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Protection des ressources naturelles: Obasanjo appelle l'Afrique à la résistance/résilience


Vendredi 7 Avril 2017

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Autant gagner une guerre requiert de disposer d’armes, autant protéger et jouir de ses richesses demande leadership, vision et compétences. Pour l’ex-président du Nigeria, l’Afrique a besoin d’une masse critique de compétences aguerries, pointues et patriotes pour rester maîtresse de ses gigantesques ressources naturelles. La malédiction des contrats mal négociés reste un de ses talons d’Achille dans le domaine des négociations avec les bataillons d’experts des compagnies et multinationales.

L’ancien chef d’Etat du Nigeria, Olusegun Obasanjo, a appelé les pays africains et les communautés qui parlent en leur nom à plus de responsabilités dans la gouvernance des ressources naturelles. L’ex-chef d’Etat du Nigeria, en sa qualité de président du Forum de Haut Niveau sur la Sécurité en Afrique, estime que les dirigeants africains ont le devoir de « résister aux parties avec lesquelles (ils) négocient » les modalités d’exploitation et de gestion de ces ressources afin d’éviter leur captation par des intérêts locaux et/ou extérieurs au continent ne prenant pas assez en compte ceux des populations africaines. 
  
En prélude à la rencontre annuelle de Tana prévue les 22 et 23 avril prochains, Obasanjo, très critique à l’égard des pouvoirs africains sur le sujet, a clamé son dépit en fustigeant une situation globale qui favorise la captation des ressources par certaines forces économiques. 
  
« Nous ne sommes pas là où nous devrions être sur la gestion des ressources naturelles », a-t-il souligné dans le communiqué rendu public par le Secrétariat du Forum le 14 mars dernier. Ce qui suppose, selon lui, une évaluation globale drastique et objective de l’état actuel de « la gouvernance des ressources naturelles », thème central du Forum. 
  
« Nous devons examiner toutes les questions soulevées par ce dossier de manière holistique et non plus de façon séparée, à l’échelle du continent, voir exactement ce que nous devons faire de manière différente et comment le faire », a ajouté Olusegun Obasanjo, pour qui l’objectif final demeure que ces richesses soient bien gérées. 
  
Dans les réflexions partagées à travers ledit communiqué, l’ancien président du Nigeria juge indispensable l’amélioration qualitative et quantitative des compétences actuelles dont disposent les Etats africains en matière de négociation dans le secteur des ressources naturelles. 
  
Ici, en effet, commencent les difficultés pratiques que rencontrent les Africains dont les représentants ne sont pas toujours outillés comme il le faudrait face aux puissants bataillons d’experts armés par les compagnies et multinationales désireuses de mettre le pied sur le continent. Ici, également, débutent les pertes de contrôle et de souveraineté des Etats africains sur leurs propres ressources naturelles et, comme dans un enchaînement…naturel, l’exclusion des communautés locales qui auraient dû en bénéficier en premier lieu. 
  
Outre l’investissement personnel requis des communautés et des dirigeants du continent, le président du Forum de Tana préconise donc une plus grande coopération avec les institutions internationales partenaires comme la Banque mondiale, notamment en termes de « formation et d’assistance », afin de « combler les lacunes en matière de connaissances » et pour un accès plus important à l’information dans le secteur des ressources naturelles. 
  
  
A ce niveau, le schéma directeur fondamental est que les gouvernements africains restent « au volant » de tout processus enclenché. Dans le même ordre d’idée et concernant spécifiquement les matières premières, Obasanjo enjoint les pays producteurs à une sainte alliance pour imposer des prix plus attractifs qui leur garantissent des rémunérations plus conséquentes en valorisant leurs efforts tant dans la productivité que dans la recherche de qualité. « Les bonnes intentions » affichés urbi et orbi « ne suffisent pas », même avec des « leaders efficaces ». 
  
Rassemblement informel de dirigeants et de décideurs africains, le sommet de Tana est un espace d’échanges suggérant aux Etats africains des orientations optimales à même de favoriser leur émancipation dans le domaine de la sécurité en général, et dans l’administration de leurs ressources naturelles en particulier. 

Deux femmes d’envergure seront au cœur de l’édition de cette année : la présidente du Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf, invitée d’honneur appelée à délivrer un discours autour du thème retenu, et l’activiste kenyane Wangari Maathai, prix Nobel de la paix pour son engagement en faveur de l’environnement

SENEPLUS


Abdoul Aziz Diop