Société

PROLIFERATION DES DAHIRAS, DES ASSOCIATIONS ET DES AMICALES A L'UCAD: Des chercheurs dénoncent


Mardi 26 Juillet 2011

Le panel sur le destin organisé par le club de philosophie, samedi, a été l'occasion pour des chercheurs de réfléchir sur comment les phénomènes étrangers à l'université ont carrément fini aujourd'hui par prendre le dessus sur la valeur première du milieu.


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Pour le professeur Ibrahima Sow, chercheur à l’Ifan, «il serait bien à l'université qu’il y ait une véritable vie de l’université». Les universitaires, précise-t-il, «sont des gens qui sont productifs de savoir. Ce sont des gens qui doivent être régis par la raison et non pas par des passions de secte ou cléricales». Amer contre ce qui se passe à l'université, il déplore la réédition des grandes confessions de la ville, «l'obscurantisme avec des dahiras qui n'en finissent pas». Le Pr regrette également que les étudiants passent leur temps «à faire des khassaïdes de gauche à droite, de midi à 14 heures, de 12 heures à 16 heures, que les filles de Claudel organisent des mbalax invitent les Youssou Ndour, les Viviane et autres», des «yala-yala» et «des gens de toutes les confessions confondues qui font du sabar de gauche à droite, qui tympanisent les gens». D'où son appel aux autorités universitaires et académiques à «sévir». Précisant qu'il n'est pas contre la présence des mosquées, des synagogues et autres lieux de prières à l'université, Pr Sow dit simplement déplorer la manière dont ces organisations empêchent les étudiants d’étudier. «On voit des files de gens qui font le madial, c'est trop», martèle-t-il. 
 
Pour permettre à l'université de retrouver sa vraie valeur, il prône le retour des tables rondes, des conférences, les revues, le journal universitaire et même une radio «pour parler de ce qui se passe au sein de l’Ucad». Mieux, il suggère la tenue des «assises nationales sur l’université». Rencontres auxquelles prendront part tous les acteurs concernés, les rectorats, les professeurs, les doyens, les étudiants, le gouvernement, «pour décider de ce que devra être l’université». 
 
Avec un brin de nostalgie, le parrain, Souleymane Diop, ancien proviseur du lycée Seydina Limamoulaye, se rappelle l'Ucad de son époque. «C’était une université qui avait un rayonnement africain. De nos temps, il y avait plus de non-Sénégalais que de Sénégalais. C’était une université prisée, qui avait de l’ordre». D'où sa déception : «je suis peiné en tant qu’ancien étudiant de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar de voir que les étudiants n’honorent plus leur parrain Cheikh Anta Diop qui est un modèle de savoir, de patriotisme et de travail». Pour Souleymane Diop, «l’université, c’est la raison, c’est la rationalité, c’est la droiture, c’est le travail, c’est le sérieux et la devise lux mea lex le montre et les étudiants doivent en prendre conscience». Ce qui fait dire à Simon Pierre Kantissan, président du club de philo : «maintenant, le culte de l’excellence ne fait plus le poids». 

La Rédaction