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Le chanteur Slah Mosbah, l'un des plus populaires de Tunisie, ne veut plus être "le Noir de service" qui cache une forêt de préjugés. À 55 ans, il songe même à s'exiler.
Une silhouette imposante et un caractère trempé ne suffisent pas à masquer la sensibilité à fleur de peau de Slah Mosbah : "J'ai soldé mes comptes avec mon pays natal. Je suis las de me battre pour rien", assène le chanteur, l'un des plus populaires de Tunisie, qui envisage de s'installer sous d'autres cieux. "De préférence dans une société où les minorités sont puissantes", précise l'auteur-compositeur, connu pour ses provocations.
À 55 ans, ce natif du Bardo, à l'ouest de Tunis, trouve regrettable que de ses quarante années de carrière et de ses 884 interprétations le public ne retienne qu'un titre, Yamma lasmar douni ("Maman, le brun est-il mauvais ?"). Pourtant la reprise, en 1991, de cet air ancien, symbolique de l'abolition de l'esclavage décrétée par la Tunisie dès 1846, a largement contribué à sa notoriété. Mais Slah Mosbah souffre d'être enfermé dans le rôle du "Noir de service". Il en veut à la terre entière et assure que l'on n'est jamais mieux trahi que par les siens. La preuve ? L'absence de Noirs dans le public de ses concerts.
Attaqué par des intellectuels de gauche jusque sur sa page Facebook, Slah Mosbah ne croit pas que la révolution a atténué le racisme.
Surtout, ce père de deux enfants, dont l'épouse Saadia est une égérie du mouvement antiraciste en Tunisie, ne s'est pas remis d'une attaque d'Abdelbaki Hermassi, ministre de la Culture sous Ben Ali, qui lui avait lancé : "Tu souffriras comme tes ancêtres !" "Ce n'est pas tant le propos que la volonté de me rabaisser par le tutoiement qui m'a blessé", raconte l'artiste, qui considère que l'émergence du racisme est liée à l'exode rural des années 1970 et que la ségrégation a été légitimée par l'ancien régime, qui a conforté une image folklorique des Noirs tunisiens. La révolution a-t-elle changé quelque chose ? Attaqué par des intellectuels de gauche jusque sur sa page Facebook, Slah Mosbah ne le croit pas. "Avec grossièreté, on m'a enjoint de me taire, mais je suis libre de dire ce que je veux et je ne dois rien à personne", lâche-t-il.
Le griot noir de l'Afrique blanche
Surnommé el qamar el asmar ("la lune noire"), l'artiste est présenté par les médias du Moyen-Orient comme le griot noir de l'Afrique blanche et est l'auteur de deux ouvrages à paraître à Damas. Leur thème : la condition des Noirs dans les pays arabes. "Dans les sociétés orientales, on ne supporte pas qu'un homme de couleur s'identifie à un Arabe. Or Bilal Ibn Rabah, l'affranchi du prophète Mohammed, a été le premier à appeler à la prière. Quant au chevaleresque Antar [poète préislamique du VIe siècle, né d'un père arabe et d'une mère abyssinienne], l'opinion en a fait un bandit et un assassin dont les seules qualités se révélaient au lit !" Et Slah Mosbah de rappeler que l'islam, au nom de l'égalité des hommes devant Dieu, proscrit toute discrimination fondée sur la couleur de la peau. À bon entendeur...
Jeuneafrique