Opération anti-corruption au Burkina Faso: Les cadeaux de plus de 35.000 francs CFA interdits aux fonctionnaires
Les fonctionnaires du Burkina Faso où une loi anti-corruption adoptée en 2015 punit jusqu'à 20 ans d'emprisonnement les crimes économiques, ne doivent désormais plus accepter des cadeaux dont la valeur excède 35.000 francs CFA (53 euros), a annoncé jeudi le gouvernement.
"Si un agent reçoit un cadeau, un don et quelques autres avantages en nature de plus de 35.000 francs CFA, il tombe sous le coup de la loi", a précisé à la presse le ministre de la Justice, René Bagoro, rappelant les termes d'un décret pris mercredi en conseil des ministres.
Un autre décret statuant sur les "délits d'apparence" permet de confondre une personne au train de vie injustifiable. Il prévoit qu'au-delà d'un certain seuil, un agent public est tenu de rendre des comptes sur l'augmentation de son train de vie, sous peine de sanction.
"Si ce que vous avez comme avoir dépasse 5% de ce que vous devez posséder, vous tombez sous le coup de la loi sur le délit d'apparence", a indiqué M. Bagoro.
Ces décrets ont été pris en application de la loi anti-corruption votée par le Conseil national de la transition (CNT), mis en place après la chute du président Blaise Compaoré.
La loi anti-corruption criminalise les délits d'apparence et interdit les cadeaux aux agents de l'État dans un pays où les fonctionnaires reçoivent très souvent des dons et des cadeaux.
Le chef de l'État, des ministres ou des hauts fonctionnaires reçoivent généralement des dons en nature (boeufs, béliers, habits traditionnels de valeur) à chacune de leurs tournées dans le pays. Des usagers offrent aussi souvent des "cadeaux" et font des "dons" à des agents publics pour les inciter à faire avancer leurs dossiers.
Cette loi oblige également le chef de l'État, les membres du gouvernements, les députés, les maires, la haute hiérarchie militaire et tout haut fonctionnaire à faire la déclaration de leurs biens "30 jours" après leur entrée et fin de fonction.
Le président Roch Marc Christian Kaboré, élu en novembre 2015, a fait de la lutte contre la corruption une priorité.
AFP
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