Politique

Niasse - Tanor ou l’impossible compromis : Historique d’une sourde rivalité entre héritiers


Samedi 3 Décembre 2011

Du congrès sans débats qui a propulsé arbitrairement Ousmane Tanor Dieng à la tête du Ps au détriment de ses ‘frères’ aînés, en passant par la présidentielle de 2000 et celle de 2007, Moustapha Niasse et son ‘jeune frère’ se sont toujours livrés à une rivalité à mort sans en avoir l’air.Un duel à fleurets mouchetés qui a duré plusieurs décennies.Chacun saisissant toujours la moindre occasion pour solder ses comptes avec l’autre. Après Niasse en 2000, c’est Ousmane Tanor Dieng qui vient de prendre sa revanche ce jeudi.


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Ceux qui ont assisté ce jeudi au clash pour ne pas dire l’implosion de Bennoo Siggil Senegaal après l’impossible compromis retiennent juste le refus de Ousmane Tanor Dieng de se ranger derrière son aîné Moustapha Niasse. Mais les choses sont plus compliquées que cela. Même si le comité de facilitation qui était chargé de désigner le candidat de ‘l’unité et du rassemblement’ ne se limite qu’à cet argument destiné à la consommation populaire. En effet, entre Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, c’est une rivalité vieille de plusieurs décennies. Avant même que l’actuel secrétaire général du Parti socialiste ne succède à Abdou Diouf. L’actuel patron des socialistes est entré dans le parti de Senghor à l’âge de 34 ans, précisément en 1981 alors que son actuel rival avait fini de maîtriser toutes les leçons de l’école du parti. Resté longtemps sous l’ombre de Abdou Diouf, Ousmane Tanor Dieng ne sera véritablement connu du grand public que vers les années 90. Son ascension débute en 1996 à l’issue du fameux ‘congrès sans débat’ qui a vu Ousmane Tanor Dieng propulsé à la tête du Parti socialiste au grand dam de ses aînés qui lorgnaient pourtant le fauteuil. La suite est connue : Moustapha Niasse et Djibo Leïty Kâ entrent en rébellion contre cette décision ‘arbitraire’ et ‘injuste’ en gelant leurs activités dans le parti avant de claquer définitivement la porte pour aller fonder leur propre formation politique.
Depuis lors, Niasse et Djibo Kâ par formations politiques interposées, mènent la vie difficile à Ousmane Tanor Dieng sans en avoir l’air. Chacun l’attendant au tournant pour solder ses comptes avec lui et prouver qu’il ne méritait pas cette place de patron des socialistes. Et Niasse sera le premier à prendre sa revanche en décidant de soutenir le candidat Wade qui était en ballottage avec Abdou Diouf au second tour de la présidentielle de 2000. Avec ses 17 % obtenus au premier tour et reportés sur le score de Wade, Niasse parvient à envoyer Abdou Diouf à la retraite et le Parti socialiste dans l’opposition après 40 ans de pouvoir. Un épisode que Ousmane Tanor Dieng n’est pas prêt à oublier après seulement 11 ans.
Les sourires, poignées de mains et autres gentillesses que les deux frères ’ennemis’ échangeaient de temps en temps, à chaque fois qu’ils se retrouvaient chez le doyen Amath Dansokho pour les besoins de la conférence des leaders de Bennoo, n’étaient que maquillage. Et beaucoup de leaders de Bennoo, ou de simples observateurs de la scène politique étaient convaincus au moins d’une chose : l’implosion de cette coalition viendrait de la rivalité entre Niasse et Tanor. A juste raison.
Selon certaines sources, Ousmane Tanor Dieng était prêt à se ranger derrière Moustapha Niasse, mais ses militants ne lui ont pas laissé le choix. ‘Il est hors de question que Niasse qui a été le maître d’œuvre de la défaite du Parti socialiste en 2000, soit désigné pour être le candidat de Bennoo. Même si Tanor le voulait, les militants ne suivraient pas. Certains socialistes ne voteront jamais pour Moustapha Niasse’, confiait un membre du Bureau politique le 31 octobre dernier pour expliquer les raisons du blocage dans la désignation du candidat.
Mieux, dans un argumentaire plus doux, Ousmane Tanor Dieng expliquait, il y a quelques jours, pourquoi le candidat de l’unité et du rassemblement devait être issu du Ps. ‘C’est nous que Wade avait défaits en 2000, c’est à nous d’en découdre avec lui en 2012’. Son jeune camarade Barthélemy Dias embouchait la même trompette avec un langage plus cru : ‘Nous, nous avons été constants depuis 2000. Nous n’avons jamais travaillé avec Wade, même pas un jour’. Moustapha Niasse ne peut pas en dire autant.
S’y ajoute que, depuis la présidentielle de 2007 à l’issue de laquelle le Parti socialiste a obtenu 13 %, loin devant l’Afp avec 5 %, Ousmane Tanor Dieng n’a jamais vraiment considéré Moustapha Niasse comme le leader de l’opposition. Même si ce dernier se prenait comme tel, aidé en cela par une coalition de partis - la Ca 2007- qui parlaient et agissaient pour le compte du secrétaire général de l’Afp.
Georges Nesta DIOP
walf

La Rédaction