OUSMANE FALL, LE DIPLOMATE SÉNÉGALAIS TABASSÉ EN TUNISIE, RACONTE SON AGRESSION: Un sale quart d'heure!
Les images sont violentes. Le procédé lâche. Et malheureusement, selon l'ambassadeur du Sénégal en Tunisie, ce genre de scènes où des policiers tabassent des hommes de couleur sont devenues récurrentes. Ousmane Fall, le deuxième conseiller chargé des affaires consulaires, culturelles, et des relations avec les citoyens de l'ambassade de la République du Sénégal en Tunisie, en a fait l'amère expérience. Il a été passé à tabac par des policiers à l'aéroport de Tunis, jeudi dernier. Il a raconté par le menu son agression au site “espacemanager.com”.
Ce jeudi 2 juillet, il s'est rendu à l'aéroport accompagné de son garçon de 3 ans et de sa nièce, qui devaient retourner au Sénégal. Pour se rendre à l'aéroport Tunis-Carthage, ils ont pris un taxi. Arrivés à destination, il a payé le chauffeur et s'est dirigé vers la malle pour en sortir les bagages. Mais le taximan l'a rejoint et lui a réclamé de l'argent, alors qu'il avait déjà payé la somme affichée par le taximètre. Ousmane a refusé de donner plus.
Le taximan s'est alors dirigé vers un policier pour se plaindre. Il lui a dit que son client ne voulait pas le payer, en omettant de dire qu'il l'avait déjà été. Le policier lui a demandé de le suivre au poste. Le deuxième conseiller a accepté, en prenant soin de faire entrer les bagages et sa nièce dans l'enceinte de l'aéroport.
"Quand je suis retourné voir le policier, il n'était plus tout seul. Il avait appelé deux de ses collègues. À hauteur du café situé sur le hall supérieur du terminal, j'ai pris mon téléphone pour appeler ma nièce, l'agent de police me dit : "Vas-y, appelle ton ambassade".
Je lui répondis que je n'avais pas besoin d'appeler l'ambassade, parce que je suis de l'ambassade. Réponse à laquelle il a réagi par une première insulte. Jugeant que je ne descendais pas assez vite les escaliers - je tenais par la main mon garçon qui m'avait accompagné à l'aéroport -, l'agent de police (celui vêtu d'une chemise de couleur bleue), m'a pris par la ceinture pour me tirer violemment vers le bas des marches, entraînant ainsi mon petit garçon dans une chute brutale."
"Un jeune étudiant est arrivé portant mon fils dans ses bras"
"C'est en cherchant à me redresser que je reçus un coup de pied au tibia droit, suivi d'insultes, toujours de la part du même agent. Plusieurs autres policiers se sont alors précipités sur les lieux, s'ajoutant aux trois premiers, pour s'adonner aux exactions", a raconté le diplomate. Il a été traîné vers les locaux de la police, son enfant abandonné par les policiers sur les marches de l'escalier.
"Dès mon arrivée devant les locaux de la police judiciaire, j'ai reçu plusieurs coups et insultes, principalement de la part de trois agents de police particulièrement violents dont celui qui portait un gilet de police de couleur blanche, et d'un agent d'âge avancé vêtu d'une chemise de couleur vert clair". C'est là, a raconté Ousmane Fall, que son fils était absent.
"J'ai demandé de ses nouvelles, et quelqu'un m'a lancé : il est avec ton ami. Je me suis précipité vers la porte, en criant : quel ami ? Je suis arrivé seul à l'aéroport. L'officier de police portant un gilet blanc m'a donné un violent coup à la poitrine et ensuite plusieurs coups à la figure, pendant que j'étais maintenu par un autre très corpulent qui m'insultait. Malgré cela, j'ai demandé plusieurs fois qu'ils envoient quelqu'un chercher mon petit garçon, sinon j'irai moi-même. Seule réponse obtenue : il est avec ton ami", a-t-il ajouté.
"Un jeune étudiant est arrivé portant mon fils dans ses bras. C'est à lui que, discrètement, j'ai indiqué le numéro d'appel de Son Excellence Madame l'Ambassadeur du Sénégal à Tunis pour l'informer de la situation. Durant plus d'une heure de temps, je suis resté menotté dans une pièce, mon fils sur mes genoux. Pendant ce temps, mes pièces d'identité, à savoir ma carte d'identité diplomatique et ma carte d'accès à la zone sous-douane et quelques cartes de visite étaient aux mains des éléments de la police qui disaient vérifier mon identité, malgré la présence d'un fonctionnaire du Ministère des Affaires Étrangères qui est de permanence au bureau de protocole de l'aéroport. Au bout de deux heures, deux parmi ces mêmes agents sont venus me notifier que j'avais frappé et insulté un officier de police, pour ensuite me remettre mon téléphone et mon portefeuille.... et me dire que j'étais libre de partir. Jusqu'au moment où j'ai quitté les locaux de la police, aucun procès-verbal ne m'a été lu. Ils m'ont libéré aux environs de 19h40", dit-il.
Le Sénégal a saisi le ministère des Affaires étrangères de Tunis
Mais, si on en croit l'ambassadrice du Sénégal en Tunisie Khady Tall Diagne, jointe par la Rfm, le Sénégal ne compte pas en rester là. ‘'J'ai saisi par note verbale le ministère des Affaires étrangères de Tunis, pour que cette affaire soit tirée au clair, en collaboration avec les services des Affaires étrangères du Sénégal''. Mme Diagne ajoute avoir pris des photos de son collaborateur qui s'est présenté à elle en piteux état : la lèvre fendue, les habits déchirés et présentant plusieurs blessures.
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