Politique

«Projet pour le Sénégal» : Les grands axes du programme de gouvernement d’Idrissa Seck


Samedi 26 Novembre 2011

Idrissa Seck dévoile sa carte maitresse prenant une longueur d’avance sur ses autres concurrents en direction de la présidentielle de février 2012. Il a décliné son programme de gouvernement pour le Sénégal, hier lors du diner de «Initiatives et stratégies des Sénégalais au service du Sénégal» (Is4), la structure des cadres de Rewmi. Un «projet pour le Sénégal» qu’il a axé autour de la dyptique «Rassembler. Servir» et décliné en 44 points. Son ambition première, dit-il, c’est garantir aux Sénégalais «l’accès à la prospérité, la protection de leurs droits, et la promotion de leurs talents individuels au service du bien-être commun», cela à travers «un Etat moderne, dynamique, efficient, de taille réduite».


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«Un Etat moderne, dynamique, efficient, de taille réduite»

Son gouvernement aura comme priorités les missions suivantes : «sécuriser (le) territoire et protéger les citoyens et leurs biens ; garantir leur éducation, leur santé et leur emploi ; redonner confiance à la jeunesse sénégalaise dont je voudrais faire des volontaires du développement ; soutenir les orphelins et nos compatriotes qui vivent avec des handicaps; instaurer un Etat de droit ; définir des règles du jeu transparentes et les faire comprendre et respecter par tous ; instaurer une diplomatie de bon voisinage, d’intégration et d’unité africaine ; consolider nos amitiés francophones et instaurer des partenariats gagnant-gagnants avec le reste du monde». Ces objectifs prioritaires seront atteints grâce à «des dirigeants mus uniquement par le devoir de servir». D’ailleurs, indique-t-il son mandat offrira «l’opportunité d’un projet pleinement ancré dans les valeurs millénaires du Jom, Fayda, Ngor qui ont nourri notre peuple et exaltera la droiture et le culte du travail, tout en exploitant nos trésors de partage et de solidarité». Et c’est dans ce sens qu’il invite les «Sénégalais, enracinés dans leur culture et ouverts sur le monde, issus de la haute administration et du secteur privé, des daaras du Sénégal comme des plus grandes universités du monde (…) à la marche orange vers le développement».

«Première préoccupation : faire revenir la paix en Casamance»

Parlant de « paix, stabilité, sécurité des personnes et des biens», le maire de Thiès a dit que sa «première préoccupation sera de faire revenir la paix en Casamance avec la coopération active (des) Gambiens et Bissau-Guinéens». Dénonçant les «attaques du Mfdc» qui inflige «aux populations des souffrances insoutenables, des pertes en vies humaines et des handicaps lourds, parfois à vie» en plus des «dégâts importants à l'économie de la région et du pays», M. Seck se dit résolu à combattre «vigoureusement toutes les différentes formes d'agression faites aux citoyens sur l’étendue du territoire national». Président, Idrissa Seck veillera aussi à ce que les forces de sécurité sénégalaises «ne soient pas rabaissées à servir de police politique au détriment de la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, le vol de bétail et toutes les agressions faites (aux) populations et à leurs biens».

Secteurs prioritaires : agriculture, énergie, télé-services et infrastructures

Sur le plan économique, en développant le thème «création d’emplois et accroissement des richesses», il promet d’«offrir à chaque Sénégalais l’opportunité de se prendre en charge et de prendre en charge sa famille au moyen d’un emploi digne et rémunérateur». L'emploi, «singulièrement celui des jeunes, sera au cœur de (ses) préoccupations», boosté par «une politique volontariste axée sur la promotion de travaux à haute intensité de main d'œuvre». Pour y réussir, il va s’appuyer sur «le secteur privé national et international» et surtout en promouvant «une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs rompus aux principes de l’économie libérale». Il prône l’«allégement substantiel» des contraintes qui pèsent sur les entreprises pour garantir leur performance et leur contribution au développement et souhaite que les fonctionnaires intériorisent «le fait que l’Etat est virtuellement actionnaire de toute activité marchande, au moins à hauteur du taux de pression fiscale».
Il annonce des ruptures avec la création à côté de la Caisse de dépôts et de consignations, d’une «Caisse de dépôts et de développement» qui sera «un fonds souverain alimenté, entre autres, par des recettes tirées de l’exploitation des ressources naturelles» pour financer les secteurs stratégiques : agriculture, énergie, télé-services et infrastructures. Des secteurs qui seront donc «sources d’accumulation de capital» en accueillant «l’essentiel des investissements». Pour remédier aux «graves problèmes de productivité» dans le secteur agricole, il indique que «la maîtrise de l’eau» sera au cœur de sa politique. Quant au secteur énergétique, Idrissa Seck pense qu’«en dépit de son importance, de son caractère transversal, et des milliards qui y sont injectés, (il) est largement sinistré. Cette situation est tout simplement inadmissible surtout que ce secteur est vital pour accompagner l’accroissement des richesses».

«Une région, 100 milliards»

C’est pourquoi il compte s’atteler à une «politique de réforme» à travers la sécurité des approvisionnements, de compétitivité et de transparence dans la gestion, et de rationalisation de la consommation dans un cadre de protection de l’environnement. «A moyen et long termes les objectifs stratégiques poursuivis seront ceux de pleine satisfaction d’une demande croissante, de déréglementation progressive du secteur, et de diversification et sécurisation des sources d’énergie», ajoute-t-il en soulignant que «les installations et équipements de production et de transport de la Senelec seront modernisés et privatisés. La distribution elle aussi modernisée, restera pour un temps aux mains de l’Etat». Tout ceci, précise-t-il, devra se faire «dans le cadre d’un pacte social comportant un ensemble de mesures limitées engageant l’Etat, les partis politiques, le secteur privé, les syndicats, les représentants des élus locaux et les populations».
A travers le programme «Une Région 100 milliards», chaque région aura 50 milliards à injecter dans des infrastructures et 50 autres milliards destinés au financement de l’entreprenariat notamment chez les femmes et les jeunes. La consolidation du «processus d’intégration avec nos voisins, mais aussi au niveau de l’Uemoa, de la Cedeao et de l’Union Africaine et l’impératif d’ouverture sur le reste du monde seront poursuivis en «redonnant à notre diplomatie tous les moyens de s’illustrer et d’exercer pleinement son leadership reconnu à l’échelle continentale et mondiale». Les liens seront approfondis avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde et Chine, Afrique du Sud) et la coopération poursuivie et étendue avec les Etats Unis d’Amérique.

Vers «un système où les juges sont responsables devant un organe crédible et indépendant»

Points importants de son programme : «Justice, Transparence et Etat de Droit». Selon M. Seck, «l'Etat de droit avec un système judiciaire de qualité est absolument nécessaire pour envisager toute politique de développement». A l’en croire «définir des règles du jeu comprises et appliquées par tous, et en premier lieu par l’Etat garantira la protection des libertés individuelles et collectives» car «l'indépendance de la Justice est le socle qui manque à notre démocratie et à notre système économique. Nous devons nous orienter vers l'indépendance totale de notre système judiciaire en le dotant de mécanismes de contrôle interne qui évitent les dérapages». Il ajoute même qu’«il faut résolument adopter un système où, avec leur indépendance renforcée, les juges sont responsables devant un organe crédible et indépendant. A cet effet, de larges concertations seront engagées avec tous les acteurs du secteur, magistrats, huissiers, greffiers, avocats, et Ong luttant pour le renforcement de l’Etat de Droit en vue d’ancrer dans notre culture et nos pratiques le fonctionnement optimal de notre système judiciaire». Il théorise aussi une bonne information des populations «en vue de l'exercice du contrôle citoyen qui garantit la transparence», car «la consultation préalable des parties prenantes, la sélection par voie compétitive des prestataires de l'Etat et enfin la communication au grand public de l’action de l’Etat sont, aujourd'hui, des exigences minimales dans la conduite transparente des affaires gouvernementales». Une telle démarche permet, poursuit-il, d’«éviter la suspicion et les résistances voire les conflits avec les citoyens. Elle protège l'image du pays à l'intérieur comme à l'extérieur, encourage les investisseurs et les partenaires au développement». Avant de conclure, le candidat a aussi développé ses priorités en matière de santé, d’éducation.
Barka Isma BA
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La Rédaction