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A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse ce mardi, des voix non autorisées se sont élevées pour s’attaquer impunément à la presse en ligne. En effet ces gladiateurs d’un genre nouveau n’ont pas tari de verbiages pour vouer aux gémonies les sites Internet et leur foisonnement.
La virulence de leurs propos, la vacuité de leur démarche, la charge des mots, le bouillonnement du cœur, l’absence de retenue, leur soif de monopole ; ont surtout prévalu dans leur discours. Leur « liberté de furie » leur a en effet ôté toute conscience S sur les véritables enjeux du monde de la presse en ligne. S’il ne leur reste qu’à s’en prendre à leurs collègues du secteur, on le leur concède car ils souffrent indubitablement d’un manque criard de vision prospective pour l’avenir des médias en ligne.
Leur seul souci aujourd’hui se résume à faire fructifier leurs affaires en se sucrant grassement sur le dos de toute la presse en ligne. Une injustice qui ne peut durer et qui mérite d’être élaguée le plus vite possible.
Dans la mythologie gréco-romaine, les « Furies » étaient considérées comme le symbole des remords et des divinités des enfers. Ce qui veut tout dire pour l’histoire. S’attaquer au (voisinage) ne relève pas de l’audace mais plutôt du suicide car la liberté de la presse requiert beaucoup de circonspection et de maturité. Sa complexité et sa relativité dans le temps et dans l’espace, doit à priori susciter la prudence de la part de ceux-là qui s’épanchent dans les médias pour se refaire une promotion.
Loin de récuser leur compétence ou leur légitimité quelconque, la bienséance cependant leur recommande de ne pas user de l’échelle ou du prétexte du secteur en ligne pour booster leurs affaires et se prendre pour les seuls acteurs de ce secteur névralgique. Ce serait une grotesque erreur de leur part car le développement exponentiel de l’audiovisuel aura permis à la presse en ligne d’occuper la place qui est la sienne, aujourd’hui. Et cette pluralité médiatique doit être saluée et soutenue car elle aura participé au renforcement de notre démocratie.
Le principe de la liberté de la presse, au-delà de son affirmation dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen stipule : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».Cette disposition relative à l’article 8 de notre charte fondamentale suscite bien des craintes de la part des tenants du pouvoir qui rechignent à faire voter le nouveau code de la presse.
Un nouveau code qui à terme, risque de réduire les marges de manœuvres de ceux-là dont le seul objectif se réduit à chapeauter toute la presse en ligne pour continuer à se sucrer sur son dos. Et l’Association Nationale des professionnels de la Presse en Ligne du Sénégal (ANPELS) a été portée sur les fonds baptismaux pour corriger une telle injustice.
Des dérives dans ce pays, personne n’en veut et pourtant, il en existe dans tous les secteurs de la vie nationale. Et charité bien ordonnée commence par soi-même. En vérité s’attaquer aux sites en tant qu’éditeurs en ligne, c’est vraisemblablement scier la branche sur laquelle on est adossé. C’est se jeter en pâture que de récuser le phénomène du buzz et du sensationnel, crier à la violation de la liberté et user en même temps de tous ces artifices pour s’assurer une promotion. En outre, à la veille du référendum dernière, après le discours du chef de l’Etat sur ces 15 réformes, une voix autorisée de la présidence aurait tenté de soudoyer une partie de la presse dont nous préférons taire les noms par décence.
S’agissant des questions d’intérêt national donc, vos colonnes ne suivent jamais. Est-ce qu’une telle entrave à la liberté de la presse ne fait pas partie des dérives dont vous rabâchez tant. Aussi, le jour du déroulement du scrutin référendaire, des informations distillées faisaient état de la volonté de l’Etat de fermer un grand groupe de presse de la place.
Au final, les sénégalais se sont rendus compte qu’il n’en était rien. Sur l’affaire Lamine Diack, beaucoup de dérives ont été faites par des médias en ligne connus. Nous pensons simplement que vos gesticulations sont moins une volonté de baliser le secteur en ligne que de se l’approprier pour des raisons bassement financières.
Aujourd’hui quoi que vous fassiez, la liberté de la presse ne saurait se réduire à une élite, surtout une élite qui n’a rien d’extraordinaire. Le droit inaliénable du public à l’information ne saurait se limiter à une portion incongrue du secteur en ligne. Aujourd’hui l’information est numérique. Elle est à la portée de tous ou presque. S’attaquer au secteur en ligne en tant qu’acteur relève plutôt d’un saut vers l’inconnu. Aujourd’hui les défis qui interpellent le secteur en ligne sont autres.
Toute place à la polémique et à la surenchère médiatique ne serait que de la peine perdue et de la diversion. A l’ère de la percée cyber technologique, la presse en ligne est confrontée à un double défi. Un défi préjudiciable à sa survie et qui mérite réflexion de la part des tous les acteurs de la filière. La presse en ligne est un secteur qui fait partie intégrante de la presse en général, mais sa spécificité est qu’elle n’existe que par le Net.
Une posture autre qui lui apparait de plus en plus difficile à gérer dans un contexte de globalisation tout azimut où une sorte d’impérialisme numérique règne désormais en maître sur la galaxie internet. Aujourd’hui les sites qui officient depuis le Sénégal doivent se concerter d’avantage et s’ériger en de grandes entités en ligne, incontournables sur le paysage national, démocratiques et fortes, susceptibles de défendre leurs intérêts matériels et moraux.
Pour ce faire, l’élaboration d’un cadre réglementaire profitable au secteur est d’une urgence nationale. Sans prétendre régenter aveuglément le secteur, à l’instar de nos pourfendeurs égarés, il urge à nous autres acteurs en ligne de nous livrer à un examen de conscience de nos conditions d’existence et de travail sur une charte fondamentale qui régirait tous les médias en ligne.
Par ce qu’en définitive, le problème du secteur relève moins de sa visibilité que de la dispersion de ses acteurs, de sa difficulté à décrocher des insertions publicitaires et de faire face à l’insolence technologique caractéristique de la galaxie internet. Quant à la « liberté de la furie » dont vous vous prévalez, elle est vraiment sans objet.
Aliou Top, administrateur général de EUREKA BUSINESS GROUP
Président de l’Association Nationale des Professionnels de la Presse en Ligne du Sénégal (ANPELS).
igfm