Propos insultants de Sagnol: « l’avantage du joueur africain, c’est qu’il est pas cher »
« L’avantage du joueur typique africain, c’est qu’il est pas cher quand on le prend, c’est un joueur prêt au combat généralement, qu’on peut qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça. Le foot, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. » Saillies entendues dans les travées alcoolisées d’un stade de foot d’une ville dirigée par le Front national ? Non. Propos tenus face aux lecteurs de Sud Ouest par l’entraîneur des Girondins de Bordeaux, Willy Sagnol, lundi 3 novembre.
Interrogé sur la façon dont il allait gérer l’absence des internationaux retenus en janvier 2015 pour la Coupe d’Afrique des nations, l’ancien défenseur des Bleus, qui effectue sa première saison sur le banc d’entraîneur d’un club de Ligue 1, a eu cette réponse : « Tant que je resterai entraîneur du club, il y aura beaucoup moins de joueurs africains qui rejoindront les rangs des Girondins de Bordeaux parce que je n’ai pas envie de me retrouver avec 12 gars qui se barrent tous les deux ans ».
« LE FOOT, C’EST AUSSI DE LA TECHNIQUE, DE L’INTELLIGENCE »
Et donc d’enchaîner dans des termes à peu près aussi crus que ceux qu’on avait entendus il y a quelques années dans la bouche d’agents véreux qui faisaient miroiter des carrières fantastiques en Europe à des jeunes footballeurs africains : « l’avantage du joueur typique africain, c’est qu’il est pas cher quand on le prend (…). Mais le foot, ce n’est pas que ça. Le foot, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. »
Et l’ancien sélectionneur de l’équipe de France espoirs de poursuivre son raisonnement : « Ce sont des critères à prendre en compte au moment d’un recrutement. Il faut de tout. Des Nordiques aussi, c’est bien les Nordiques, bonne mentalité. C’est un mélange, une équipe de foot, c’est comme la vie, c’est comme la France, c’est un mélange. On a des défenseurs, des attaquants, des milieux, des rapides, des grands, des petits, des techniques ».
L’AFFAIRE DITE DES QUOTAS
Des propos qui rappellent ceux tenus en 2010 lors de la désormais fameuse réunion de la direction technique nationale de la Fédération française de football(FFF) où son patron, François Blaquart, avait appelé à la mise en place d’«espèces de quotas » afin de réduire la proportion de joueurs « physiques » dans la formation française.
« Et qu’est-ce qu’il y a comme grands, costauds, puissants ? Des Blacks. C’est comme ça. C’est un fait actuel. Dieu sait que dans les centres de formation et les écoles de football, il y en a beaucoup », avait lancé, un participant célèbre à cette réunion, Laurent Blanc, alors sélectionneur des Bleus. Révélée en 2011 par le site Mediapart, l’affaire dite des quotas avait ébranlé la FFF. Mais trois ans après, François Blaquart est toujours directeur technique national à la Fédération et Laurent Blanc dirige désormais le PSG.
GFM