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Les raisons de cette prise de distance de Paris sont multiples. D’abord Nicolas Sarkozy, briefé par Jean-Christophe Rufin, l’ex-ambassadeur de France à Dakar, a toujours été hostile à l’idée que Karim Wade succède à son père. Quand Abdoulaye Wade lui en a touché un mot, il s’est limité à répondre que le fils Wade devait logiquement commencer par être élu à l’échelon local, s’accoutumer à la gestion des affaires publiques avant de prétendre diriger le pays. Et c’est cela qui explique l’OPA ratée sur la mairie de Dakar lors des élections locales de mars 2009. L’assaut sur la citadelle de la capitale a échoué et, pour ne rien arranger, Claude Guéant, que Robert Bourgi avait réussi à rallier à la cause de Karim Wade, a quitté son poste de secrétaire général de l’Elysée pour être nommé ministre de l’Intérieur.
Si Bernard-Henri Lévy a réussi à monter l’opération Benghazi, dans laquelle Wade a joué le rôle de l’Africain de service parti porter la parole des Occidentaux, les choses se sont gâtées avec le projet de réforme constitutionnelle. La France, dont la diplomatie était à terre après le revers qu’elle a subi à l’occasion de la chute de l’ex-dictateur tunisien Ben Ali, a décidé de se repositionner, depuis l’arrivée d’Alain Juppé au Quai d’Orsay, comme défenseur des droits de l’homme et de la démocratie dans le monde. On ne peut pas bombarder Kaddafi au nom de la lutte contre une dictature quarantenaire et cautionner à Dakar, comme le dit Juppé lui-même, un pouvoir qui s’éternise par des manipulations constitutionnelles. En prenant ses distances de façon si nette avec Wade, Paris a rejoint la ligne dure des Etats-Unis qui pensent depuis toujours que Wade doit terminer ce second mandat et partir du pouvoir avec son fils. Washington estime que le Sénégal est une « zone d’influence » sur l’Afrique qui doit être préservé contre toute régression démocratique et tout risque d’instabilité.
DAKARACTU.COM