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Premier créancier des Etats-Unis - elle détient 1.610 milliards de dollars de bons du Trésor américain - et deuxième puissance économique mondiale, la Chine est en effet donnée favorite pour reprendre un rôle hégémonique jusque là détenu par Washington.
La crise de la dette est en train de transférer "très rapidement, du point de vue de l'histoire" le pouvoir économique de l'Occident vers les pays émergents, au premier rang desquels la Chine, analysait samedi 13 août le président de la Banque mondiale Robert Zoellick.
"Le poids de la Chine dans le PIB mondial va probablement dépasser celui des USA d'ici une dizaine d'années. Donc beaucoup plus rapidement que ce qui était prévu avant la crise", acquiesce l'économiste Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.
Un "acteur réticent" de la mondialisation
Pour autant, l'empire du milieu n'est pas forcément prêt à endosser ce rôle. Ambigüe dans son positionnement vis-à-vis de la mondialisation, la République populaire de Chine fait figure d'"acteur réticent" du système global, rappelle Robert Zoellick. Elle a aussi ses propres difficultés, confrontée à des mouvements sociaux et une crise environnementale de plus en plus présents ces derniers mois.
D'après Philippe Waechter, la Chine n'a qui plus est "pas encore la capacité de tirer l'économie mondiale comme ont pu le faire les Etats-Unis". Premier point d'achoppement : le manque d'autonomie de l'économie chinoise.
"C'est une économie basée en grande partie sur les exportations. Le gouvernement chinois a conscience qu'il doit développer son marché financier pour pouvoir se redéployer sur la consommation intérieure", décrypte l'économiste. Reste que le PIB par habitant de la Chine est bien loin de celui des Etats-Unis et reste dix fois inférieur à celui du Japon.
La surchauffe menace
Les exportations record de la Chine - celle-ci a enregistré un excédent commercial de 31,48 milliards de dollars en juillet - pourraient souffrir d'une éventuelle récession globale. Même si cet effet serait a priori rapidement compensé par la relance de l'Etat et une croissance qui reste très solide : 10,3% en 2010.
La Chine doit aussi éviter la surchauffe d'une économie soutenue par des investissements massifs, notamment dans le domaine de l'immobilier. En août, Pékin a resserré ses taux pour la cinquième fois depuis octobre pour tenter de juguler l'inflation. "L'économie chinoise est dans une période fragile durant laquelle elle doit digérer ses investissements", explique Philippe Waechter. "Elle n'est plus aussi robuste qu'avant".
Inquiétudes d'un créancier géant
Premier détenteur mondial de réserves de changes, avec un total de 3.200 milliards de dollars investis aux Etats-Unis et en Europe, le géant asiatique s'inquiète aussi des dettes colossales de ses débiteurs.
La Chine avait ainsi exhorté de façon virulente l'"Oncle Sam" à s'attaquer à son "problème structurel de dette" par la voix l'agence Chine nouvelle. Une injonction face à laquelle Washington est resté stoïque, soucieuse de ne pas ajouter à la fébrilité des marchés.
Elle tape désormais du poing sur la table en direction des pays de l'Union européenne. "Nous soutenons les mesures de stabilisation prises par les pays concernés mais nous espérons que ces pays vont prendre des mesures pour contrôler leur endettement (...)", a fait savoir le ministre chinois du commerce.
Imposer le yuan comme monnaie d'échange
La puissance asiatique a par ailleurs prévenu qu'elle souhaitait "diversifier" ses achats de devises étrangères. Elle a pourtant très peu de marge de manœuvre. Crise de la dette ou pas, les bons du Trésor américain restent extrêmement attractifs.
La vente des bons du Trésor américains pourrait aussi "déclencher à grande échelle des ventes panique des réserves en dollar", selon Ma Jun, économiste à la Deutsche Bank basé à Hong Kong. Un tel scénario mettrait plus de pression sur le yuan, perspective que refuse absolument Pékin, qui garde artificiellement sa monnaie à un faible niveau dans un but compétitif.
En dopant ainsi sa croissance, la Chine cherche en fait explicitement à réduire la dépendance du yuan vis-à-vis du dollar. Et à imposer sa monnaie comme celle des échanges internationaux. Encore faudrait-il que le yuan devienne convertible en dehors du territoire chinois. D'ici là, les pays qui redoutent le poids croissant de leur voisin asiatique ont encore quelques années.