Echos du tribunal

Révélations sur les propos tenus par Cheikh Tidiane N'diaye devant la Crei


Jeudi 30 Octobre 2014

"Après notre départ de AHS SA, Noel Deconinck a voulu monter une compagnie aérienne ou plus précisément déposer un dossier pour permettre à TRANSAIR d’obtenir un permis d’exploitation aéroportuaire dit PEA, mais nous nous sommes heurtés au refus de l’inspecteur Fall de l’ANACIM (...)"


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Après Me Mamadou Diop, Cheikh Diallo entre autres, c'est au tour de Cheikh Tidiane Ndiaye. En effet, ce dernier sera appelé à compter de ce mercredi à la barre du prétoire de la Crei. En prélude, nous portons à votre connaissance, afin que nul n'en ignore, les graves révélations qu'il avait faites devant la commission d'enquête de la Crei, le 25 Juillet 2013 à 12 h 11.  




  
  
: Depuis quand travaillez-vous à AHS Handling S.A ? 
  
R : La société AHS. SA a démarré ses activités le 24 février 2003 et j’ai été la première personne recrutée par Deconinck. J’ai été la deuxième personne recrutée par la société Aviation Handling Services dite AHS SA 
  
: Quelles sont vos fonctions et tâches exactes dans cette entreprise ? 
  
R : J’ai été d’abord engagé par Air Afrique en qualité de mécanicien. A la liquidation d’Air Afrique, le comité local chargé de gérer le Handling nous a envoyé en formation à Dakar. A la création d’AHS, j’ai été engagé en qualité d’agent d’opérations dans cette entreprise. Par la suite, je me suis spécialisé en sûreté aéroporturaire. C’est ainsi qu’après avoir obtenu mes diplômes, j’ai été reclassé pour occuper les fonctions de chef de sécurité, puis chef du département sécurité et environnement et enfin directeur de qualité, sécurité, sûreté et environnement. J’ai occupé ces dernières fonctions jusqu’en juillet 2011 avant d’être licencié pour avoir dispensé des cours de sécurité aéroportuaire au niveau des ADS, de l’armée de l’air du Sénégal et dans une école de transit. 
Conformément aux prescriptions de l’aviation civile internationale, j’ai installé la gestion de sécurité aéroportuaire à AHS SA qui n’en disposait pas. Mon rôle dans ce……. était d’assurer la sécurité et la sûreté aéroportuaires. 
  
Q : Pouvez-vous nous édifier sur le processus de création de la société AHS SA? 
  
R : A la dissolution d’Air Afrique, alors que nous étions dans le comité local de gestion, SerigneThiandoum, ValdiodioNdiaye et moi-même avons été contactés téléphoniquement par Noel Deconinck qui m’a fait part de son projet de nous employer dans une société qui était en phase de création dénommée AHS SA. Nous avons pris rendez-vus avec lui, et, à cette occasion, il nous a dit qu’il était un cadre de la société MENZIES Aviation qui lui a confié la mission de créer la société. Pour nous convaincre de nous mettre au service de cette société, il nous a proposé des avantages beaucoup plus intéressants que ceux que nous avions au niveau du comité local. D’ailleurs, je dois préciser qu’àprès avoir donné son accord, il nous a avancé un mois de salaire plus une prime équivalant au salaire avant même le démarrage de la société AHS SA. 
  
Au début, nous avions pensé que Noel Deconinck était le directeur général d’AHS pour avoir été à l’origine de la création de la société. Toutefois, une semaine après, il nous a fait savoir qu’il occupait les fonctions de directeur des opérations, le poste de directeur général devant revenir au nommé Eli Manel Diop. 
  
Je ne peux pas dire la date exacte de la création de la société AHS, mais le démarrage de ses activités a eu lieu le 24 février 2003. 


Déclarations spontanées du témoin : Par ailleurs, deux ou trois semaines avant le démarrage des activités de AHS, un avion Antonov dont je ne connais pas la provenance a atterri à l’aéroport de Dakar pour débarquer du matériel qui devait servir à l’exploitation de la société, lequel matériel n’a jusqu’à ce jour pas été dédouané. Je dois ajouter que le matériel débarqué était un complément d’une partie du matériel qui aurait été cédé par Air Afrique à AHS. L’autre partie du matériel d’Air Afrique ayant été laissé à la disposition de la société SHS. A propos du matériel non dédouané, nous avons reçu en 2011, SerigneThiandoum et moi, la visite de douaniers qui nous ont demandé de leur produire les certificats de mise en circulation des véhicules et, à l’occasion d’un cours que je dispensais au bureau des douanes de l’aéroport, un des douaniers m’a laissé entendre que c’est sur les instructions de M. Karim Meïssa Wade que les investigations ont été arrêtées. 
 Je ne connais pas l’identité du douanier qui m’a donné cette information. Cependant, mis en ma présence, je pourrai le reconnaître. D’ailleurs, je sais qu’il est toujours en activité à l’aéroport de Dakar. 
  
: Savez-vous qui sont les personnes qui ont créée AHS SA ? 
  
R : Au démarrage , nous ne savions pas quels étaient les actionnaires de AHS SA. On sentait même qu’on nous cachait des choses puisque le directeur général et le directeur des opérations en l’occurrence Noel Deconinck et Eli Manel Diop ne répondaient jamais au téléphone devant nous et même, quelquefois, nous faisaient sortir de leurs bureaux. Toutefois, à l’occasion d’une mission à l’aéroport de Guinée Equatoriale (ADGE) celui qui se nomme Wolfgang PLUKNUM m’a fait des confidences à propos de certains des actionnaires qui avaient des noms de code et se faisaient appeler : pour HQ1 Abraham Rosendal et pour HQ2 Albert Faye et qui, au moment de scanner leurs passeports se nommaient réellement Ibrahim Aboukhalil et Pape Mamadou Pouye, à cette même occasion il m’a dit que ces personnes sont des amis du fils du Président de la République du Sénégal M. Abdoulaye Wade. A l’occasion de ma mission à Malabo, un jour, le directeur général d’AHS Malabo, Serge MOOMS a demandé à tous les sénégalais qui travaillaient à l’aéroport de ladite ville de sortir de l’enceinte dudit aéroport au motif que nos «patrons» qui étaient présents en Guinée Equatoriale devaient voyager. 
  
S.I.R : La raison était qu’ils ne voulaient pas être identifiés par les sénégalais qui travaillaient à l’aéroport de Malabo. 
  
S.I.R : Je n’ai été évacué qu’une seule fois pour permettre à nos «patrons» de voyager. Quant aux employés sénégalais d’AHS Malabo que sont Bocar Diop et Balla Guèye, ils m’ont dit qu’ils ont été évacués à plusieurs reprises de l’enceinte de l’aéroport pour les mêmes raisons. Dans le même ordre d’idées, Chérif Fall, actuel chef d’escale de Menzies Aviation à Johannesburg m’avait, alors qu’il était responsable de la sûreté et de la sécurité de Menzies Afrique basée à Dakar, raconté qu’à l’occasion d’un de ses voyages à Malabo, alors qu’il allait à la coupée de l’avion pour, en sa qualité de superviseur des opérations d’assistance au sol, il a été sommé au téléphone par Forsyth Black, directeur de Menzies Afrique, de quitter les lieux et ce pour éviter qu’il ne rencontre et n’identifie HQ1 et HQ2 en l’occurrence Ibrahim Aboukhalil et Mamadou Pouye. 
  
Q : Quels sont les dirigeants successifs d’AHS SA ? 
  
R : Au début, en 2003, AHS était sous la direction d’Eli Manel Diop lequel a été remplacé par Bertrand LIVINEC de 2007 à 2009. En 2009, Charles DEMOLIN a été désigné pour assurer l’intérim de la direction de AHS SA avant d’être confirmé deux mois après à ce poste jusqu’en mars 2012, date à laquelle il a été licencié entre les deux tours des élections présidentielles. Il a été remplacé à ce poste par Rachid RIFFI. A mon sens, Eli Manel, tout comme Charles Demolin, a été licencié d’une façon qui ne dit pas son nom et avant son départ, il a tenu à me mettre en garde contre, selon ses dires, des «voyous» avec qui je travaille en prédisant que nous risquions, Alioune Ndiaye et moi, d’être les prochains sur la liste des licenciés et ce parce que nous étions professionnellement très proches de lui. 
  
Q : Quelles sont, selon vous, les raisons du limogeage de Charles Demolin de la direction de AHS SA ? 
  
  
R : Je dois dire que Demolin a été installé à la direction d’AHS SA par la seule volonté de MENZIES Afrique dont il s’est progressivement détaché pour se rapprocher d’HQ2, en l’occurrence Pape Mamadou Pouye, qui par ce biais ne s’adressait plus à Menzies pour obtenir des informations stratégiques concernant la gestion de AHS SA. De même, par l’effet de ce rapprochement, Demolin n’achetait plus les équipements et autres matériels à Menzies Afrique. A mon sens, c’est pour ces raisons que Forsyth Black, directeur de Menzies Afrique ne voulait plus de Demolin à la direction d’AHS où il l’avait installé. Pour confirmer mes propos, je dois relever que pour la première fois, Craig Smith, directeur général de Menzies Aviation, Marvin Walker, adjoint du DG, Forsyth Black, directeur de Menzies Afrique, sont ensemble venus à Dakar où ils ont séjourné pendant trois jours avec les autres actionnaires. A l’occasion de ce séjour, Forsyth Black est venu un jour dans les locaux d’AHS où étant, il est entré directement dans mon bureau sans passer par la direction générale. Il y a trouvé Demolin qu’il n’a même daigné saluer s’adressant à moi. 
Je ne sais pas les raisons pour lesquelles Eli Manel Diop a été licencié mais je sais que la personne qui l’a remplacé était employée par AHS en qualité de DAF trois mois avant son licenciement, ce qui me fait dire que le coup était préparé. 
  
S’agissant de Bertrand Livinec, il se disait qu’il entretenait des relations amoureuses avec une assistante de la comptabilité d’AHS du nom de Penda Gningue et que lorsqu’il a été sommé par la hiérarchie d’arrêter cette relation, il a fait savoir que cela relevait de sa vie privée et par conséquent il choisit de démissionner. 
  
  
 Rachid Riffi n’a ni démissionné, ni été licencié, mais il a fui en abandonnant son poste de directeur général par intérim. A mon avis, il a fui parce qu’il a voulu, pour obtenir mon licenciement, m’impliquer dans une histoire de vol qu’il a créée de toutes pièces. A ce propos, il avait, avec Daniel MONDY, directeur général de la société SENCICASS, pris contact avec Abdoulaye Diouf, employé de ladite société, pour obtenir de celui-ci qu’il m’accusât de vol en réunion avec SerigneThiandoum au préjudice d’AHS SA. Ce dernier ayant refusé et ayant porté à ma connaissance les manœuvres de Rachid et de Mondy, j’ai pris contact avec mon avocat qui a porté plainte après avoir adressé une sommation interpellative à Abdoulaye Diouf et depuis lors, Rachid a pris la fuite. Il a continué à prendre des décisions concernant AHS en envoyant des emails à SerigneThiandoum. D’ailleurs, après la plainte que j’ai déposée du fait du vol dont on voulait m’accuser, l’auteur du vol a été arrêté, jugé et condamné par les juridictions compétentes. 
  
Q : En tant qu’ancien de l’entreprise, savez-vous quels sont les véritables bénéficiaires économiques de cette société ? 
  
R : Les véritables bénéficiaires économiques sont la société MENZIES Afrique et les autres actionnaires d’AHS. Pour illustrer mes propos je dois ajouter qu’à chaque dix du mois, il n’y avait plus de liquidité dans les caisses de la société AHS et cela a été attesté par le fait que Demolin ne pouvait plus faire aucune dépense. 
  
 N’étant pas un agent de la comptabilité d’AHS, je n’ai pas la preuve du versement ou du virement de sommes d’argent à Menzies et aux actionnaires. 
  
Q : Quelles sont les relations qui lient AHS SA au groupe Menzies Aviation ? 
  
R : Le groupe Menzies Afrique nous a toujours été présenté comme un partenaire technique privilégié d’AHS SA, même si sur le plan pratique il ne nous apportait rien en termes de plus value, les manuels techniques de sûreté, de sécurité et de procédure de qualité sont établis par les agents sénégalais d’AHS SA. C’est sur la base de ces manuels que des licences nous étaient délivrées par l’ANACIM. Par ailleurs, je dois porter à votre connaissance qu’après notre départ de AHS SA, Noel Deconinck a voulu monter une compagnie aérienne ou plus précisément déposer un dossier pour permettre à TRANSAIR d’obtenir un permis d’exploitation aéroportuaire dit PEA mais nous nous sommes heurtés au refus de l’inspecteur Fall de l’ANACIM qui nous a laissé entendre que le curriculum-vitae de Deconinck ne lui permettait pas d’occuper les fonctions de directeur des opérations à Transair alors que celui-ci, contrairement à ce qui venait d’être affirmé, avait occupé les mêmes fonctions dans la société AHS en présentant le même CV. Cette constatation me fait dire que le CV de Deconinck avait été accepté à AHS parce que la société était placée sous la tutelle du ministre Karim Wade. 
  
S.I.R : Il est de notoriété publique, aussi bien à AHS, qu’au niveau de l’aéroport de Dakar, qu’AHS appartient à Karim Wade, même si je n’ai pas vu de documents qui en attestent. 
  
Q : Avez-vous connaissance d’autres sociétés créées à l’aéroport Léopold Sédar Senghor en rapport avec AHS SA ? 
  
R : Parmi les sociétés qui étaient créées à l’aéroport LSS de Dakar et qui étaient en rapport avec AHS, on peut citer : 
  
-         la société ABS, par laquelle est créée au Sénégal de manière autonome par rapport a……….. mais qui a été intégrée dans la société AHS dans les autres filiales de la société ……… sauf la Jordanie. Ce que je viens de déclarer est conforté d’une part par les montages effectués dans les filiales par Alioune Samba Diassé et Agbogba qui sont respectivement directeur général de ABS et PCA du groupe AHS et d’autre part, en dehors du Maroc, les bus «Cobus», n’existent que dans les aéroports où le handling est assuré par AHS ; 

-  Pour la société DAPORT SA, je sais qu’elle n’a officiellement aucun rapport avec la société AHS. Cependant, il y a des virements qui sont effectués des comptes de l’Agence des Aéroports du Sénégal dit ADS vers des comptes logés à Monaco et appartenant à AHS ou à ses actionnaires, via les comptes bancaires de la société DAPORT, sans aucune contrepartie pour prestation ; 

-  AHS Line Maintenance n’existe que dans deux pays de la sous-région, en l’occurrence le Sénégal et le Bénin. Cette société a été créée par Pierre Agbogba avec un investissement d’un milliard de francs Cfa d’AHS Sénégal pour la maintenance légère des avions. Elle est dirigée par René Lavancier ancien technicien à la retraite à Air France et précédemment en charge de l’entretien de la Pointe de Sangomar. Celui-ci s’est une fois présenté en réunion et a affirmé avoir été recruté par la Présidence de la République du Sénégal. Il s’est récemment plaint de n’avoir pas perçu une partie de son salaire du fait de la fermeture des comptes d’AHS en Europe... 
  
Plus n’a été entendu à 14 heures et 19 minutes, lecture faite, persiste et signe avec Nous et le Greffier.
avec dakaractu

Adama Cisse