Déjà condamné pour terrorisme
Larossi Abballa avait déjà été condamné à trois ans de prison dont six mois avec sursis en 2013 pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes » dans le cadre du procès d’une filière d’acheminement de djihadistes vers les zones tribales pakistano-afghanes.
Mis en examen par les juges d’instruction antiterroristes Marc Trévidic et Nathalie Poux aux côtés de sept autres personnes originaires de la banlieue parisienne, Larossi Abballa était accusé d’avoir recruté des candidats, de les avoir endoctrinés et de s’être préparé physiquement avec eux pour aller mener le djihad dans la zone tribale entre le Pakistan et l’Afghanistan. Entre le 5 décembre 2010 et le 26 février 2011, les huit hommes s’étaient retrouvés régulièrement en fin de semaine pour s’entraîner physiquement dans les parcs de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et d’Argenteuil (Val-d’Oise).
Il était aussi récemment apparu dans le cadre d’une enquête ouverte, avec commission rogatoire internationale, sur un homme parti en Syrie. Après plusieurs mois d’enquête, Larossi Abballa était apparu dans le relationnel de cet homme, pris en compte par la police judiciaire. A l’époque, il n’avait pas été jugé menaçant par les enquêteurs.
D’après une source policière, Larossi Abballa faisait, en outre, l’objet de plusieurs fiches S (pour « sûreté de l’Etat ») établies par la DGSI et la SDAT. « C’est le cas de milliers de personnes en France et ce n’est pas une preuve de culpabilité », précise cette source policière.
Il s’est revendiqué de l’Etat islamique
Avant qu’il ne soit désactivé, le profil Facebook de Larossi Abballa donnait à voir son intérêt pour l’Etat islamique et la question du djihad. Deux de ses amis posent notamment avec des armes.
Selon nos informations, Larossi Abballa a commenté en direct sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter les assassinats qu’il a commis. D’après le journaliste David Thomson, spécialiste du djihad, le meurtrier présumé de 25 ans a ainsi posté « les photos de ses victimes », une vidéo de plus de treize minutes et un « long message de revendication » dans lequel il appellerait « à tuer les policiers, les gardiens de prison, les journalistes, les rappeurs ». Il citerait à cet effet « de nombreux noms ».
D’après David Thomson, Larossi Abballa a déclaré dans la vidéo qu’il a postée sur Facebook : « On a répondu favorablement à cheickh Adnani ». Abou Mohammed Al-Adnani, porte-parole de l’organisation Etat islamique, serait selon certaines analyses le véritable cerveau des attaques du 13 novembre. « L’euro sera un cimetière », dit encore Larossi Abballa.
Le groupe djihadiste a, de son côté, revendiqué le meurtre des deux policiers par l’entremise de son organe de communication, A’maq. La propagande de l’EI incite depuis de nombreux mois les candidats au djihad à commettre des attaques en France s’ils ne peuvent rejoindre le « califat ». Le 12 février 2015, Salim Benghalem, un des cadres français de l’EI, exhortait ainsi dans une vidéo ceux de ses « frères » qui ne pouvaient le rejoindre à devenir des « loups solitaires » et à combattre les mécréants : « Tuez-les avec des couteaux, crachez-leur au minimum à la figure, mais désavouez-vous d’eux ! »
LEMONDE