PREVENTION DU VIRUS EBOLA: L’OUVERTURE DES FRONTIÈRES DIVISE LES SÉNÉGALAIS
Vendredi 14 Novembre 2014
La question de l’ouverture ou non des frontières avec la Guinée est revenue, ces derniers jours, sur la table. Si le chef de l’Etat, suite à l’injonction de la Cedeao, a indiqué que cette ouverture se fera de façon progressive, les populations, elles, n’ont pas une position unanime sur la question.
Le Sénégal doit-il, oui ou non, rouvrir ses frontières terrestres avec la Guinée, l’un des pays les plus touchés par l’épidémie à virus Ebola après l’injonction de la Cedeao dans ce sens ? Ousseynou Sall n’y va pas avec le dos de la cuillère.
Sa réponse tombe sèche : « Non ! » Cet étudiant en Master dans un institut de formation de la place explique sa position : « Même si nos frontières sont poreuses et que les fermer n’est pas une garantie tout-risque, au moins cela permet de minimiser les dégâts. Jusque-là, cette mesure a porté ses fruits.
Donc, même sur la pression de la Cedeao, le Sénégal ne doit pas revenir sur sa décision », dé- taille-t-il. Comme lui, ils sont nombreux ceux qui estiment que la réouverture des frontières constitue un grand risque de voir l’épidémie se répandre au Sénégal.
L’apparition de cas de la maladie au Mali, un pays qui n’a pas fermé ses frontières avec La Guinée et où elle vient de faire trois victimes, la mise en quarantaine d’une cinquantaine de personnes, cette propagation donc ne fait que renforcer leur conviction que le Sénégal doit maintenir ses frontières fermées.
« Ce n’est pas du chauvinisme, mais chaque Etat a le devoir de protéger ses populations. C’est donc une question de sécurité. On a eu une alerte qu’on a bien gérée, et tout le monde a vu la psychose que cela avait créée. On ne veut pas revivre cette situation », plaide Pierre Diouf.
Selon cet enseignant, le maintien de cette mesure de fermeture est salutaire même si, comme Ousseynou, il estime qu’elle n’est pas une soupape de sécurité. Dès lors, il préconise le renforcement des mesures d’hygiène et de sensibilisation.
Relâchement dans le respect des mesures d’hygiène
Ces mesures d’hygiène, les Sénégalais avaient pris l’habitude de les respecter au lendemain de l’annonce du cas importé. Mais aux yeux de Dieynaba Fall, il y a un certain relâchement. Ce changement d’attitudes l’inquiète plus que l’éventualité d’une réouverture des frontières avec notre voisin du Sud.
« J’ai l’impression que mes compatriotes ont baissé la garde. On voit de moins en moins des actions de sensibilisation sur le terrain, les solutions hydro-alcooliques sont de plus en plus délaissées, comme si le Sénégal est immunisé contre Ebola. Je pense qu’il y a lieu de renforcer les actions de sensibilisation pour parer à toute éventualité », déclare-t-elle.
Mettant en avant sa fibre panafricaniste, Pape Abdou Sène estime que le gouvernement doit faire preuve de solidarité à l’égard du peuple guinéen qui ne mérite pas « cette mise en quarantaine généralisée ».
Selon lui, un système de contrôle renforcé aux frontières suffit pour minimiser toute propagation de la pandémie. « On ne peut pas isoler tout un pays, d’autant plus que nous partageons avec lui beaucoup de choses.
Il y a des relations historiques, Nous avons des familles de part et d’autres des deux frontières. Il faut lever cette mesure restrictive qui, à mon sens, est disproportionnée par rapport à la situation en Guinée », martèle-t-il.
SENEPLUS