qui, forcément, n’a pas plu à certains. C’est tout. 

Ne croyez-vous pas que le mouvement «Thiantacone» va disparaître avec la longue détention de Cheikh Béthio ? 

Je ne crois pas. Les «Thiantacones» sont dans les banques, dans les hôpitaux, dans l’Armée, dans les lycées et les universités. «Thiantacone» signifie celui qui glorifie Dieu à tout moment. Je crois qu’on ne peut pas interdire aux gens d’adorer Dieu dans ce pays. 

l'observateur