Le déroulé des faits
Un commandant de police de 42 ans est mort, lundi vers 21 heures, devant son domicile, dans un quartier pavillonnaire de Magnanville, le corps lardé de coups de couteau. Selon une source policière, c’est en parvenant à s’échapper de son pavillon, avant de décéder sur la voie publique des suites de plusieurs coups de couteau, que le policer a alerté son voisinage.
Le meurtrier s’est retranché dans la maison. Peu après, tous les habitants du quartier ont été évacués et un dispositif policier important a été mis en place afin d’empêcher toutes les allées et venues.
Puis des policiers de l’unité d’élite du RAID « sont rapidement arrivés sur les lieux. Des négociations étaient entamées et un plan d’assaut a été mis au point », a expliqué le porte-parole du ministère de l’intérieur, Pierre-Henry Brandet. « Les négociations ne pouvant aboutir, il a été décidé de donner l’assaut », a-t-il ajouté. Le forcené a été abattu lors de l’offensive.
Dans la maison, les policiers ont découvert le corps de la compagne de la victime, 36 ans, secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie (Yvelines), et retrouvé le fils du couple, âgé de trois ans, « choqué et indemne », selon le procureur de la République à Versailles.
-
Le meurtrier déjà condamné pour terrorisme
Né à Mantes-la-Jolie, de nationalité française, l’auteur des meurtres se nomme Larossi Abballa, 25 ans.
Selon une source judiciaire, il a procédé à une « revendication sans équivoque » lors de la négociation entamée par le RAID. « Il a dit qu’il avait prêté allégeance à l’Etat islamique », ajoute cette même source.
Selon nos informations, il était connu pour de nombreux faits de droit commun (vol, recel, violences…). Interpellé en 2011 dans le cadre d’une enquête sur une filière d’acheminement de djihadistes vers les zones tribales pakistano-afghanes, il avait surtout fait l’objet d’une condamnation le 30 septembre 2013 à trois ans de prison dont six mois avec sursis pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes ». D’après une source policière, Larossi Abballa faisait en outre l’objet de plusieurs fiches S (pour « sûreté de l’Etat ») établies par la DGSI et la SDAT. « C’est le cas de milliers de personnes en France et ce n’est pas une preuve de culpabilité », précise cette source policière.
D’après nos informations, Larossi Abballa était aussi apparu récemment dans le cadre d’une enquête ouverte, avec commission rogatoire internationale, sur le départ d’un homme en Syrie. Mais « il n’apparaissait pas du tout comme menaçant », détaille une source policière.
Une perquisition a été menée à son domicile dans la matinée.
-
Revendication de l’EI
L’EI a revendiqué les deux assassinats par l’entremise de son organe de communication A’maq, comme l’a relevé le chercheur spécialiste du djihadisme Romain Caillet sur Twitter. Le texte diffusé précise :
« Un combattant de l’Etat islamique tue à l’arme blanche un chef adjoint de police des Mureaux ainsi que sa femme fonctionnaire dans la ville de Magnanville, près de Paris. »
-
Le parquet antiterroriste s’autosaisit
Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête en raison de « la cible », un policier, du mode opératoire, des coups de couteau, et « des propos tenus » par le forcené pendant la négociation avec le RAID (recherche, assistance, intervention, dissuasion), l’unité d’intervention de la police nationale.
Les investigations ont été confiées conjointement à la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire, à la police judiciaire de Versailles et à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
-
« Un acte incontestablement terroriste » selon Hollande
Mardi matin, François Hollande a dénoncé « un acte incontestablement terroriste », ajoutant que « la France est confrontée à une menace terroriste de très grande importance ». Une réunion a été convoquée à l’Elysée. De son côté, le premier ministre, Manuel Valls, a réagi mardi matin en exprimant la « solidarité de toute la nation aux policiers ».
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a fait part dans la nuit de son« infinie tristesse » et s’est rendu, mardi, au commissariat des Mureaux. Il est également attendu à Mantes-la-Jolie.
LEMONDE