Faits Divers

OULIMATA SARR 18 ANS, ELEVE : «Je suis enceinte de mon père»


Dimanche 4 Septembre 2011

A croire que le destin s'est acharné sur Oulimata Sarr. A seulement 18 ans, elle traine une grossesse de plus de trois mois. L'auteur n'est autre que son géniteur Djadji Sarr, selon elle. Un père qui des années auparavant avait fait le même coup à sa mère. C'est avec peine qu’il s'est acquitté de leur subsistance avant de les abandonner à leur triste sort... Dans une chambre délabrée avec comme seuls meubles un vieux lit et une natte posé sur le sol. Sur cette natte, tête baissée, étouffant des sanglots, elle conte son chagrin, touchant parfois son petit ventre... Dans moins de sept mois, elle donnera naissance à son frère ou sa sœur...


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«Je m'appelle Oulimata Sarr. J'ai 18 ans. Je suis en classe de quatrième au lycée Maurice Guèye. Mon existence vient d'être troublée par un terrible drame. Depuis quelques années, j'ai l'habitude de me rendre régulièrement chez mon père Djadji à Fass pour chercher l'argent de ma pension alimentaire. La plupart du temps, je trouvais mon père seul dans sa chambre. Après lui avoir exposé le motif de ma visite, au lieu de me donner l'argent, il se mettait à m'importuner. Parfois, il allait loin, jusqu'à procéder à des attouchements sur moi. Il prenait sa main, l'introduisait dans mon sexe, me caressait et m'embrassait. Lorsque je le repoussais, il me forçait la main et me menaçait de ne pas me donner l'argent. Il en fut ainsi à plusieurs reprises. Je ne pouvais pas m'en ouvrir à ma mère, car j'avais honte. En plus de cela, il ne me donnait jamais les sous, il prétextait chaque fois quelque chose. N'empêche, ma mère me demandait tout le temps d'y aller.

«Il m'a fait boire une boisson et je me suis endormie»

Le mois de mai dernier, il a dépassé les bornés. Je me suis présentée dans sa chambre alors qu'il dormait encore. J'ai attendu qu'il se réveille pour lui exposer l'objet de ma visite. Ceci étant, il m'a répondu qu'il n'avait rien à me donner, avant de m'enlacer. Lorsque je l'ai repoussé, il a lâché du lest. Après s'être enduit le corps de pommade, il m'a tendu une canette de boisson qui était posée sur la coiffeuse et m'a intimé l'ordre de la boire. J'ai d'abord refusé avant de m'exécuter devant son insistance. Je me tenais debout près du lit et tout d'un coup je me suis senti mal à l'aise. J'avais la tête qui tournait. Je me suis alors assoupie sur le lit sans m'en rendre compte. A un moment donné mon père m'a réveillé et m'a demandé d'aller l'attendre au salon pour qu'il termine de s'habiller afin qu'on aille ensemble à la boutique prendre de l'argent. Une fois dans le salon, je me suis encore assoupie. Je n'étais plus moi-même et je ne sentais plus mes pieds. Je me suis levée et j'avais du mal à marcher. Apparemment, j'ai dormi longtemps parce que mon père n'était plus là. J'ai demandé après lui, on m'a dit qu'il était déjà parti et je suis donc rentrée chez moi. Lorsque je prenais un bain, je me suis rendue compte que je saignais un peu et j'avais ce que je croyais être des pertes blanches sur ma culotte. Loin de me douter de quoi que ce soit, j'ai tout juste pensé que c'était mes menstrues. J'ai mis une serviette hygiénique, mais lorsque je me suis réveillée le matin, les saignements avaient cessé et je me sentais mieux. Les mois qui ont suivi, je n’ai pas vu mes règles, mais je ne me doutais de rien, car j'avais l'habitude d'avoir des retards dans mon cycle. Samedi dernier (27 août), ma grand-mère a dit ma mère que ma corpulence avait beaucoup changée et que je devais certainement être enceinte. Une thèse que ma mère a aussitôt réfutée, avant d'appeler mon père pour lui en parler, au téléphone. C'était devant moi et elle me l'a même passé au bout du fil. Mon père m'a alors demandé de le retrouver devant une école pour qu'il puisse me conduire à l'hôpital pour une visite. Tous les deux, nous sommes allés dans une clinique. Il est entré et est ressorti pour me dire que le médecin chef n'était pas sur place, qu'il fallait revenir le lundi. Ce jour-là, je suis allée comme convenu le matin chercher mon père à son domicile. Toutefois, il ne m'a pas emmené à la clinique, mais au commissariat de Sicap Mbao où il travaille.

« J’ignorais que j’étais enceinte »

Nous y avons passé toute la journée pour ne rentrer qu'avant la rupture du jeûne. En chemin, il m'a demandé de dire à maman que nous avons bien été à la clinique, que j'ai passé une visite et que les résultats sortiront le lendemain. Avant même que je n'arrive chez ma mère, il l'avait déjà au téléphone pour lui répéter ce qu'il m'avait demandé de lui dire. Et donc, au petit matin, m'a mère m'a maman m'a demandé d'aller chercher les résultats avec mon papa. Lorsque je suis arrivée chez lui, il dormait encore. J'ai attendu jusqu'à son réveil dans la chambre de sa nièce. Je ne sais pas comment il s'est arrangé mais lorsqu'il sortait de la maison, je ne m'en suis pas rendue compte. Quand ma mère a voulu s'enquérir de la situation et l'a appelé au téléphone, il lui a dit qu'il ne m'a pas vu lorsqu'il sortait. Je suis alors rentrée à la maison et c'est seulement le lendemain qu'il m'a conduit dans un poste de santé. Sur place, j'ai effectué un test d'urine qui a conclu à une grossesse de près de trois mois. Mon père m'a demandé de rentrer avant de prévenir ma mère. Une fois à la maison, ma mère m'a pressé de questions. Elle me demandait si j'avais entretenu des rapports sexuels ou si j'avais un petit ami. J'ai répondu par la négative tout en maintenant que je n'étais pas enceinte. Elle a insisté et j'ai campé sur ma position parce que j'étais loin de m'imaginer que j'étais effectivement en état de grossesse. Elle est sortie et m'a laissé seule. Par la suite mon oncle m'a appelé pour me questionner à son tour et j'ai servi la même réponse. Ensuite, il a demandé à ma mère de me laisser me reposer jusqu'au lendemain et que peut-être j'allais retrouver mes esprits, car je versais de chaudes larmes. Mais ma mère n'a pas voulu l'écouter. Elle lui a rétorqué que je savais bel et bien ce qui m'était arrivé. C'est ainsi qu'une de mes tantes m'a appelé pour me poser elle aussi la même question. Et à force d'insister, j'ai raconté ce qui m'était arrivé à ma tante et mon oncle est parti rendre compte à ma maman. Ma mère est revenue à la charge en me posant encore des questions. Elle a ensuite appelé l’ainé de sa famille pour qu'il vienne écouter ce que je racontais. Elle a alors dit que si c'était la vérité, qu'elle allait traduire mon père en justice. C'est ainsi qu'on m'a encore conduite à l'hôpital Yousou Mbargane Diop pour des examens plus approfondis. Là-bas, on m'a fait une écographie et un test pour constater la perte ou non de l'hymen. Une certaine Mme Samb m'a consulté en me posant elle aussi beaucoup de questions avant de me donner un certificat attestant de mon état. J'ai par la suite reçu une injection et on m'a demandé de revenir le 27 prochain pour des analyses.

«Mon bébé sera mon frère ou ma sœur»

C'est ainsi que ma mère a déposé une plainte et j'ai été confronté à mon père devant les policiers. J'ai répété toute l'histoire devant lui et il a nié en disant qu'il n'imaginait pas une seule seconde me faire une chose pareille. Il est même allé jusqu'à dire que mes accusations sont montées de toutes pièces, qu'on m'a fait dire tout cela. Mais, je le dis et je le répète, personne ne m'a forcé à dire quoi que ce soit. Depuis la veille de la Korité, il est placé en garde à vue. Quant à moi, je ne peux que me résigner à vivre avec cette grossesse. Je suis sûr que mon père est l'auteur de ma grossesse, car je suis une jeune fille très casanière, je ne sors jamais, sinon pour me rendre chez mon père, je ne fréquente pas d'hommes. C'est ce fameux jour où je me suis endormie dans sa chambre qu'il a abusé de moi. Je compte mener ma grossesse jusqu'à terme. Même si cela va beaucoup m'affecter de devoir considérer mon futur bébé comme mon propre fils et comme mon propre frère ou sœur. Toutefois, je vais lui donner tout mon amour car il n'en est pour rien. Je ne me soucie pas du regard de nos voisins car ce qui m'arrive n'est pas de ma faute, mais celle de mon géniteur. Je suis élève et l’année prochaine je dois faire la quatrième. Ma mère me demande souvent si je suis prête à continuer les cours, mais pour le moment je ne sais pas quoi faire. Depuis ce drame, je ne dors plus à poings fermés. Je n'ai pas l'esprit tranquille. Je ne sais si j'arriverais un jour à lui pardonner ce qu'il m'a fait. Pour l'heure, je laisse tout entre les mains de ma mère, c'est elle qui va décider de la suite à donner à cette affaire. Même si c'est mon père, il a détruit mon existence... »

AMINATA DIOP, MERE DE LA VICTIME «Si j'avais été informée très tôt de la grossesse de ma fille, je l’aurais enlevée »

C'est une dame accablée, qui a encore du mal à réaliser ce qu'il arrive à sa fille unique. Sa Ouly Sarr, comme elle l'appelle affectueusement. Celle qu'elle regarde comme une enfant et qui s'est tragiquement retrouvée projetée dans la maturité, engrossée par son père. Celui-là même avec qui elle a consacré une partie de sa vie.
A l'âge de 23 ans, Aminata Diop s'est retrouvée enceinte des œuvres de ce bonhomme, ancien militaire et actuel indicateur de police. Même s'ils n'étaient pas dans les liens du mariage, elle décide quand même de porter sa grossesse à terme. Et sa fille devra faire de même, passer par là où elle est passée. Toutefois, regrette-t-elle, si elle avait été au courant plus tôt de l'état de sa fille, elle y aurait mis un terme sans le moindre scrupule. Mais hélas, c'est trop tard...
Loin d'être gâtée par le destin, Aminata a traversé des moments difficiles, sans le soutien de son amant, jusqu'à la naissance de sa Ouly. Armée de son courage, elle réussit à avoir une pension alimentaire de 8500 F, décidée par le tribunal que Djadji Sarr doit payer. Ce qui était loin de couvrir le quart de ses charges. Elle décide donc de trouver un travail de ménagère pour lequel elle est rémunérée mensuellement 20.000F Cfa. Elle se contente de ce peu pour nourrir, loger, blanchir et payer des études à sa fille. Djadji Sarr lui n'a rien trouvé de mieux à faire que de lui couper les vivres prétextant que la modique somme de 8500F Cfa est trop élevée. Prenant son mal en patience, elle introduit une requête devant le tribunal qui finit par réduire la pension à 7500F Cfa. Elle s'en contente jusqu'à la retraite de celui-ci, puis plus rien... Aminata Diop, décide de s'en remettre au bon Dieu et de ne plus lui forcer la main. N'empêche, quelquefois, elle envoie sa fille chercher un peu d'argent chez son père quand les vaches étaient vraiment maigres. Et celui-ci a profité de la situation pour abuser de leur fille. Pire encore, il lui a collé une grossesse. Durant tout le reste de son existence, elle devra vivre avec ce fardeau lourd pour ses frêles épaules. Mais pour l'heure, elle ne compte pas s'en arrêter là. La justice a été saisie de l'affaire et elle compte la suivre jusqu'au bout. Le père de sa fille devra répondre de ses actes quoi qu'il arrive.

Le père Djadji Sarr évoque une cabale
Du côté de Djadji Sarr, le présumé père incestueux, on évoque des relations tumultueuses entre les deux parents de la fille pour parler de cabale.
Surpris par l'accusation portées sur Djadji Sarr, du nom de ce père de famille qui croupit au commissariat de police de Rufisque pour des faits de viol incestueux, les proches du mis en causé n'ont cessé de ruminer leur colère. Eux aussi ont choisi de déballer pour contrer la «cabale» contre leur fils. Dans cette affaire, il y’a trois protagonistes : le père Djadji, la mère Aminata Diop et leur fille Ouli par qui le scandale est arrivé. Djadji et Aminata ont eu leur fille hors mariage. La garde de l'enfant a été néanmoins confiée à la dame qui s'est également battue de toutes ses forces jusqu'à obtenir l'octroi d'une allocation familiale. «Malgré tout, ils n'ont jamais été en bons termes. Et cela Aminata Diop a toujours juré de le faire payer au papa de sa fille » nous dit un proche de Djadji. Il en sera ainsi jusqu'à la date du 21 août dernier lorsqu’Aminata informe au téléphone Djadji Sarr de la grossesse que porte sa fille qui toujours, selon Aminata, aurait même été battue et menacée d'expulsion de la maison familiale située, au quartier Darou Salam de Rufisque. Très remonté contre sa fille après le coup de fil reçu de sa mère, Djadji, nous dit-on, l'a fait venir. Et malgré un interrogatoire serré, Ouli Sarr a nié devant son papa porter une quelconque grossesse. Elle est néanmoins conduite d'abord à la clinique Rada puis au poste de santé de Sicap Mbao. C'est dans cette dernière structure que le diagnostic a conclu à une grossesse. Un diagnostic qui rend furieux le père au point qu'il décide de conduire la fille au poste de police de Diamaguene Sicap Mbao pour l'obliger à dire l'auteur de cette grossesse. Hélas, il n'en sera rien, la fille ayant préféré s'enfermer dans le mutisme. Ce n'est qu'après son retour à Rufisque que Ouli Sarr a décidé de briser le silence en soutenant avoir été droguée puis violée par son père.
Pour la défense du père ses proches affirment que Djadji Sarr vit avec son épouse et ses cinq enfants au quartier Fass de Rufisque dans un local où aucun viol n'aurait pu avoir lieu sans attirer l'attention des voisins. Il s'y ajoute, selon les mêmes sources, que cette affaire qui recèle beaucoup de zones d'ombre n'a été portée à la police qu'après l'échec d'une tentative de règlement initiée par la mère de la fille. Ce qui fait que ce «viol incestueux» n'a pas encore livré tous ses secrets.

SOURCE : L’OBS MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU & ALASSANE HANNE

La Rédaction