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PRESIDENTIELLE EN FRANCE: Hollande nettement en tête au premier tour, selon un sondage Ipsos


Vendredi 20 Avril 2012

La loi est claire : passé minuit, le vendredi qui précède un scrutin, toute publication d'un sondage est interdite. Il en est ainsi depuis 2002. Auparavant, la trêve sondagière était plus longue : une semaine entière. Bien sûr, cela n'empêchait pas les sondeurs de travailler jusqu'au dernier jour. Mais la confidentialité était de mise. Et il était impensable, du temps où les prétendants à l'Elysée s'appelaient Giscard, Mitterrand, Barre ou Balladur, de débattre publiquement, à l'avant-veille d'une l'élection présidentielle, des dernières tendances de l'opinion.


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Cette époque est révolue. A J-2, il est désormais possible de publier  d'ultimes séries d'intentions de vote. Ce que nous faisons aujourd'hui en diffusant la dix-huitième vague du baromètre Ipsos-Logica Business Consulting. Réalisée par téléphone mercredi 18 et jeudi 19 avril auprès de 1021 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française en âge de voter, cette enquête effectuée pour Le Monde, Radio France et France  Télévisions confirme le statut de favori de François Hollande  au second tour. Et semble indiquer, dès le premier tour, un net décrochage de Nicolas Sarkozy.

GRANDE CONFUSION

Depuis la mi-mars, une grande confusion régnait. Nul n'était capable de dire  qui, de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy, arriverait en tête du premier tour. Le tassement du premier, parti de très haut, et la progression du second, venu de très bas, conduisit à ce fameux " croisement des courbes qu'Ipsos, plus tardivement que d'autres, acta dans la dernière semaine de mars.

Nous voici désormais dans une autre phase : encore au coude à coude mardi, à 27 % chacun, MM. Hollande et Sarkozy sont désormais à 3,5 points l'un de l'autre. Crédité de 29 % des voix, le candidat socialiste retrouve, sur le président sortant (25,5%), une avance qu'il avait perdue depuis les lendemains de l'entrée en campagne du chef de l'Etat.

Derrière eux, l'horizon s'éclaircit également quelque peu. Là encore, les dernières semaines avaient brouillé les lignes : Marine Le Pen  s'effritait, Jean-Luc Mélenchon progressait, et il était devenu bien difficile de savoir  qui des deux arriverait troisième. Aujourd'hui, les choses sont un peu plus claires : depuis début avril, la candidate du Front national  a gagné deux points, pour atteindre  aujourd'hui 16 % ; tandis que le candidat du Front de gauche stagne dans la zone des 14 %, quatre points devant François Bayrou.

Les chiffres d'Ipsos sont proches de ceux publiés par d'autres instituts au terme d'enquêtes réalisées, elles aussi, les 18 et 19 avril, même si les tendances ne sont pas forcément les mêmes. Chez BVA comme chez CSA, François Hollande devance Nicolas Sarkozy d'environ 3 points mais, dans le premier cas, leurs courbes s'écartent par rapport au début de la semaine, tandis que dans le second, elles se rapprochent. L'IFOP, de son côté, dans la dernière livraison de "rolling quotidien", continue de placer  le président sortant devant le candidat socialiste, décelant même une augmentation de l'écart entre les deux.

TASSEMENT ET DYNAMIQUE

La même observation vaut pour les autres candidats. Là encore, les chiffres d'Ipsos ne sont pas très différents de ceux des autres. Mais les évolutions ne sont pas forcément les mêmes : depuis le début de la semaine, CSA note un petit tassement de Mme Le Pen et de M. Mélenchon, alors que BVA enregistre une légère dynamique en faveur du second, et que l'IFOP constate une stagnation parfaite des deux.

Au vu de ces différences entre instituts, et compte tenu de la "sûreté de choix" des électeurs, des surprises sont possibles dimanche. Selon Ipsos, 17 % des électeurs "hésitent vraiment entre plusieurs candidats", et 11 % reconnaissent que, si leur décision est prise, celui-ci n'est pas définitif. C'est à droite que les choix sont les plus fermes : 84 % des électeurs de M. Sarkozy et 85 % de ceux de Mme Le Pen sont sûrs de ne pas changer  d'avis d'ici dimanche.

A la gauche de la gauche et au centre, les hésitants sont plus nombreux. Ils sont 40 % parmi les électeurs de M. Bayrou et 29 % parmi ceux de M. Mélenchon. Pour cette raison, les résultats de ces deux candidats peuvent être assez nettement différents de ceux dont ils sont crédités aujourd'hui. C'est également vrai, mais dans une moindre mesure, pour François Hollande, dont l'électorat compte 21 % d'indécis, selon Ipsos.

Toute la question, aujourd'hui, est évidemment de savoir  dans quelle mesure les chiffres de dimanche soir correspondront à ceux publiés aujourd'hui. La première chose que l'on peut dire  est qu'une surprise de type 2002 paraît tout à fait inenvisageable. A l'époque, 41 % des électeurs hésitaient encore le vendredi, soit 13 points de plus qu'aujourd'hui. En outre, l'écart entre Lionel Jospin  et Jean-Marie Le Pen était à l'époque d'un peu plus de 4 points. Aujourd'hui, le deuxième dans l'ordre d'arrivée est à une dizaine de points du troisième. L'affiche du second tour ne fait donc guère de doute.

AMPLEUR DE LA VICTOIRE

Ceci rappelé, les résultats de dimanche peuvent étonner. En 2007, la plupart des sondages publiés 72 heures avant le premier tour créditaient Nicolas Sarkozy d'environ 28 % des voix. Il obtint finalement 31,2 % des suffrages. Pour Jean-Marie Le Pen, ce fut l'inverse : le vendredi, le président du Front national était donné à environ 14 %. Il termina deux jours après à 10,4 %.

De tels écarts, qui tiennent à la fois aux marges d'erreur des enquêtes d'opinion et au fait que tous les électeurs sondés le mercredi ou le jeudi n'ont pas encore fait leur choix définitif, sont vite oubliés dans une élection comme celle de 2007, où la distance qui sépare les principaux candidats est telle que l'ordre d'arrivée a peu de chances de se trouver  bouleversé.

L'élection de cette année, de ce point de vue, se présente sous un jour paradoxal. Rarement, en effet, l'ordre d'arrivée n'a été aussi incertain. Qui de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy arrivera en tête ? Difficile à dire  même si les dernières tendances semblent plutôt donner  un avantage au premier. Qui de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon sera le "troisième homme" ? La réponse n'est guère plus évidente. Rien n'interdit, de même, d'imaginer  une poussée de dernière minute de François Bayrou, qui pourrait bénéficier du vote d'électeurs de centre droit heurtés par la chasse aux voix du FN opérée par M. Sarkozy.

Reste l'essentiel : un total des voix de gauche (46,5 %) au premier tour qui n'a jamais été aussi haut depuis 1981. Et des sondages de second tour inédits par l'ampleur de la victoire qu'ils semblent dessiner  : 56 % pour François Hollande, selon Ipsos. En 2007, les enquêtes effectuées à l'avant-veille du premier tour s'étaient révélées prémonitoires : moins d'un demi-point séparait les chiffres donnés ce jour-là par Ipsos, la Sofres et l'IFOP du résultat final de Nicolas Sarkozy (53,06 %).
LEMONDE.FR


Abdoul Aziz Diop